Le PA MAS G1S 2/2

Nous avons déjà vu dans un premier article consacré au pistolet automatique MAS G1 S (à lire ici : article) une partie des fonctionnalités de l’arme.

On continuera à travers ce second volet d’étudier le restant des fonctionnalités et sécurités puis l’on détaillera les pièces maitresses qui sont les supports de ces dernières et la façade commerciale du produit.

Le mécanisme simple action

Il s’obtient en armant à la main le marteau ou après un tir en double action lorsque le marteau reste sur son cran d’armé simple action.

Le marteau en pivotant en arrière autour de son axe, passe les divers cran de sécurité et reste à l’armé sur le cran d’armé simple action (le deuxième cran).

En fin de course, le marteau est maintenu en position arrière par la gâchette. Le ressort de percuteur est comprimé.

Selon le manuel, l’effort de détente en simple action est inclus entre : 2 kg et 2,9 kg.

Le mécanisme double action

Bien que les fonctions soient quasi identiques entre le P38/P1 et le MAS G1S et que les deux mécanismes soient très proches, le marteau est différent.

En effet, le marteau du MAS G1 S n’est pas inspiré d’un marteau de revolver. La pièce du MAS G1 S est monobloc, il ne possède pas de pièce additionnel.

L’effort de détente est inclus entre : 5,5 kg et 6 kg.

Les suretés de l’arme

Le PA MAS G1S ne possède pas de sûreté manuelle. C’est la différence entre ce dernier et le Beretta 92 FS.

Lorsque l’on abaisse le levier de sécurité sur le Beretta 92 FS cela libère le marteau comme sur le MAS G1 S mais le levier reste en position basse.

Sur le MAS G1 S, si l’on abaisse le levier d’armement, le marteau est libéré mais lorsque l’on relâche le levier, il reprend sa place d’origine : en position haute.

Les sécurités de l’arme

Le cran de sécurité du marteau

Lors de l’armé manuel du marteau, si le tireur laisse échapper accidentellement celui-ci, le marteau est limité dans sa course vers l’avant  par le cran de sécurité du marteau.

La sécurité du percuteur

Elle assure la sécurité au choc. Le percuteur est immobilisé vers l’avant, tout choc violent sur le marteau à l’abattu ne pourra déplacer le percuteur.

La culasse de sécurité

Dans le cas d’une fermeture incomplète et d’un décrochage accidentel du marteau celui-ci vient frapper la face postérieure de la culasse

La sécurité au verrouillage

En position basse, la barrette n’est plus en contact avec le marteau et la gâchette. La relation détente-marteau est rompue.

La Modification du MAS G1 en MAS G1 S

Bien que la liste des fonctionnalités et des sécurités que nous avons détaillé (à travers ces deux articles) soit longue, elle ne couvre pas tous les cas possibles. Le PA MAS G1 n’est pas exempt de défaut. L’arme a été modifiée après livraison.

En effet, peu de temps après la livraison des armes aux forces de gendarmerie, des fissures sont apparues dans les affectations tirant le plus : les écoles de gendarmerie. Les fissures partant des angles des logements droit et gauche du verrou finissaient par casser la culasse en deux. Dit autrement, un morceau part en avant poussé par le ressort récupérateur et un autre en arrière sous l’effet des gaz de combustion (pour parfois atteindre le visage du tireur).

La modification est simple mais lourde de conséquence. Celle-ci n’a pas été opérée par les armuriers de la gendarmerie mais par le constructeur : GIAT industrie.

Le PA MAS G1 a du être retiré du service momentanément pour être remplacé par son prédécesseur le PA MAC 50.

Les modifications ont consisté en l’usinage du dessous de la culasse, l’ajout d’un axe de marteau à tête large, l’usinage ou le remplacement de la plaquette de crosse gauche.

Qu’est ce qui change ? En cas de bris de la culasse, cette dernière est arrêtée dans sa course arrière par la tête de l’axe de marteau. On peut voir sur la photo ci-dessous que la tête de l’axe de marteau entre dans la culasse. En cas de casse, l’axe de marteau devient la butée de la culasse.

Il est à noter que la modification ne vise pas à stopper l’apparition de fissure sur la culasse mais à empêcher que l’arrière de la culasse cassée ne blesse le tireur ou une autre personne.

Comme sur beaucoup de pistolet automatique, il est souhaitable de faire de la maintenance préventive en remplaçant le ressort récupérateur régulièrement. Vous pouvez, éventuellement, utiliser un shock buffer, c’est à dire un amortisseur en fin de course de la culasse pour limiter les chocs de la culasse sur la carcasse.

Le verrouillage culasse/carcasse/canon

Comme sur le P38, le verrouillage se fait via une pièce (le verrou) qui se déplace de haut en bas alors que le canon et la culasse se déplacent d’avant en arrière. Pour parfaire la compréhension, vous trouverez ci-dessous une série de photos montrant les différents mouvements du canon sur la carcasse.

La course du canon dans son logement est décomposée comme suit :

L’espace qui sépare l’embase du canon de la carcasse : 8,5 mm (photo 1).

Fin de la course de garde à : 4,5 mm. La course de garde est de : 4 mm (photo 2).

Le début du déverrouillage coïncide à la fin de la course de garde soit : 4,5 mm (photo 2).

La fin du déverrouillage n’est pas facile à mesurer avec une grande précision. Toujours est il que lorsque le canon est en contacte avec la carcasse (la course est donc à 0 mm), le verrou est au plus bas (photo 3). La culasse a été déverrouillée un peu avant.

Les supports de ces fonctionnalités

On peut voir sur un pistolet automatique tout ou partie des fonctionnalités citées ci-dessus. Il faut évidemment prévoir en conséquence les pièces maitresses qui lieront entre elles ces diverses fonctionnalités et qui donneront au projet un habillage, une façade commerciale. Les pièces maitresses du PA MAS G1S sont la culasse, le canon, la carcasse. Détaillons les.

La culasse

Elle est en acier, les dimensions du bloc capable sont : 192 mm x 28,4 mm x 41 mm.

Son poids (avec la hausse) est de : 305 grammes.

Il aurait été intéressant d’avoir une version de culasse fermée sur le dessus. Cela aurait changée la ligne esthétique, complexifiée la réalisation des logements de verrou, alourdie la culasse mais aurait diminué le risque de fissures de la culasse et diminué le risque d’incursion de saleté au niveau du verrouillage.

L’identité esthétique chez Beretta est tenace car depuis les modèles 1915 / 1923, les culasses sont ajourées sur le dessus ce qui donne un air de famille à la lignée des pistolets Beretta.

La course de la culasse sur la carcasse (de butée avant à butée arrière) est de : 50,3 mm.

La dimension entre la cuvette de tir et l’arrière de la culasse est : 59,5 mm.

Le canon

Le canon du MAS G1 S est en acier. Il entre dans un bloc capable de : 124,7 mm x 26,2 mm x 14,9 mm.

Le poids du canon avec son verrou est de 152 grammes.

Il possède 6 rayures à droite au pas de 250 mm. Les parois du canon sont épaisses, environ : 2,85 mm.

Il n’a pas cette importante largeur à l’arrière comme sur le P38. Le canon du P38 recouvre les usinages des logements de verrou sur la culasse probablement pour limiter les incursions externes. Ce n’est pas le cas sur le MAS G1 S. La largeur du canon correspond au diamètre extérieur de celui-ci soit : 14,9 mm.

Contrairement au P38, la culasse du MAS G1 S est longue de sorte que la culasse entoure le canon sur quasiment toute sa longueur mais pas sur le dessus.

Le culot de la cartouche dépasse de 1,96 mm de la chambre.

L’âme du canon et la rampe d’alimentation sont chromés. Après plusieurs années de service, les canons des PA MAS G1 S sont toujours en bonne condition ce qui n’est pas forcément le cas du MAC 50 ou du SIG PRO 2022.

Le canon porte le poussoir de verrou.

Le verrou est totalement libre, il n’y a pas de ressort qui le maintien en place. Cela limite le nombre de pièce mais le verrou est tellement libre que parfois il sort de son logement sur le canon. Il n’est pas toujours aisé pour un utilisateur non manuel de remettre le verrou en place sur le canon. Il se remonte aisément sans forcé, il faut juste le présenter correctement.

Le logement du verrou est l’usinage le plus délicat. Du jeu du verrou va dépendre la feuillure de la chambre.

Le verrou est une pièce complexe qui ne possède pas beaucoup de surface géométrique simple. Le verrou entre dans un bloc capable de : 31 mm x 21,2 mm x 15,5 mm.

La carcasse

Elle entre dans un bloc capable de dimensions : 191,8 mm x 110 mm x 26,1 mm.

Si l’on mesure l’épaisseur avec les deux inserts de vis de plaquette : 28,9 mm.

Elle est en aluminium anodisée. Le poids de la carcasse nue est : 197 grammes.

Elle est parfaitement usinée. L’avant du pontet est carré et strié. Les rails de guidage de la culasse sont taillés dans la carcasse en aluminium. Les rails de guidage en T ont les dimensions suivantes : largeur : 21,4 mm, hauteur des tenons : 4,4 mm, hauteur sous le T : 3 mm.

Le pontet, l’avant et le dos de la poignée sont rayés.

Le puit de chargeur est évasée à l’avant. Les dimensions du logement de chargeur sont : 20,8 mm x 32,3 mm.

L’héritage esthétique

Les fonctionnalités du PA MAS G1 S décrites ci-dessus sont communes pour un pistolet automatique. On retrouve tout ou partie de ces fonctionnalités sur d’autres armes de la même catégorie.

Ce qui donne une identité propre à cette réunion de fonctionnalités est l’esthétique extérieure. Il existe chez Beretta une ressemblance, un air de famille entre bon nombre de modèles, une certaine identité esthétique. Les bases de cette identité esthétique sont posées dans la première partie du vingtième siècle (avec la mise sur le marché des modèles 1915 ou 1923). Les formes extérieures du pistolet MAS G1S ou Beretta 92 FS découlent de l’ “héritage esthétique” des pistolets automatiques Beretta.

Si le principe de verrouillage du P38 avait été implanté chez un autre grand constructeur (Sig Sauer, CZ, Colt, Taurus, Norinco…), il est fort probable que ce fabricant ait appliqué sa propre identité esthétique.

L’identité esthétique est portée, incarnée dans les pièces maîtresses. Il va en découler :

  • L’équilibre ;
  • Le poids ;
  • Le volume ;
  • Le confort …

Conclusion

Le présent article a été envisagé sous un angle différent, c’est à dire à travers les fonctionnalités de l’arme et non via ses ensembles / sous ensembles. Ce qui nous permet de voir qu’une arme n’est qu’une liste plus ou moins longue de fonctionnalités selon les modèles.

Le choix du PA MAS G1S pour cet article n’est pas anodin. C’est un pistolet choisi par la France alors que ce même pays avait son ancêtre (le P38) dans le camp d’en face quelques décennies plus tôt. C’est une ironie de l’histoire.

Avec cette arme, la France achète à un constructeur civil une arme dont elle n’a pas eu la vision en 1934/1938 et dont elle n’a pas su non plus adapter ou copier le mécanisme ultérieurement (ni par ses manufactures ni par son tissu industriel privé).

Le Beretta mle 92 FS / MAS G1 S est le fruit de l’évolution du Beretta mle 1951 (arme de faible capacité et tirant en simple action). Alors que Beretta a développé une de ses ancienne création pour obtenir un succès commercial mondial. La France n’a pas souhaité faire évoluer son modèle réglementaire : le MAC 50. Aucun constructeur civile ne l’a fait non plus. Il est à noter que des fissures apparaissaient également sur la culasse du PA MAC 50.

La découverte de fissures après mise en service a entrainé des manœuvres logistiques lourdes. Pourtant, les problèmes de fissures avaient été détectés et un correctif pouvait être appliqué (remplacement de l’axe de marteau, usinage de la culasse, usinage de la plaquette de crosse gauche). Ce correctif a été mis en place après coup.

Beretta, pas très innovant en 1915-1923-1934, a su reprendre un mécanisme de verrouillage et des fonctionnalités pour se l’approprié et en faire un succès commercial. Pourquoi reprendre maintenant ce concept . Qu’est ce qui a empêché la construction du Beretta 92 bien avant les années 1975 et le 92FS en 1984 ? La priorité allait peut être aux fusils-d’assaut ? L’adoption du Beretta 92 FS par les USA et le design de l’arme sont sans doute des facteurs décuplant ce succès.

Il existe finalement peu de mécanisme de fermeture d’arme de poing. Les constructeurs ne font finalement que reprendre le plus souvent ce qui existe. La création de mécanisme est moins courante. Ce n’est pas nouveau et c’est enfoncer une porte ouverte de révéler que copier est aisé mais qu’être un visionnaire porteur d’un véritable génie créateur est une chose rare. Il faut déceler les talents et leur donner les moyens d’exister et de réaliser leurs visions.

C’est la gendarmerie qui a lancé les tests de cette arme. Un autre concurrent sérieux lors de ces tests était le SIG SAUER P226. Ce dernier est issue aussi d’une grande lignée touchée par un héritage esthétique propre à ce constructeur.

Une autre arme Beretta reprendra un principe de verrouillage emprunté à un concurrent.Il s’agit du canon rotatif du MAB P15 qui est implanté sur le Beretta Cougar.

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