Revolver MAS mle 1892, réalisation armurière et évolution du contexte.

Les revolvers existent depuis bien longtemps, environ 1830. Je ne débattrais pas ici de questions historiques car ce n’est pas mon domaine. Les batailles de clocher son légion entre amateurs et/ou spécialistes sur des détails qui n’ont à mes yeux que peu d’importance. Cependant, à travers deux d’articles (le second est : Comparatif : le calibre 8 mm 1892 / 7,65 Browning), j’aimerais vous proposer une réflexion sur la conception et la réalisation armurière et ce par le biais du revolver MAS Mle 1892.

Vous allez peut être me demander en quoi le revolver MAS Mle 1892 est t’il si particulier pour qu’il débouche sur une réflexion du monde de l’armement de manière générale, de la conception et de l’armurerie en particulier. Après avoir détaillé les atouts du revolver Mle 1892, je tâcherais de le mettre en relation avec le contexte qui lui a donné cette réputation d’arme dépassée : la première guerre mondiale. Le revolver Mle 1892 est il vraiment si antique que cela ?

Le revolver MAS Mle 1892

Avant toutes choses, j’aimerais rendre hommage à Mr Henri Vuillemin, rédacteur (et donc à l’un de mes pairs) du livre : Le 1892, paru aux éditions FG éditions/Crépin-Leblond, sur lequel je me suis en parti appuyé pour rédiger le présent article.

Les atouts du revolver Mle 1892

Si l’on compare cette arme avec ses concurrents de l’époque, le revolver Mle 1892 était à la pointe dans de nombreux domaines. Que peut on mettre à son actif :

Le poids de l’arme vide est de 840 grammes. Cela fait du revolver Mle 1892 une arme fine, agréable à porter. Cette une arme très élégante, légère, elle contraste avec le gros revolver Reichrevolver ou le Smith et Wesson en 44 Russian. Elle est moins éprouvante à manier.

Le chien rebondissant évite l’enclouage du percuteur dans l’amorce. Cela peut faire sourire car de nos jours c’est une évidence d’avoir un chien qui revient en arrière lorsque le tireur relâche la queue de détente d’un revolver, mais à l’époque c’est novateur. En l’absence de ce principe, le percuteur une fois planté dans l’amorce empêche le barillet de tourner, la queue de détente est inopérante. Cela peut endommager le percuteur et en tout cas fait perdre un temps précieux au soldat qui va dans un premier temps être surpris puis dans un second temps va chercher à résoudre le problème. Il faut avouer que sur un champ de bataille on a autre chose à faire que de résoudre un incident de ce type.

La double action est très répandue aujourd’hui jusqu’à avoir des armes uniquement en double action. Pouvoir tirer sans devoir armer le chien peu donner dans certaines circonstances un ascendant sur un adversaire dont les armes ne fonctionneraient que en simple action. En plus du temps utile à l’armé du chien , il faut déchausser l’arme, quitter sa positon de tir pour armer le chien. La double action est récente à cette époque, les concurrents du revolver mle 1892 n’en sont pas tous équipés.

De démontage aisé, le mécanisme de percussion du revolver mle 1892 peut être entièrement démonté, nettoyé et huilé par le servant. Ce dernier est le premier diagnostiqueur des pannes et faiblesses présentes ou à venir. Au moindre défaut constaté, le soldat doit rendre compte à l’échelon de maintenance supérieur et faire passer une visite technique à son arme par un personnel qualifié. Pour cette raison, il est impératif que chaque militaire nettoie son arme et à cette occasion inspecte chaque pièce et signale les faits qui lui paraissent anormaux. En ce sens, le revolver Mle 1892 est bien conçu, il suffit de dé-serrer la vis se trouvant en haut de la poignée (côté droit) pour pouvoir ouvrir la plaque pontet et ainsi avoir accès à l’intégralité du mécanisme de percussion.

Vue des pièces du revolver.

Le mécanisme

revolver 1892

L’économie n’a pas été recherchée sur cette arme. Toute les pièces ont des formes complexes et pourtant elles sont toutes exécutées parfaitement. Il faut bien imaginer le monde industriel de l’époque. La fraiseuse, le tour à métaux, la mortaiseuse à commande numérique… n’existent évidemment pas. Tout les usinages se font sur des machines traditionnelles (à la main) avec probablement de nombreuses fraises de forme ou montages spécifiques dédiés à la fabrication de cette arme précisément. A cela, il faut ajouter une série de contrôleurs pour vérifier si les pièces entrent dans la tolérance.

Lancer une fabrication de plusieurs dizaines ou centaines de milliers de pièces à une implication très lourde. Dans ces conditions, il n’est pas aisé de faire marche arrière et de se lancer sur un nouveau programme comme si de rien n’était.

106 ans après la sortie de l’usine, l’arme prise en photos ici est fonctionnelle et en très bon état. La finition devait être une part importante de la fabrication. L’ajustage des pièces est parfait,  aucune pièce ne porte de trace d’usinage, aucunes bavures ne sont présentes, les arrêtes des pièces sont vives il n’y a pas eu d’ébavurage rapide mais du travail soigné. Le bronzage est toujours présent, un peu passé par endroit. Une patine qui a son charme.

Quatre pièces sont à démonter : Le ressort de chien, la barrette, le chien, la détente. Le mécanisme de percussion est là, dans ces quatre pièces. Il n’y a pas de difficulté à désolidariser ces dernières de la carcasse de l’arme. Les pièces sont massives (donc peu fragile) et très bien finies.

Le chien est en acier. Il est poli et reçoit une jolie finition jaune. La crête de chien est plus massive que le corps. Elle est quadrillée.

Le mentonnet du chien permet la double action. Il est maintenu en place par une vis qui fait office d’axe. Il est en mouvement grâce à un ressort hélicoïdal.

Le percuteur est oscillant autour d’un axe. Il n’y a pas de ressort de rappel.

Le chien.

Le ressort de chien est en acier. Il est composé de trois pièces. Le ressort en lui même, un galet, l’axe du galet. Un carré en métal faisant partie intégrante du ressort entre dans la carcasse et le maintien en place.

Le galet est en contacte avec le chien par une entaille en V portée par le chien.

Le chien.

La détente est en acier. Le doigt élévateur est porté par la détente.

Taillé dans la masse du marteau, la butée d’arrêt du marteau et le verrou de rotation du barillet immobilisent le barillet à un moment de sa rotation.

Le doigt élévateur est mu par  une des branches du ressort de marteau qui le force à rester vers l’avant. C’est lui qui fait tourné le barillet.

La carcasse est en acier. Elle est monobloc. C’est sur cette pièce maitresse que se montent tous les autres éléments.

C’est une pièce fine et complexe qui demande un nombre important d’usinage.

Le canon est vissé dessus. Il n’y a pas de goupille d’arrêt du canon.

La plaque de recouvrement est en acier. C’est une pièce monobloc. Elle se monte à l’avant de la carcasse et pivote autour de son point de fixation.

Elle donne l’accès au mécanisme après avoir dé-vissé une vis prévue à cet effet.

le barillet est en acier. Il possède 6 chambres. Il bascule du coté droit de l’arme après ouverture de la portière. Un ressort porté par la carcasse marque la position du barillet.

Il est maintenu sur la carcasse par une petite vis transversale.

L’extraction des 6 cartouches se fait simultanément en poussant la tige à l’avant du barillet. Pour démonter le barillet, il faut extraire la vis qui se trouve sur le gros cylindre à l’avant de la tige d’extraction.

Les marquages

Comme une cerise sur le gâteau de la finesse, une gravure magnifiquement réalisée sur le côté droit de la carcasse indique de quelle manufacture est sortie l’arme : la manufacture d’arme de St Étienne. Elle rappelle la gravure visible sur le dos de la lame des sabres réglementaire Français Mle 1822.

La munition

Le choix du calibre était audacieux à l’époque mais non intéressant car chargé à la poudre noire. On dit son pouvoir d’arrêt trop faible comparé au 455 anglais, 11 mm allemand, 44 Russian. La guerre n’est pas un terrain statique ou un ennemi attendrait calmement de mourir par un projectile lui étant destiné, tout aussi calmement, tiré par un second soldat non animé lui aussi de la peur de mourir. Évidemment non !!! d’où la nécessité d’avoir un projectile doté d’un pouvoir d’arrêt suffisant pour donner un choc immédiat stoppant net le pouvoir de nuisance d’un ennemi galvanisé par son adrénaline.

L’emploi d’un projectile lourd, de fort diamètre, mu par une vitesse importante et qui laisserait l’intégralité de son énergie à l’impact est plus efficace qu’un projectile léger à faible vitesse. Le calibre 8 mm choisi pour le revolver étudié ici avait une vitesse de projectile de 215 m/seconde. même pas la vitesse d’une 22 long rifle pour un poids de balle plus important : 7,8 grammes contre 2,59 grammes pour le 22 Lr.

Je pense que le choix de ce calibre provient d’une volonté d’économie des matières premières et ainsi produire d’avantage de munitions pour une même quantité de matière première. A poids égal, le militaire emportera d’avantage de munitions. A l’époque, c’est à la mode que de vouloir diminué le calibre des armes. C’était un choix novateur mais qui aurait mérité une vitesse d’ogive supérieure.

La diminution du projectile  (comprendre diminution du diamètre et du poids du projectile) sera bien des années plus tard plébiscité par les firmes HK et FN Herstal, qui obtiennent des perforations importantes avec des calibres de diamètre 5,7 mm pour FN Herstal (Poids de l’ogive : 2 grammes pour une vitesse entre 650 et 750 m/s ou 4,6 mm pour HK (Poids de l’ogive : 1,7 à 2 grammes, pour une vitesse proche des 700 m/s)… avec une énergie supérieure à celle d’une 9mm …Mais c’est un autre sujet.

Le revolver Mle 1892 et la première guerre mondiale

Pourquoi lit on partout que le revolver Mle 1892 a été dépassé rapidement ? Est ce vrai ?

Il est étonnant de voir que cette arme est devenue obsolète rapidement alors que nous avons vu ci-dessus ces atouts novateurs. L’apparition sur le marché de pistolets automatiques fiables fournis dans des calibres proche du 8 mm mais inférieurs aux calibres réglementaires dans beaucoup de pays de la fin du 19° siècle (soit du 11 mm), a considérablement fait évoluer le marché de l’arme de poing. On peut citer dans ces armes de poing de calibre intermédiaire : le C96 en calibre 7,63 Mauser, le Colt 1900 en 38 acp, le Colt 1903 en 32 acp, le P08 en calibre 9 parabellum… Il est très intéressant de remarquer qu’un pistolet automatique va allier l’avenir et le passé. En 1911 était adopté le Colt 1911, lui, a conservé une munition de fort diamètre : 45 acp (11,43 mm). Il traversera le 20° siècle pour nous arriver quasiment inchangé, Cette arme ou ses dérivés sont de nos jours encore très vendus.

La fin du 19° siècle, le début du 20° siècle sont des périodes ou les changements sont terriblement rapides. De profondes mutations de la société et de l’industrie ont lieu à ces moments. La défaite de 1870 a laissé par son manque de préparation, la volonté de ne pas être trop à la traine des autres nations européennes.

Si le revolver Mle 1892 est déclassé par la munition qu’il emploi, il conserve l’avance de la double action, aucun pistolet automatique de cette époque ne fonctionne en double action. Pour obtenir la rapidité de tir d’un revolver avec un pistolet, Il fallait donc conserver le marteau à l’armé et une munition en chambre. Il faut aussi comprendre qu’aucun pistolet automatique de l’époque n’est doté de sécurité de percuteur. Si l’on ajoute à cela le fait que les aciers utilisés pour les pistolets Ruby sont de basse qualité, les accidents devaient être nombreux.

Si le temps de chargement d’un révolver est bien plus long que celui d’un pistolet automatique, le revolver lui est plus fiable dans des conditions extrêmes. Un revolver ne s’enraye pas, il n’est pas ou moins dépendant de saletés provenant de l’extérieur.

De plus, il faut se souvenir que le mécanisme du revolver Mle 1892 est entièrement démontable par le servant. Ce qui n’est pas le cas de bon nombre d’autres armes. Allez démonter les pièces constituant le mécanisme de détente et de percussion d’un Ruby ! La rapidité de chargement n’a d’intérêt que si le servant a un nombre de chargeurs conséquent or tous les chargeurs de pistolet Ruby ne sont pas compatibles, ce qui a du amener certains problèmes.

Selon Henri Vuillemin, dans son livre : Le 1892,  il semble qu’une quantité indéterminée de revolver Mle 1892 aient été fourni à la Wehrmacht durant les terribles hivers russes des années 1942, 43, 44, les conditions climatiques rendant les pistolets inopérant ou incertains au tir. Alors que l’on estime les revolvers Mle 1892 sont dépassés en 1914, on les emploi trente ans plus tard dans des conditions difficiles.

Face à la guerre de tranchée qui sera dés décembre 1914 la nouvelle norme, l’état major des armées complète l’emploi du revolver Mle 1892 par des pistolets automatiques  de diverses provenances mais essentiellement d’Espagne. La qualité de fabrication est bien inférieur à celle du revolver Mle 1892. Mais valide le fait que le revolver n’est plus à la page (du moins à cette époque et dans ce cadre). Il faut un mode de rechargement rapide et une arme moins longue que le fusil pour prendre et “nettoyer” une tranchée.

Conclusion

Le principal problème du revolver Mle 1892 est, selon moi, son principe de chargement. Il ne correspond plus au contexte de l’époque. Ce n’est pas pour autant une arme à laisser au râtelier car si vous le mettez dans un contexte adapté, il reprendra toute sa valeur même aujourd’hui.

Alors se pose la question : pourquoi la France n’a elle pas fait le choix d’un pistolet automatique. Trop tôt en 1892, pas la priorité en 1914. Cette dernière allait aux armes pouvant repousser les assauts et briser les lignes : les mitrailleuses et l’artillerie.

Comment savoir que le conflit allait prendre des formes nouvelles, inconnues, pour devenir une guerre de tranchée. Comment prédire l’avenir ? Comment entretenir un tissu industriel sous employé en temps de paix pour, le cas échéant, mettre cette industrie à disposition des ingénieurs de l’armement et ainsi être plus réactif en cas de crise ? Ces questions sont complexes. Un minimum serait une veille technologique permanente, des tests récurrents sur les nouveaux matériels, un suivi de ces derniers et considérer leur évolution avec intérêt pour se réorganiser rapidement si nécessaire et ainsi maintenir la souveraineté du peuple de France et la continuité de l’état. Un état légitime qui dote ses soldats de matériels fiables et adaptés afin que ceux-ci le protège.

La volonté de revanche après la défaite de 1870, l’obsolescence du parc d’armes, le manque de préparation, l’évolution rapide des techniques, la résistance aux changements,  les sommes colossales nécessaires à l’entretien ou la remise à hauteur des matériels, la formation des personnels, la reconstruction du pays… sont des facteurs qui ont entraîné un début de guerre en pantalon rouge, un achat massif d’armes à l’étranger  pour finir dans un amas considérable de blessures entre peuples frères et voisins. La France, pays d’avant garde en 1914 perd son rang au profit de nations jeunes moins impactées. A qui profite le crime ?

La moralité de l’histoire : Il ne faut pas jouer les va t’en guerre, entrainant le malheur de son peuple, si l’on n’est pas préparé… d’autant plus lorsque l’on joue à domicile.

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Carabine Norinco jw15 didactique

Que l’on soit passionné ou non, l’étude des mécanismes d’arme à feu est très intéressante à plus d’un titre. Malheureusement, il n’est pas toujours évident de voir les différents mouvements, les fonctions des pièces et la façon dont ces dernières interagissent entre elles. Les pièces élémentaires sont “enveloppées” dans le corps du sous-ensemble, de l’ensemble, cachées de la vision de l’observateur, limitant de fait la compréhension du mécanisme qu’il a sous les yeux.

Qu’est ce qu’une arme didactique ?

Un des moyens efficaces pour parfaire ses connaissances consiste à acquérir, à manipuler, à observer des armes didactiques. Qu’est ce qu’une arme didactique ? Une arme didactique est une arme réelle dont certaines pièces, souvent les pièces maîtresses, ont été usinées.

La définition donnée dans le décret : 2013-700 du 30 juillet 2013 (section 1 / chapitre 2 : autres armes / article : 3) est :

  • Arme didactique : arme authentique sur laquelle ont été pratiquées des coupes ou des opérations permettant d’en observer les mécanismes internes, sans en modifier le fonctionnement et n’ayant pas subi le procédé de neutralisation.

Chacun de ces usinages est une fenêtre ouverte sur les fonctionnalités et les interactions internes. Ils améliorent le champ et la profondeur de vision de l’étudiant. Sont alors visibles, les étapes successives que réalise l’utilisateur depuis le chargement jusqu’à la percussion. En reproduisant le cycle à volonté, l’étudiant découvre ou redécouvre la cinématique complète de l’arme.

La coupe, l’usinage sont des moyens destructifs. L’arme perd la possibilité de tirer des munitions réelles donc son pouvoir de nuisance mais acquiert de nouvelles qualités pour entrer dans une carrière pédagogique et/ou promotionnelle. Elle peut être un attrape chaland sur un salon professionnelle attirant l’œil du curieux ou du connaisseur voire les deux réunis en une seule personne.

Il est évident que ces armes ne sont pas faites pour tirer, elles n’ont d’utilité qu’à des fins d’instruction et de compréhension des mécanismes. Ce ne sont plus des armes à feu.

Il ne faut surtout pas manipuler des munitions réelles avec ce genre d’arme.

Introduire une munition réelle dans la chambre alors que l’arme en coupe a conservé ses fonctionnalités de percussion est extrêmement dangereux cela pouvant entraîner des accidents mortels, des blessures graves dues à des projections de métal.

Il faut employer des munitions inertes lors de l’étude et la manipulation d’une arme didactique.

Carabine Norinco jw 15 didactique.

Norinco JW15 didactique

Vue de la partie coupée.

En guise d’exemple, vous trouverez ci-joint une galerie photo d’une carabine Norinco jw 15 didactique. Vous pourrez y voir certaines interactions entre les pièces, par exemple, la position de la face avant de la culasse par rapport à la face arrière du canon (chose impossible à voir sur une arme non coupée lorsque la culasse est fermée)…

Que peut on voir sur notre carabine Norinco jw 15 didactique ?

Nous détaillerons ci-dessous les avantages que peuvent apporter les coupes sur une arme à feu notamment sur notre carabine Norinco jw 15.

La galerie de photos ci-dessus permet de visualiser par exemple :

Un coté non coupé :

Utiliser le contraste entre la partie droite de l’arme (non coupée) et la partie gauche (coupée) à une dimension surprenante. On ne s’attend pas à découvrir une arme en coupe lorsque celle-ci est au râtelier présentant alors ce que j’appellerais sa “façade commerciale”(généralement le coté droit).

L’état de la chambre et du cône de raccordement :

La coupe est le seul moyen pour pouvoir visualiser l’état réel de la chambre (éventuellement à la loupe ou au microscope). Il est alors possible de voir son état à un moment donné de la vie de l’arme (dés la sortie de fabrication, après 500, 1000, 10000… coups tirés, après des tests de torture, après un passage prolongé dans une atmosphère agressive….).

La carabine Norinco JW 15 didactque

La chambre en calibre 22 Lr.

C’est un moyen destructif puisque l’arme ne pourra plus servir par la suite, surtout si l’on usine la boite de culasse et le canon (comme c’est le cas sur notre carabine Norinco jw 15). Les deux pièces maîtresses (canon et boite de culasse) sont alors inemployables dans leur utilisation d’origine.

Il existe des moyens optiques comme les endoscopes pour inspecter l’intérieur des canons et des chambres mais ceux ci ne permettent pas de voir clairement les défauts. Certains de ces dispositifs optiques ont tendance à grossir le/les défaut/s ce qui fausse le diagnostique de départ en donnant une importance trop grande à ce qui ne devrait pas en avoir. En revanche, les endoscopes restent des outils incontournables car donnant un point de vue que l’œil humain ne pourra avoir sans coupe.

Le positionnement de la cartouche dans la chambre :

Le fait d’avoir coupé la chambre permet de voir le positionnement exacte de la cartouche dans son logement. Ou peut alors déterminer ou se place l’ogive par rapport au cône de raccordement de la chambre donc voir si la chambre est adaptée à la munition et inversement.

La carabine Norinco JW 15.

Une munition en chambre, la culasse est fermée.

Selon les munitions employées, une usure prématurée peut apparaître dans la chambre (emploi de munitions à poudre noire, emploi de munitions 22 court dans une chambre 22 Lr …).

Le positionnement du culot de la cartouche dans la cuvette de tir :

La coupe peut répondre aux questions ci-dessous :

  • l’extracteur prend il bien la cartouche lors de l’extraction ?
  • ou se trouve l’éjecteur et comment agit il sur l’étui de la cartouche tirée ?
Norinco JW15 didactique_4

Une munition en cours d’introduction.

L‘alimentation :

Bien moins compliquée sur une arme à répétition manuelle que sur une arme semi-automatique ou automatique, l’alimentation reste néanmoins un point sensible. Quoi de plus désagréable qu’une arme supposée à répétition qui fonctionne au coup par coup suite à des dysfonctionnements. Il doit en résulter une bonne interaction entre la chambre, la rampe d’introduction, le chargeur, les lèvres du chargeur, la culasse, son extracteur et la cartouche à chambrer.

On verra sur les photos jointes que la rampe d’alimentation de la carabine Norinco jw 15 est quasi inexistante. L’extrémité avant du puit de chargeur fait office de rampe d’alimentation. Le chanfrein en bas de l’entrée de chambre participe à la bonne introduction de la cartouche. Je pense que l’industriel aurait pu faire un effort et mettre en place une rampe d’alimentation mieux conçue.

Comment est monté le canon sur la boite de culasse :

  • est il vissé ?
  • est il monté à la presse ?
  • y a t’il un dispositif de maintien du canon en place (goupille, vis, colle) ?
  • si oui, ou se trouve ce dispositif ?
  • quel est le diamètre de la goupille ?
  • quel est le diamètre et le pas de la vis ?
  • le canon est il en plusieurs parties ?
  • en une seule partie ?
  • forme t’il une seule et unique pièce avec la boite de culasse (très rare) ?
La carabine Norinco JW 15

Norinco jw15, vue de la chambre et de la face avant de la culasse.

Sur l’arme étudiée, le canon est monté à la presse, une goupille de 2,5 mm l’immobilise.

La face avant de la culasse sur la face arrière du canon :

La relation entre la face arrière du canon et la face avant de la culasse est intéressante à étudier. L’emplacement du canal de percuteur, le jeu et la course du percuteur par rapport à la face arrière du canon, l’état de la feuillure pour les armes à bourrelet sont des points que l’on peut observer et quantifier.

Norinco jw15, vue culasse fermée

Tester les matériaux :

Avoir accès au cœur d’une pièce finie nous donne la possibilité de tester la dureté des matériaux.

Conclusion

La réalisation d’une arme en coupe demande une grande expérience et du temps. Il ne faut pas trop usiner mais suffisamment pour que l’on voit l’intégralité des pièces en mouvement.

De manière générale, les armes didactiques coûtent plus chères que les armes en état de fonctionnement. Le surcoût est principalement dû au temps passé pour réaliser ces petites séries.

Je pense néanmoins que cela vaut le coup de se créer une collection d’armes didactiques à l’heure ou la réglementation en matière de détention d’arme se durcit et se durcira probablement davantage. Cette collection vous apportera de nombreuses informations techniques, des images peu publiées, elle prendra de la valeur dans le temps (vu le peu de pièces produites), vous pourrez les donner ou revendre plus facilement que des armes en état de tirer.

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