Le revolver Manurhin MR 73 en 357 magnum

On ne peut pas dire que l’industrie de l’armement  en France soit très développée, c’est le moins que l’on puisse dire. Néanmoins, il nous reste quelques fabricants et quelques modèles incontournables. Un d’entre eux rivalise sans aucun problème avec les plus grands revolvers internationaux et est probablement même le mieux conçu et le mieux construit. Il s’agit du Manurhin, modèle : MR 73.

Le revolver Manurhin MR 73_130

Les caractéristiques du Manurhin MR 73 :

  • l’épaisseur :  38,5 mm (bas de poignée), 38 mm (barillet) ;
  • la hauteur :  138 mm (avec cette poignée) ;
  • la longueur (diagonale canon / crosse) :  310 mm ;
  • la longueur du canon : 152 mm ;
  • le calibre : 357 magnum ;
  • la capacité : 6 cartouches ;
  • poids de l’arme :  1046 grammes, 1054 grammes (avec talon de queue de détente) ;
  • mécanisme : simple et double action.

La carcasse

La carcasse nue est en acier. Le bloc capable de la pièce est  : 150 mm x 125 mm x 33 mm.

Plusieurs pièces sont rapportées sur la carcasse : les axes des pièces mobiles internes, le pion indexant les plaquettes de crosse, la pastille du canal de percuteur, la butée du barillet.

La table de tir est classique. L’encoche de l’élévateur de barillet se trouve à droite de l’axe de barillet donc le barillet tourne dans le sens anti-horaire. Le barillet se bascule sur la gauche de l’arme.

Les axes présents sur la carcasse sont :

  • l’axe de chien, diamètre : 4 mm ;
  • l’axe de queue de détente, diamètre : 3 mm ;
  • l’axe de verrou de barillet à la rotation, diamètre : 2 mm ;
  • l’axe de ressort de verrou de barillet à la rotation, diamètre : 1,5 mm.

De peur de laisser des traces sur le bronzage externe, je n’ai pas tenté d’extraire les axes de mécanisme. L’emplacement des axes est facile à définir de l’extérieur car les axes n’ont pas la même couleur que la carcasse. La carcasse est noire, les axes sont bruns/rouges. Cette différence de couleur s’explique par l’emploi d’aciers différents, ils ne réagissent pas de la même façon au bronzage.

La longueur du logement du canon sur la carcasse mesure : 17,7 mm.

La butée du barillet est sertie sur la carcasse, depuis l’intérieur de cette dernière. La pièce dépasse de 1,3 mm de la carcasse.

Le revolver Manurhin MR 73_22

La plaque de recouvrement est en acier. Elle mesure : 4,1 mm d’épaisseur.

Les vis de plaque de recouvrement sont en acier. La vis avant à deux fonctions, elle maintient le pivot de barillet dans son logement et serre la plaque de recouvrement.

Le revolver Manurhin MR 73_26

Le poussoir du verrou de barillet est la pièce externe que le servant pousse pour ouvrir le barillet. Il agit sur le verrou de barillet.

Cet ensemble de pièce est mu par un petit ressort qui entoure une tige guide. Il est logé dans la pièce intermédiaire.

La pièce intermédiaire entre le poussoir de verrou de barillet et le verrou est en acier. Elle ne porte pas de traces de micro-fusion.

Le canon

Le canon est en acier. Il a une longueur de 152 mm. La largeur du canon est : 16,8 mm, soit une épaisseur latérale de parois de : 3,9 mm. Le guidon est goupillé dessus.

Le canon est vissé sur la carcasse. Le filetage du canon est : 14 mm x 0,75 mm. Il est arrêté par une goupille transversale de 2 mm.

Une photo ci-dessous montre la position du canon sur la carcasse après serrage à la main. Cette photo est un indice pour ceux qui voudront resserrer un canon sans connaitre le  couple de serrage.

Le bronzage est mat sur le dessus du canon. Une bande striée parcourt le dessus également.

Le verrou avant du barillet est logé sous l’âme du canon. Ce verrou entre dans l’extrémité avant de la rallonge de l’éjecteur. Il n’existe pas sur tous les revolvers. Il a pour effet de réduire les mouvements du barillet lorsque ce dernier est en position fermé.

Le barillet

Le corps de barillet est une pièce en acier. La capacité du barillet est de 6 cartouches.

Le diamètre du barillet est 38 mm pour une longueur totale de 41 mm (ou 40 mm sans l’épaulement avant).

L’encoche du verrou en rotation est à la verticale d’une chambre. La profondeur des encoches est : 1 mm. La largeur de l’encoche est : 3,5 mm.

L’épaisseur de matière entre la périphérie d’une chambre et le diamètre du barillet est : 2 mm. Donc en fond d’encoche du verrou en rotation, il reste une épaisseur de métal de 1 mm.

La profondeur du logement de l’étoile est : 2,6 mm. Le diamètre de ce logement : 23,55 mm.

Au centre du barillet se trouve un méplat qui participe à l’indexation de l’étoile d’éjecteur sur le corps de barillet. Pour compléter ce méplat, il y a deux petits pions de 2 mm. Il me semble que le centre de barillet est rapporté mais c’est pas flagrant… à confirmer.

L’étoile de barillet/éjecteur est en acier d’une seule pièce. Le diamètre de la partie centrale dédiée à la rotation du barillet est : 12,66 mm. Le diamètre de la tige : 6,4 mm.

La rallonge d’éjecteur est vissée sur l’étoile de barillet/éjecteur. Pour desserrer la rallonge, il faut tourner la pièce dans le sens anti-horaire.

Le pivot de barillet est une pièce en acier. L’axe de barillet a un diamètre de 9,5 mm. L’axe de pivot de barillet a un diamètre de 8 mm.

L’arrêt de pivot de barillet est un cylindre en acier qui est porté par la carcasse. Ce pivot entre dans une rainure en arc de cercle usinée sur le pivot.

Le mécanisme

Le percuteur est monté sur le chien. Il a une liberté de quelques degrés autour de son axe. Le percuteur est axé autour d’un axe qui est serti sur le chien. Il n’y a pas de ressort.

Le percuteur est taillé dans une plaquette de 2 mm d’épaisseur. Le diamètre de la pointe de percuteur est : 2 mm.

Le revolver Manurhin MR 73_70

Le chien est en acier. L’épaisseur de cette pièce est : 7,9 mm. La crête de chien n’est pas plus large que le corps. La partie haute du marteau à une épaisseur de 7,4 mm.

La pièce est très bien réalisée. Cependant, l’état de la pièce présentée ici est moyen, l’arme a été mal entretenue et quelques points d’oxydations sont apparus.

Une bielle est montée sur le chien, elle sert d’intermédiaire entre le ressort et le corps de chien.

La butée de la sécurité de percuteur se trouve juste sous le percuteur. Sur la photo, cet emplacement est blanchi par les frottements.

Un usinage particulier en bas de chien est très important. Ce dernier est utile au rebondissement du marteau. Lorsque le servant relâche la queue de détente, le charriot de rebondissement du marteau revient en avant sous l’action de son ressort, il force alors le rebondissement du marteau.

Le ressort de chien est une lame ressort en acier. Elle prend appui dans la carcasse par une encoche en L. Il est possible de jouer sur la tension du ressort par une vis portée par la carcasse.

La vis de tension du ressort de chien prend appui sur la carcasse.

Le doigt élévateur de barillet est en acier. Il est taillé dans une tôle de : 3 mm d’épaisseur.

Il est attelé sur la queue de détente par un axe de 2 mm de diamètre. Le barillet tourne dans le sens anti-horaire, la fenêtre de l’élévateur se trouve à droite de l’axe de barillet.

Le ressort de doigt élévateur de barillet est une tôle de 0,5 mm mise en forme. Cette  pièce est tenue en place entre l’axe de marteau et la carcasse. Il plaque l’élévateur de barillet en avant, au contacte de l’étoile de barillet.

Le charriot de rebondissement du marteau est un ensemble de pièces en acier. Le rôle de cet ensemble est d’assurer le rebondissement du chien après percussion, la manipulation de la sécurité de percuteur et de transmettre l’effort du ressort de rappel de queue de détente à la queue de détente (donc assurer le rappel de la queue de détente).

Le charriot coulisse dans une rainure de la carcasse. Pour éviter les frottements sur la carcasse, des galets sont utilisés.

Le relais de charriot de rebondissement du marteau est une petite pièce rectangulaire en acier. Elle fait le relais entre le charriot de rebondissement du marteau et la queue de détente.

Le ressort de charriot de rebondissement du marteau est une lame ressort en acier.

La pièce est maintenue sur la carcasse par un axe en acier.

Une vis de mise en tension agit sur cette pièce. Il s’agit d’une vis allen sans tête. Il est peu courant sur un revolver de pouvoir agir directement sur l’effort de rappel de queue de détente.

La queue de détente est en acier. Elle est classique, néanmoins, un point est à signaler : la queue de détente est équipée d’une vis de butée.

Il ne faut pas se méprendre, ce n’est pas d’une vis de réglage du poids de départ. On peut agir aisément pour moduler le poids de départ sur cette arme mais pas en agissant sur cette vis.

Cette vis permet de définir une butée après départ du coup.

La pièce est creuse. Au fond de ce trou oblong, un axe transversal est le point d’appui du relais de charriot de rebondissement du marteau.

Un petit axe dépasse du coté droit de la pièce, il est l’axe de l’élévateur de barillet.

Le verrou de barillet en rotation est en acier. Il est commandé par l’avant de la queue de détente.

Lorsque le servant presse la queue de détente, il abaisse le verrou ce qui déverrouille le barillet un bref instant le temps qu’il entame sa rotation. Après une certaine course, il reprend sa place en position haute et entrera dans la prochaine encoche de barillet.

Le ressort de verrou de barillet en rotation est un fil d’acier mis en forme. Le diamètre du fil : 0,5 mm. Il maintient le verrou de barillet en rotation en position haute.

La sécurité à la percussion est en acier. Elle est actionnée par le charriot de rebondissement du chien. Lorsque le charriot recul, la sécurité s’abaisse : le passage est libre pour le chien, il peut y avoir percussion. Dit autrement, il ne peut y avoir percussion si la queue de détente n’est pas pressée (dans un mécanisme sain).

Les éléments de visée

La hausse est un ensemble de pièces en acier. Elle est réglable en hauteur et en dérive. Elle est maintenue sur la carcasse par un axe transversal. La hausse est noire mat.

Le feuillet de hausse est large et lisse. La surface du feuillet de hausse est : 10 mm x 24 mm.

La largeur du cran de hausse est : 3 mm.

Le guidon est en acier. Il est légèrement incliné vers l’arrière pour éviter les reflets.

Il est goupillé sur le canon. Une seule goupille transversale le maintien en place.

Lui aussi comme la hausse, il est noir mat. La largeur du guidon est : 3,5 mm.

Les plaquettes de crosse

Les plaquettes de crosse sont en noyer. Elles sont maintenues sur la carcasse par une vis traversante.

Elles sont en partie quadrillées. A l’avant, sont taillés des empreintes de doigt.

La largeur des plaquettes montées sur la carcasse est : 38,5 mm (bas de poignée).

Un écusson en laiton est serti sur chacune des plaquettes de crosse. La face visible de cet écusson représente un logo de la marque.

Les plaquettes de crosse sont indexées sur la carcasse par un petit pion en acier fixé en bas de la carcasse.

Selon moi, ce ne sont pas les plaquettes de crosse les plus agréables. En effet, l’arme est fine (donc légère), le calibre est puissant et les plaquettes de crosse en bois.

Il existe des plaquettes de crosse en caoutchouc pour cette arme qui sont très agréable. Je pense aux poignées Trausch. Mais évidemment, tout dépend de la morphologie.

Conclusion

L’arme est élégante, fine à l’extérieur alors que les pièces internes sont massives et donc  résistantes à la casse ou à l’usure. Le MR 73 est conçu pour durer.

Les finitions internes et externes sont parfaitement réalisées. Les surfaces intérieures et extérieures sont très soignées ce qui n’est pas le cas d’un Colt Python ou Smith/Wesson 686. En même temps le volume de production n’est pas le même.

Le MR 73 est un revolver dont il est aisé de jouer sur le poids du départ, par les deux vis de bas de poignée (vis de tension du ressort de marteau, vis de tension du ressort de charriot de rebondissement du marteau).

L’arme est présentée ici comme je l’ai trouvé. Le mécanisme était sec, ce qui explique les petits points de rouille du chien. Avec un minimum d’entretien régulier, le chien aurait conservé sa belle couleur jaune.

C’est un réel plaisir de pouvoir rédiger un article sur cette arme française et ainsi vous montrer sa conception et sa construction. Elle est pour moi, un des meilleurs revolvers au monde produit à ce jour. J’espère par cet article développer votre sens critique et ainsi vous inciter à faire des comparaisons techniques, éventuellement avant achat.

Dans la continuité de cet article, il faudrait faire des articles sur les autres produits de la marque : le MR F1, MR 88, MR 32, MR 93, MR 96… et ainsi avoir une cartographie des modèles de la marque.

Le revolver MR 73 est toujours disponible à la vente sous diverses versions. Vous pourrez trouver la gamme des revolvers sur le site web de son repreneur : l’armurier Chapuis Armes. Le lien vers la gamme.

Ce contenu a été publié dans Armes de poing, Tous les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

7 réponses à Le revolver Manurhin MR 73 en 357 magnum

  1. Lacrevette dit :

    Merci infiniment, une mine d’or pour les artistes 3D.

    • Cédric dit :

      Bonjour,
      Visiblement,j’ai fait un heureux ! …ou une heureuse !
      Pouvez vous m’expliquer comment vous intégrez une photo dans un logiciel 3D ? Avez vous mis en ligne une animation 3D sur le MR 73 ?
      C’est un domaine que je ne connais pas et vous avez aiguisé ma curiosité.
      N’hésitez pas à me faire part de vos envies de lecture, cela guidera mes choix de rédaction.
      N’hésitez pas à faire de la publicité au site gunsmithdesigner.com, il n’en sera que plus fort.
      Vous pouvez également me soutenir en faisant un don sur Paypal ou Typeee.
      Cordialement.
      Cédric.

  2. Fab dit :

    Bonjour
    Merci et félicitations pour cet article passionnant sur cette arme que j’affectionne particulièrement.
    Pour la conserver en état, que préconisez vous comme huile ou graisse, quantité et les endroits utiles ?
    Cdt

    • Cédric dit :

      Bonjour Monsieur,
      J’aime bien l’huile qui contient du teflon type Breakfree.
      Il est important de temps en temps de démonter l’arme entièrement et d’inspecter l’intérieur. Si vous ne vous sentez pas capable de le faire, faites le faire par un professionnel de confiance.
      Cordialement.
      Cédric.

  3. LAJOIE dit :

    Bonjour
    Possesseur d’un MR 73 depuis trois ans et n’ayant jamais eu de problème particulier, au stand de tir , la dernière fois que je l’ai utilisé, mon barillet s’est bloqué et la hausse et restée fixe, collée, et sans pouvoir visser ou dévisser pour le réglage de la hauteur.
    Mon armurier, sur mes conseils, l’a envoyé chez Chapuis pour une vérification plus approfondie et j’attends sa réponse.
    Cordialement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.