Le revolver Charter arms, une autre voie vers la simplification.

Nous verrons dans cet article les arbitrages qu’ont pris les concepteurs de la marque Charter arms pour produire leur modèle Undercover. Il s’agit d’un petit revolver de défense en calibre 38 (un grand classique). Je m’orienterai vers la simplification du mécanisme, de la poignée pistolet/pontet et de la carcasse en particulier. Avant d’aborder l’Undercover, nous ferons un petit retour en arrière pour voir l’évolution des carcasses de certains revolvers.

Le revolver Charter Arms.

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Un petit retour en arrière

Si l’on revient aux origines des revolvers, par exemple, en étudiant les vues éclatées ci-dessous, on pourra constater que, selon les époques, les moyens de production, les ressources disponibles…les choix des concepteurs ont évolués.

Les deux points important sont les différences de carcasse et de canon. Les barillets, les mécanismes de détente et de percussion ne changent quasi pas. Pour une période donnée, ils ont des formes très similaires.

Les canons octogonaux puis cylindriques filetés, ont  pris le dessus sur les canons possédant un renfort inférieur. Celui-ci servant pour les armes à carcasse ouverte a maintenir le barillet en place et à relier le canon à la carcasse. L’adoption des canons filetés sur la carcasse est aussi une simplification.

Les carcasses sont soit en une pièce (Remington 1858) soit composées de plusieurs petites pièces (Colt Paterson, Colt Navy 1851, Roger et Spencer, autres…). En divisant la pièce maitresse en deux, ou plus, on divise les risques de rebus d’une partie de l’arme ayant réclamée un nombre conséquent d’usinage et l’on crée des ouvertures qui autorisent l’accès  à certaines zones  inaccessibles auparavant  sans outillage complexe. Il devient alors plus rentable de produire des revolvers aux qualités équivalentes avec des outils de production plus simple. Les armes à carcasse ouverte, offrant moins de résistance, seront finalement abandonnées. On verra ci-dessous que Charter Arms utilise encore d’autres leviers pour optimiser la fabrication.

Vue de la carcasse et de sa poignée pistolet désolidarisée.

L’intérêt de l’arme qui a conduit à cet article est la poignée pistolet. Ce choix permet de diviser en deux la carcasse du revolver et de ne pas avoir de plaque de recouvrement latérale. Le revolver Roger et Spencer (1863-1865, 4° vue éclatée ci-dessus) est une version assez proche (du point de vue de la conception de la carcasse) de notre revolver Charter Arms. Le mécanisme Charter Arms est crée en 1964, environ 100 ans après le Roger et Spencer.

Des dispositifs sont venus compléter les premiers revolvers. La possibilité de double action, la sécurité à la percussion, le basculement du barillet, l’éjection des douilles, les organes de visée micrométrique, les poignées ergonomiques, les évents sur le canon, un rail de montage pour aide à la visée…. quelques soit les organes modernes ajoutés, on voit que certaines optimisations sont toujours d’actualité.

Le revolver Undercover de Charter Arms en 38 sp

Après renseignement pris auprès de l’entreprise, il semble que le canon a évolué dans le temps. Le modèle dont on parlera ici est antérieur à 1985. Le nouveau profil du canon inclus un logement pour la tige de l’extracteur. L’arme étudiée a donc plus de 32 ans. Je vous laisse juge de l’état de conservation.

Vous pourrez retrouver les divers modèles d’Undercover et les tarifs sur le site web du producteur en suivant ce lien : https://charterfirearms.com/collections/undercover

https://www.facebook.com/CharterFirearms/videos/699082223534352/

Cette vidéo, pour les amateurs de technique armurière, permet de voir dans quel environnement sont fabriqués les revolvers Charter Arms. Plusieurs vidéos sont disponibles sur la page Facebook de l’entreprise : https://www.facebook.com/CharterFirearms/

Charter Arms compte 42 employés.

Certaines pièces de l’Undercover sont produites par micro-fusion. C’est le levier supplémentaire dont se sert Charter Arms pour abaisser les coût de production et réduire les temps de fabrication. Ce n’est pas très surprenant lorsque l’on apprend que le fondateur de cette société (en 1964) Mr Douglas McClenahan est un ancien de Ruger. Cette autre firme utilise massivement ce procédé. L’undercover est le premier modèle de la marque. Il est composé de 48 pièces. Il a été fabriqué à ce jour à prés de 1,5 millions d’exemplaires. C’est à partir de cette base que sont formés d’autres modèles selon le calibre, la longueur de canon, la finition…

Grace à sa poignée caoutchouc, l’arme tombe très bien en main. Du moins dans la mienne car c’est une question de morphologie. Je la trouve bien équilibrée.

Caractéristiques :

  • Poids de l’arme : 590 grammes (barillet vide) ;
  • Longueur de l’arme : 197 millimètres ;
  • Epaisseur de l’arme (barillet) : 33 millimètres ;
  • Epaisseur au niveau de la poignée caoutchouc : 29 millimètres ;
  • Longueur du canon : 47,7 millimètres ;
  • Nombre de rayures : 8 rayures à gauche ;
  • Poids du départ en simple action : 2,8 kg / 3 kg ;
  • Poids du départ en double action : 4,3 kg / 4,5 kg ;

La poignée pistolet/pontet

La poignée / pontet seule.

Elle est fixée par trois points sur la carcasse. Une vis (3,5 mm) et deux goupilles (2,5 mm et 2 mm) la maintienne en place. La pièce à une épaisseur unique : 8 mm. C’est une pièce solide mais légère.

La granulométrie de la micro-fusion est très fine. Après le perçage des axes, la finition semble être l’étape suivant la micro-fusion.  Je ne serais pas surpris qu’ un simple polissage des pièces soit suffisant pour obtenir une pièce finie. Le polissage est très propre et très fin.

La jonction entre la carcasse et la poignée pistolet n’est pas très soignée, du moins pour le modèle que nous avons sous les yeux. L’écartement entre les deux pièces est par endroit très espacé. Voir les photos ci-dessus. Il serait intéressant de constater si sur les versions plus récentes le défaut a été pris en compte rt le jeu réduit.

La poignée pistolet sert de point d’appui au ressort récupérateur.

Elle est du type ’round butt’ (poignée arrondie sur le dos).

Cette pièce ne demande pas une grande précision. Ce n’est donc pas un problème si elle est obtenue par micro-fusion.

La carcasse

Elle aussi est tirée d’une ébauche obtenue par micro-fusion.

On voit au niveau de la table de tir l’aspect peau d’orange laissé par la micro-fusion. Juste la surface utile est polie. Soit l’appui du culot de la cartouche et l’appui de l’étoile du barillet. Cette surface est plus facile à polir car elle est en légère surépaisseur.

Il y a une entaille en angle droit qui selon moi sert de référence pour le positionnement sur les montages avant usinage.

L’intérieur est très épuré. Il n’y a pas d’usinage inutile. On est très loin des Colt ou Smith et Wesson cependant les fonctions sont les mêmes. Les usinages internes sont propres. Le constructeur n’a pas laissé ces surfaces brut de micro-fusion. Les usinages internes sont bien exécutés.

Le percuteur cylindrique est porté par la carcasse. Une goupille le retient dans son logement. Pour qu’il y ait percussion, il faut que la sécurité de percuteur soit en position haute, c’est à dire que le tireur presse la détente.

Le levier de déverrouillage du barillet est assez synthétique. Le poussoir est une pièce issue de micro-fusion.

Contrairement aux carcasses de revolver de marque Colt ou Smith et Wesson qui ont une plaque de recouvrement du mécanisme, le Charter Arms n’en a pas. C’est pour la marque un argument publicitaire qui, selon eux rendrait la carcasse plus robuste.

Le canon est vissé dans la carcasse. Voici quelques photos du logement du canon.

Le mécanisme

Le marteau est une pièce massive large et bien finie. Un trou est percé de part en part pour l’alléger. Ce qui lui donne une plus grande vitesse de percussion aussi. Le cran d’armé du marteau est bien défini, son arrête est vive.

La détente est produite par micro-fusion. L’élévateur de barillet et la sécurité de percuteur sont attelés à la détente. Ces deux pièces sont assez fines, elles semblent fragiles. La détente actionne aussi le verrou de barillet. On le voit dans son logement sur les photos ci-dessous.

L’axe de marteau est une petite vis qui comporte très peu de filets. Elle me semble inadaptée.

La vis d’axe de marteau.

Le ressort de marteau est un ressort hélicoïdal. Bien que souple, il s’additionne avec la masse du marteau. La percussion est franche.

Le mécanisme est agréable à manœuvrer en simple et en double action. On ne ressent pas de point dur. “Ca ne gratte pas non plus”.

Le barrillet

Je ne m’attarderai pas trop sur le barillet, il est assez classique. La pièce est bien finie. Cette pièce ne semble pas venir de micro-fusion ou du moins, elle n’en porte pas les traces.

Il serait intéressant de savoir si l’entreprise produit toutes ses pièces elle même ou si elle sous traite certaine fabrication. Il faut de nombreuses opérations d’usinage pour produire un barillet. Ca peut être plus rentable de le sous-traiter si l’on a un fournisseur pérenne et sérieux à proximité.

Le barillet n’est pas aisé à démonter complètement. Une vidéo en ligne est consultable sur la page Facebook de l’entreprise. La difficulté réside dans le fait de devoir retirer une petite goupille se trouvant dans l’axe central. Avec trois mains se serait plus simple.

La lettre L est frappé sur la face arrière du barillet. La même lettre est également frappé sous le canon.

La longueur du barillet est 38,5 mm. Son diamètre : 33 mm.

Le pivot du barrillet provient de micro-fusion. Il semble être en deux parties. Comment ces deux pièces sont assemblées : vissées, en force à la presse, collées…? Quelle est la durée de vie de cet assemblage. Un torture test complété par le retour d’expérience du SAV pourrait affiner la réponse.

Sur d’autres modèles de marque prestigieuse, cette pièce est beaucoup plus compliquée.

Le canon

Le canon mesure : 47,7 mm.

Il a 8 rayures qui tournent à gauche. Le profil externe est cylindro-conique.

Il est vissé sur la carcasse. Le filetage est de : 12,7 mm x 28 filets au pouce.

Je n’ai pas trouvé de trace de colle sur le filetage. Le canon est juste serré au couple. Par manque de temps pour me confectionner un outillage plus adapté, je n’ai pas pu définir ce dernier.

Les éléments de visée

Revolver Charter Arms Undercover, la hausse fixe.

En bonne arme de défense, les éléments de visée sont fixes. La hausse est taillée dans la carcasse.

Le revolver Charter Arms Undercover, le guidon.

Le guidon est rapporté sur un canon cylindro-conique. Dans la version d’après 1985, le canon est plus complexe. Il possède un logement qui protège la tige de l’extracteur.

Le marketing

Dans un marché concurrentiel, il peut être essentiel d’avoir une politique d’accompagnement du consommateur.

Les revolvers Charter Arms sont garantis à vie. Vous trouverez ci-dessous la philosophie de la maison.

Conclusion

J’ai pris le parti de lier cet article au passé en prenant pied à l’origine des revolvers. Cela, je pense, a permis de se rappeler qu’il existe un fil conducteur ponctué par  les avancées technologiques, les ressources disponibles, les choix des constructeurs…les goûts des consommateurs. Même à l’heure des commandes numériques alors que de nombreuses opérations restent manuelles, les fabricants modernes cherchent a simplifier leur production. D’où l’intérêt du saut dans le passé et de la recherche de liens.

Depuis l’apparition des pistolets automatiques compactes, fiables, de grande capacité, on pourrait se demander, au jour ou j’écris cet article, à quoi cela sert de concevoir et de construire des revolvers. Que ce soit par choix personnel ou qu’ils soient profondément ancré dans l’inconscient collectif, les revolvers ont existé à travers plein d’évènement marquant et rustique. Si ils ont traversé des temps parfois troublés c’est qu’ils en avaient les capacité techniques et que peut être il n’y avait pas d’autres outils adaptés disponibles. Voir les articles : https://gunsmithdesigner.com/index.php/2016/07/25/revolver-mas-mle-1892-evolution-de-la-conception-armuriere/ et https://gunsmithdesigner.com/index.php/2016/08/07/comparatif_calibre_ammo_8-mm_1892_765browning_32acp/

La firme Charter Arms est peu connue en France.  Comme d’autres, elle doit vendre pour exister et est donc condamnés à proposer sa production sur un marché américain très concurrentiel. De nombreux critères entrent en compétition pour le choix d’une arme compacte. Le prix est un des critères important. Cela implique de diminuer le temps passé sur chaque arme, d’optimiser l’outil de production, de réduire tous les achats, de réduire le nombre de pièces, de diminuer le nombre d’employés, d’externaliser certaines tâches, de développer une gamme d’accessoires pour compenser le faible rendement d’une arme. Le mécanisme Undercover est un exemple de tout cela. Il emploi des procédés de fabrications certes rapides mais très bien maitrisé. Est ce un tort ?

L’Undercover n’est pas dénué d’atout. Bien que cette version soit ancienne, elle a très bien traversée les temps. C’est je pense, une preuve de sa bonne conception et bonne réalisation.

Dans sa catégorie, l’Undercover est plûtot bien fini. Il faudrait  voir dans le temps comment se comportent les multiples simplifications. Certaines vidéos sont en ligne et permettent de mieux appréhender divers problèmes qui surviendrait après achat.

Bien que je n’ai pas eu toutes les réponses à mes questions, je souhaiterais remercier Mme Ashley Eckert, de la société Charter Arms, qui a répondu à quelques unes d’entre elles. C’est toujours difficile d’obtenir des informations techniques, la propriété industrielle se heurte à la diffusion au publique. La propagation de connaissances techniques sur l’armement est la raison de l’ouverture du site Gunsmithdesigner.com.

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Un Lebel 1886 à Kaboul

On dit souvent qu’une arme a plusieurs vies et par conséquent que le passé peu resurgir. Le présent article a pour but de faire resurgir un objet du passé et de porter à la connaissance des amoureux et des historiens de l’armement les photos d’une arme française retrouvée à Kaboul.

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Historique de cette arme

Il m’est impossible de narrer ici l’historique complet de l’arme depuis la sortie de sa manufacture jusqu’à Kaboul. En revanche, j’apporterai ici ma modeste contribution et donnerai aux historiens la possibilité d’accéder à cette arme en leur fournissant les photos ci-dessous. A eux d’en déduire ce qu’ils voudront au regard de leurs connaissances de l’histoire de la manufacture, du modèle d’arme considéré et de l’exploitation des divers numéros de série.

Si un spécialiste éclairé possède des données sur cette arme ou sa série (date de sortie d’usine, régiment d’affectation…), je serais ravi de relayer ces informations en étendant le présent article ou via un autre article.

La gendarmerie nationale a été projetée en Afghanistan en tant que force devant former et encadrer la police Afghane. J’ignore dans quel cadre une arme de tradition a été achetée par la gendarmerie ou donnée à cette dernière.  Cependant il se trouvait, dans les couloirs de l’état-major de la gendarmerie à Kaboul, un fusil Lebel modèle 1886. Il n’est pas impossible que cette arme ait été achetée à une échoppe du marché afghan du camp international de Warehouse à Kaboul. Ci-dessous, trois photos issues de la seule échoppe vendant ce type de produit en 2012.

Vous aurez peut être remarqué, sur la première photo, au mur, un autre Lebel 1886.

Ci-dessous, vous trouverez les photos de celui du commandement de la gendarmerie à Kaboul.

La carcasse, la boite de culasse

Nous avons vu dans un précédent article sur le revolver 1892 (lien vers l’article) la qualité des fabrications françaises de cette époque. Ici encore, il est très aisé de s’en apercevoir. On est bien loin des fabrications modernes ou tout est optimisé, les pièces très simplifiées sont fabriquées par des machines commandées par ordinateur et ou les bois sont remplacés par du plastique moulé. On est ici dans un autre monde ou les pièces passent d’opération en opération, de main de spécialistes vers les mains d’un autre spécialiste.

Provenant probablement de l’influence des armes américaines sur le vieux continent, l’alimentation du Lebel 1886 se fait via un magasin tubulaire qui se trouve sous le canon. Sans le savoir les arbitrages qui ont été fait font parti du passé. Dans peu de temps apparaitra le fusil Mauser et son magasin à pile imbriquée et un peu plus tard le fusil Lee enfield et son magasin à pile imbriquée amovible. Le fusil français et anglais utilise des munitions à bourrelet, les allemands une munition à gorge. Le futur standard sera la munition à gorge.

Vue des composants de la munition de 8 mm Lebel.

Le choix de cette munition très conique et à bourrelet va figer dans un certain passéisme l’armement français de cette période jusqu’aux années 1940. Il n’est pas facile de modifier un mécanisme Lebel pour l’adapter à une munition à gorge. Et à quoi bon le faire puisque son principe d’alimentation est dépassé.

Une version modifiée acceptera la cartouche de 7,5 mm x  54 mm.

La culasse

La forme de la culasse est très proche de celle du Chassepot et du Gras. Il y a comme un lien de parenté, une filiation très clair entre les trois pièces. Est ce une volonté de réemployer l’outil de production,  de limiter la formation des soldats et des ouvriers, ou une résistance au changement. Cet héritage sera repris sur le fusil Berthier.

Dans un prochain article, en cours de rédaction,  on pourra voir les liens de filiation qui existe dans l’histoire de l’armement français entre divers modèles. Ce lien ne concerne pas seulement les armes longues.

La platine, le pontet

Le mécanisme de détente et d’alimentation est complet et en parfait état. Il n’y a aucune trace d’oxydation.

On ne peut pas dire ici non plus que les ingénieurs aient minimisés leurs recherches et leurs ressources. Ce mécanisme est complexe, d’avantage selon moi que les armes américaines dont il est inspiré.

Je ne peux voir cet ensemble sans me poser cette question : Comment cette complexité s’est elle comportée dans la boue des tranchées de la première guerre mondiale, dans le sable d’Afrique du nord ou sous les contraintes des forêts tropicales d’Asie ou d’Afrique centrale?  Comment peut on imaginer que tout fonctionne correctement avec quelques résidus de terre projetés par les bombardements ou le fait de se jeter au sol et de ramper ? Comment nettoyer réellement un mécanisme pareil ? C’est une véritable énigme.

Quelle était la périodicité des contrôles des armuriers régimentaires sous les contraintes citées ci-dessus? Est ce que le servant avait l’autorisation de désolidariser le mécanisme de détente de la boite de culasse pour très correctement nettoyer et graisser les pièces. Toutes les personnes ne sont pas agiles de leurs mains. Combien de temps était consacré à la formation des soldats?

Les éléments de visée

La crosse

La crosse est en deux parties. Ça peut paraitre étonnant mais il s’agit d’une innovation qui a parfois été décriée. Certain contradicteur trouvant cela plus fragile. La crosse selon eux devant se casser plus facilement en cas de sollicitation.

Le bois est très sain. Il n’est ni cassé ni pourri.

Les marquages

Un marquage me choque, il ne me semble pas d’origine. Les trois derniers chiffre de la date de 1889 semble ne pas avoir la même typographie et sont à mon avis beaucoup plus net. De plus, l’arrête vive du canon produite par la réduction du diamètre externe semble un peu avachie. Les trois derniers numéros ont ils été limés et refrappés ?

Une fois de plus, si un amateur éclairé possède des informations sur le sujet …par exemple en comparant le numéro de série et la manufacture avec cette date de 1889, je suis preneur et publierais volontiers le résultat. Je ne serais pas surpris que ce ne soit pas la bonne date.

Conclusion

Le Lebel 1886 sur son présentoir dans les couloirs du COMGEND Kaboul (année 2012).

Il est particulièrement intéressant de voir l’état de conservation de cette arme. Je n’ai malheureusement pas pu tester la feuillure ce qui aurait été utile pour définir le degré d’usure interne. N’étant pas certain que la culasse est la bonne, ce contrôle aurait été aléatoire mais aurait donné d’autres données.

Quelle est la probabilité que cette arme puisse nous arriver dans cet état après tant de vicissitudes et de hasards. Pour en plus, qu’elle finisse entre les mains de français en poste à Kaboul. L’Afghanistan n’est pas vraiment la zone d’influence historique de la France, la probabilité que des soldats français soit projetés dans cette zone est aussi une occasion rare.

Au départ des forces de gendarmerie d’Afghanistan, l’arme est revenue en France parmi les caisses de matériels, les véhicules et les paquetages des militaires. Elle se trouve aujourd’hui dans un musée et est un morceau d’histoire de France et d’Afghanistan mêlé. Ce fusil est revenu dans le patrimoine Français après quelques décennies d’un détour que l’on aurait pu croire sans retour.

Une nouvelle vie commence pour notre Lebel 1886. Le dicton est bien vrai une arme a plusieurs vies. C’est d’autant plus vrai si la fabrication est de qualité et l’entretien régulier.

C’est à notre génération de former les armuriers de demain qui prendront soin du patrimoine d’hier et construiront celui du futur.

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Winchester 94, démontage et remontage du canon

Aujourd’hui, nous allons nous réunir autour d’une carabine Winchester 94. Cette arme est très connue et tout aussi répandue. Elle a été fabriquée à bon nombre d’exemplaire et fait partie d’un certain paysage. Cependant, il y a des informations qui sont peu documentées. Par exemple : quel est le mode d’assemblage du canon sur la carcasse ? Comment démonter le canon d’une Winchester 94 ? Comment monter un canon ? S’il est vissé, quel est le couple de serrage ? Le canon est il collé, goupillé ? …

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Quel mode d’assemblage du canon sur la carcasse

Comme il est dit ci-dessus, il est possible de maintenir le canon sur la carcasse d’une arme (ou la boite de culasse) de plusieurs façons (canon vissé, fretté, goupillé, soudé…). Il n’est pas toujours évident de déterminer quel mode a été choisi lorsque l’arme est assemblée. Vous trouverez ci-dessous un ensemble de photo, je vous laisse le soin de découvrir le moyen utilisé pour lier le canon et la carcasse.

En ce qui concerne le canon de l’arme qui nous réunie ce jour, il est vissé sur la boite de culasse. Le sens de vissage est standard : à gauche. Le diamètre de base du filetage est :  20,5 mm. Le pas du filetage est : 20 filets par pouce. Pas de trace de frein filet, pas de goupille ni de vis de maintien en place. Seul le couple de serrage assure ce maintien. Les informations ont été obtenues après démontage.

Par manque d’accès aux normes de fabrication du producteur, il serait intéressant de démonter toute sorte de carabines Winchester pour en déterminer des données statistiques et répondre aux questions suivantes : le diamètre et le pas sont ils identiques pour une arme de calibre autre ? A partir de quel calibre, sur quels modèles les dimensions du filetage ou le couple changent ?

Avant toute manipulation sur une arme, assurez vous quelle n’est pas chargée, respectez les règles de sécurité.

Quel outillage ?

Il est possible de dévisser le canon avec un outillage très sommaire (un étau et une clé plate par exemple). Cependant si l’on désire obtenir un rendu de bonne qualité, collecter des informations et ne pas laisser de traces, l’outillage doit être adapté. Ce dernier (pour le démontage d’un canon sur une Winchester) est peut être disponible à l’achat mais il sera probablement nécessaire de le créer. A ce jour, je n’ai jamais trouvé en catalogue de montage dédié au démontage de la carabine Winchester. Ce n’est pas une opération très courante sur cette arme contrairement aux carabines Mauser, Remington 700 …aux carabines à verrou en général.

Les principales qualités de cette outillage doivent être :

  • De ne pas abimer le canon ;
  • De ne pas fausser la carcasse ;
  • De protéger le bronzage d’origine des pièces ;
  • D’avoir un montage rigide adapté au canon de l’arme, fixé sans jeu sur un support qui ne bouge pas non plus ;
  • D’avoir un montage rigide adapté à la carcasse ou boite de culasse fixé sans jeu sur celle-ci ;
  • Une clé dynamométrique (si l’on souhaite quantifier le couple) ;
  • Un bras de levier pour démultiplier la force (si nécessaire).

Le matériel pour le démontage de la Winchester 94 :

Winchester 94, les outils pour le démontage du canon.

Winchester 94 et une partie des outils avant démontage.

  • Le montage coté boite de culasse pince la carcasse par les flans. Le carré de la clé se trouve au plus près de l’axe du canon pour déterminer le plus correctement possible le couple de serrage ;

  • Le montage coté canon. On utilise ici l’étau d’une fraiseuse. Ces machines sont lourdes et rigides : c’est justement ce que nous recherchons. On utilise un mors en V en alu d’un coté et de l’autre le mors plat de l’étau de la fraiseuse. On fait correspondre le méplat du dessous de canon avec le mors plat ;

Winchester 94, montage coté canon.

Winchester 94, le canon est tenu fermement avant démontage.

  • La clé dynamométrique. Le choix s’est porté sur une clé dynamométrique de marque Wurth. Le carré fait 1/2 pouce de coté. L’éventail de la force testable est compris entre 60 et 300 N.m ;

J’ai pris le parti de fixer fortement le canon et de déserrer la carcasse. On aurait pu envisager l’inverse. C’est à vous de voir selon vos possibilités et ressources.

Sur la Winchester 94, il faut faire attention à ouvrir légèrement la culasse avant démontage du canon. La raison est que si on laisse la culasse verrouillée, l’extracteur est présent dans son logement, c’est à dire dans le canon. Donc si l’on tente de désolidariser le canon dans ce cas, on risque de détériorer l’extracteur, la culasse, le canon. Autant dire que c’est important d’ouvrir la culasse de quelques millimètres.

Déterminer le couple de serrage lors du démontage du canon.

Pour cela, on va s’aider d’une méthode empirique et d’une clé dynamométrique. Commencez par fixer solidement le canon sur un support rigide et l’interface clé dynamométrique / boite de culasse sur l’arme. Comme vu précédemment.

Avant de commencer le déserrage, choisir une valeur de clé dynamométrique très inférieure à la force estimée (60 Nm, par exemple) et tenter de dévisser le canon. Si vous avez choisi une force inférieure, la clé va se déclencher avant que le canon ne se dévisse. Pour l’instant, c’est ce que nous recherchons.

On relâche l’effort sur la clé, on prend un réglage plus fort de x Newton/mètre et on recommence. Il faut prendre des valeurs relativement rapprochées afin d’être précis. En ce qui me concerne, j’ai fait des sauts de 10 Newton/mètre à chaque essais. Une fois 120 Newton/mètre atteint, le canon s’est dévissé sans provoquer le déclenchement de la clé.

Vu du cadran de la clé dynamométrique : 120 Nm

Le canon démonté

Une fois le canon séparé de la boite de culasse, nettoyer le filetage du canon et de la boite de culasse, puis :

  • Inspecter les pièces ;
  • Rechercher toute présence de bavure ;
  • Recherche de corps étranger ;
  • Les filetages, mâle ou femelle, sont ils abimés ;
  • Etat de la boite de culasse, présence de fissure, déformation ;
  • Vérifier l’état de la chambre et de l’âme du canon.

Ci-dessous quelques photos du canon démonté.

Si la culasse est fermée au desserrage

Voici quelques photos de ce qu’il se produit lorsque la culasse est en position avant au deserrage.

On voit sur les photos ci-dessous la déformation du logement de l’extracteur.

La petite bavure provoquée par l’extracteur sur le canon peut, selon son ampleur, toucher le filetage de la boite de culasse. Les photos ci-dessous montrent le résultat. Dans notre exemple, oui, la déformation est suffisante pour toucher le filetage du canon.

Je n’ai pas démonté l’extracteur suite à cet exercice. C’est surprenant mais l’extracteur ne semble pas abimé.  Je suis étonné.

Le remontage du canon

Après inspection et nettoyage des pièces, revisser le canon à la main. Si vous observez une dureté, désolidariser l’ensemble et inspecter les pièces.

Le remontage : même opérations en sens inverse :

  • Prévisser le canon à la main ;
  • Si point dur, stopper le vissage et inspecter les pièces ;
  • Positionner le canon dans son mandrin ;
  • Fixer le montage sur la carcasse en glissant des protections (carton) entre la carcasse et le montage ;
  • Placer le carré de la clé sur l’interface ;
  • Serrer la boite de culasse sur le canon à l’aide de la clé dynamométrique ;
  • Au déclenchement de la clé à 120 Nm, stopper l’effort ;

A plusieurs reprises, j’ai déserré et resserré le canon sur la boite de culasse  pour tester une éventuelle erreur d’alignement de l’emplacement du logement de l’extracteur sur le canon par rapport à l’emplacement de l’extracteur dans la boite de culasse. A chaque fois, ce dernier est parfaitement centré dans son logement. Les éléments de visée son correctement alignés par rapport à la boite de culasse.

Conclusion

Cette méthode a permis de trouver le couple de serrage du canon sur la boite de culasse, de démonter un canon sans chocs, de le remettre en place proprement en utilisant le même couple de serrage, de réaliser et tester une interface peu trouvable dans le commerce.

Pour étendre l’étude de cette question, il serait intéressant de procéder au même mode opératoire sur diverses armes de même type ou de divers calibres pour en déduire des données statistiques.

Les données fournies ici ont été obtenues en exploitant une arme  sur le panel très vaste de celle de même type fabriquées à ce jour. Sachant que les normes de fabrication on pu évoluées, il ne faut pas s’attendre à trouver exactement les mêmes valeurs (d’où l’intérêt d’en démonter plusieurs et d’interpréter les résultats). En conséquence, le site Gunsmith designer n’est pas responsable des dommages qui peuvent être occasionnés sur une arme suite à l’essai de cette méthode. Si vous ne disposez pas de l’outillage ou des compétences nécessaires : adressez vous à un professionnel …et toujours….

Respecter les règles de  sécurité !!!

A des fins statistiques, si vous devez démonter, remonter et/ou remplacer le canon  d’une Winchester 1894, n’hésitez pas à me contacter .

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