Il y a des armes qui ressemblent au pistolet Glock mais qui ne reprennent pas le mécanisme de ce dernier. Et d’autres qui s’en inspirent franchement. Notre travail de comparaison se poursuit ici avec l’étude d’un pistolet SR 9 de Ruger.
On a pu voir précédemment un article sur le pistolet Canik (à voir ici) qui lui aussi a des petits airs de famille avec la lignée Glock mais est différent intérieurement. Qu’en est il du SR9 ? Est il un vrai dérivé du Glock ou bien est ce qu’il utilise juste les même codes esthétiques externes ? Ou se situe cette arme par rapport à son concurrent ?
La commercialisation du SR9 débute en octobre 2007 et se poursuit aujourd’hui encore.
Vous pourrez découvrir le manuel utilisateur dans l’onglet téléchargement du site ou en cliquant ci-dessous.
Caractéristiques de l’arme :
- Longueur de l’arme : 230 mm ;
- Hauteur de l’arme : 142 mm ;
- Épaisseur de l’arme : 32 mm ;
- Le poids de l’arme : 753 grammes ;
- Le calibre : 9 x 19 ;
- Rayure du canon : 6 ;
- Pas des rayures : 1 tour sur 254 mm ;
- Longueur du canon (entrée de chambre à la bouche) : 101,5 mm ;
- Capacité du chargeur : 17 cartouches ;
- Date de distribution : fin 2007 à aujourd’hui.
La carcasse assemblée
Le poids de la carcasse assemblée (avec axe d’assemblage) : 286 grammes.
Les éléments de la carcasse
La poignée pistolet est en matière plastique, le bloc capable de cette pièce est : 189 mm x 113,5 mm x 29,5 mm. Le poids de la pièce nue est : 96 grammes.
L’avant de la poignée est quadrillé. La quadrillage est fin. Cela améliore la préhension. Bien que l’arme utilise un chargeur de grande capacité, la carcasse est fine et la prise en main est agréable. Elle devrait contenter pas mal d’utilisateur.
Un insert arrière en acier de micro-fusion guide la culasse pendant ses mouvements. La pièce en acier est moulées dans le plastique. Un second insert acier est moulé sur le coté droit, le numéro de l’arme est gravé dessus.
A quoi ressemble ces inserts qui sont moulés dans la carcasse ? Le seul moyen de le savoir est de les extraire du plastique car ce n’est pas le fabricant qui va nous fournir des photos de ces pièces. Les deux inserts sont placés là ou l’épaisseur du plastique n’est pas la plus épaisse.
L’intérieur de la carcasse est simple. Il serait intéressant de voir le moule qui a servi à la fabrication de cette pièce.
Les dimensions du puit du chargeur sont :
- Largeur : 22,3 mm ;
- Longueur : 33 mm.
A l’avant du pontet se trouve une embase picatinny pouvant recueillir des accessoires : une lampe, un laser… C’est une bonne chose que le numéro de l’arme ne soit pas placé ici car en cas d’utilisation d’un accessoire, il faudrait le démonter pour contrôler le numéro si besoin. Ce qui pourrait demander un nouveau réglage ou au minimum le contrôle du réglage.
Le pontet n’est pas carré, cela m’étonne car c’est utile et déjà fort répandu avant l’apparition du modèle étudié. C’est probablement un choix de la marque.
Le berceau du canon est une pièce en acier de micro-fusion. Elle entre dans un bloc capable de : 22, 8 mm x 21,5 mm x 43,5 mm.
Le Glock possède une pièce similaire qui fissure dans le temps. L’équivalent du Ruger SR9 est plus massif. Il serait intéressant de savoir après combien de cartouches tirées les fissures ou début de rupture apparaissent. Peut être n’apparaissent elles pas à cette endroit mais peut être sur le pied du canon.
La pièce porte la queue de détente et l’arrêtoir de culasse. L’axe de ces deux pièces n’est pas accessible de l’extérieur. C’est à dire qu’en cas de besoin, il faudra sortir le berceau voir le support de détente également.
La culasse est guidé en partie par la forme en T du berceau de canon. La longueur utile de ces guides est d’environ 16 mm.
Il est intéressant de remarquer que bien que cette pièce soit de micro-fusion, des surfaces d’appui ont été taillées pour servir de référence. Ce sont ces dernières surfaces qui seront en contacte avec la poignée pistolet.
Elle est maintenue en place sur la carcasse plastique par 3 goupilles de 3,9 mm de diamètre en acier. Un des axes est freiné par un joint torique. Un ressort type corde à piano est utilisé pour freiner les autres axes.
Le mécanisme de détente ressemble fortement à celui du Glock. C’est là ou notre travail de comparaison est intéressant car tout en étant proche, il n’est pas pour autant identique. Un levier de sûreté a été ajouté, l’éjecteur est mobile, un ressort agit pour le relèvement de la barrette, l’axe d’assemblage est complexe.
Le support de détente est en plastique. Il ne semble pas inclure d’insert métallique. Une fois de plus, il serait intéressant de voir le moule.
La goupille d’assemblage qui maintien le support de détente possède plusieurs pans. Pour extraire cette goupille, il faut placer l’éjecteur vers l’avant et le levier de sûreté manuelle vers le bas (voir le forcer vers le bas). Il est à noter que le logement de la tête de la goupille sur la poignée a une forme identique à la goupille. C’est à dire que le trou possède un méplat sur l’arrière. Il faut faire correspondre les deux formes pour le remontage.
La queue de détente/barrette est très proche de celle du PA Glock. La partie métallique est très rigide. Elle est obtenue dans une tôle de 1,25 mm d’épaisseur.
L’excroissance sur le dessus de la barrette sert à actionner la sécurité de percuteur.
Tout comme sur le Glock, un levier de sûreté est monté sur la queue de détente. Lorsque le tireur appui sur la queue de détente, il efface la sûreté.
Les ressorts de barrette sont attelés au support de détente. Le premier est un ressort hélicoïdal, il tire la barrette en arrière, il est maintenu par une fine goupille. Le second est un fil qui pousse vers le haut l’arrière de la barrette. Ce second ressort n’existe pas sur le Glock.
Le connecteur est très proche de celui du Glock. Cette pièce est importante car c’est elle qui abaisse l’arrière de la barrette lorsque le tireur appui sur la queue de détente et donc libère le percuteur. Le connecteur agit comme un ressort, c’est la culasse qui manœuvre le connecteur : selon la position de la culasse le connecteur change de position également. Sur cette arme, il n’y a pas de barrette séparateur comme sur la majorité des pistolets automatiques. Ici les deux fonctions sont séparées : la barrette transmet l’effort du tireur et l’action de séparation (pour éviter le tir en rafale) est confié au connecteur.
En plus de la sûreté de détente, le Ruger SR9 est équipé d’ une sureté manuelle. Cette dernière stoppe la barrette séparatrice dans sa course. Pour cela une encoche est faite sur la barrette, elle est le logement de la sûreté manuelle.
Il est très facile de désengager la sûreté. En revanche pour l’engager, il faut déchausser l’arme. Le mouvement vers l’engagement n’est pas fluide. Le bouton extérieur n’est pas volumineux et ressort très peu de la carcasse.
Les photos ci-dessous montre la sûreté manuelle montée sur le support de détente.
L’éjecteur est obtenu dans une tôle d’acier de 1,5 mm d’épaisseur. Comme sur le P38/P1, l’éjecteur est mobile. Il faut le pousser en avant pour démonter la culasse. Cela est du à l’absence de rainure à l’arrière de la culasse. Si l’on oubli de le remettre en place manuellement, l’éjecteur reprend sa place lorsque l’on loge le chargeur.
Les deux petits crans en bas de l’éjecteur donne à cette pièce deux postions.
L’arrêtoir de culasse est portée par le berceau du canon. Il n’est pas facile de ramener la culasse en avant à l’aide de ce levier. Il est petit et dépasse peu de la poignée pistolet par rapport à l’effort du ressort récupérateur. Il aurait été intéressant d’avoir un arrêtoir de culasse étendu.
L’arrêtoir de chargeur est minimaliste mais est néanmoins efficace. Le poussoir d’arrêt du chargeur est ambidextre. Quatre pièces composent cette fonction dont un axe et un ressort.
Le poussoir est un petit cylindre en matière plastique dans lequel une entaille en V est présente. Le poussoir tombe facilement sous le pouce. Le verrou de chargeur est une pièce de micro-fusion.
Le logement de l’arrêtoir de chargeur est dans l’axe de la poignée.
Le dos de poignée amovible. L’arrière de la poignée comporte un insert en caoutchouc. Cet insert est réversible, il possède deux faces exploitables permettant d’obtenir deux profils de dos de poignée : le premier est bombée, le second est plat.
La pièce en caoutchouc tient en place car elle rentre dans un logement prévu sur la carcasse. Elle est maintenue en place sur la carcasse par une goupille de 2,3 mm.
La culasse assemblée
Le poids de la culasse assemblée est : 350 grammes.
Les éléments de la culasse
Le corps de culasse est une pièce massive en acier. C’est une pièce de micro-fusion.
Cette pièce est terriblement intéressante à étudier car toutes les surfaces n’ont pas été usinées. En effet seules les surfaces utiles l’ont été. Ainsi le logement de l’extracteur, le logement du canon, le dessous de la culasse n’ont pas ou modérément été usinées. C’est rare de voir cela.
Elle entre dans un bloc capable de dimensions : 34,1 mm x 25,3 mm x 187,7 mm.
- Le poids de la culasse assemblée : 350 grammes ;
- Le poids de la culasse nue (avec éléments de visée) : 321 grammes.
La fenêtre d’éjection est large.
Les dimensions des rainures de guidage : largeur 22 mm, hauteur : 1,8 mm.
La longueur du logement du percuteur est 71,25 mm.
L’extracteur est massif. Il est une pièce de micro-fusion en acier.
Le percuteur est un ensemble avec des pièces en acier et en plastique.
Une fois la goupille extraite, on découvre les 4 pièces de l’ensemble.
Le ressort de percuteur a les dimensions suivantes : diamètre : 6,1 mm, longueur : 44,5 mm, diamètre de fil : 0,7 mm.
Un dispositif s’ajoute à la sécurité de percuteur. En effet, le dispositif immobilise également le percuteur et est commandé par le chargeur. Sans le chargeur ou si il est mal engagé, le percuteur est stoppé dans sa course.
Le bouchon arrière de culasse est en plastique et en métal. Au démontage, une partie de plastique s’est cassée.
La sécurité du percuteur est un petit cylindre étagé poussé par un ressort. Il agit à l’avant du percuteur.
La sécurité de chargeur agit sur le percuteur comme on la vue ci-dessus. Pas de chargeur ou chargeur mal engagé = pas de percussion.
L’indicateur de chargement est une petite pièce en acier de micro-fusion. L’avant se relève lorsque une cartouche est chambrée.
La hausse est en deux parties. La partie centrale est en plastique. La partie externe en acier protège la partie centrale. La hausse est montée par queue d’aronde sur la culasse. Deux vis sont présentes sur la hausse, une pour le réglage de la hausse la seconde est une vis de verrouillage pour ne pas perdre les réglages.
Le guidon est en acier, il est monté par queue d’aronde sur la culasse.
Le canon
Le canon entre dans un bloc capable de : 105,7 mm x 28,6 mm x 15,2 mm. Le poids de cette pièce : 107 grammes.
Le nombre de rayures : 6. Le pas des rayures : 1 tour sur 254 mm.
Le diamètre du canon dans son plus faible diamètre est de 14,4 mm. Le diamètre à la bouche est de 14,65 mm. Le diamètre a l’arrière de la partie cylindrique est 14,62 mm.
Le canon semble en inox. Ce qui est sur ce qu’il est issu de micro-fusion. C’est très facile à voir car les traces de moulage sont bien présentes.
Cela est très important car l’utilisation du procédé de la micro-fusion ce n’est pas courant pour la réalisation de canon.
La munition dépasse de 3,64 mm de la chambre.
Seules les parties importantes ont été usinées après moulage. La face arrière du canon a été fraisée, de petites traces d’usinage sont présentes.
La hauteur de l’unique tenon de verrouillage est de 2 mm.
Le démontage de l’arme
Le démontage de l’arme se fait par une clavette. L’enlever, c’est libérer le canon. Libérer le canon, c’est libérer la culasse donc démonter l’arme.
La goupille rend captif le canon en avant. Mais n’est pas la pièce qui manœuvre le canon. Dit autrement, le canon ne se verrouille ou déverrouille pas sur la goupille.
L’axe a un diamètre de : 5,9 mm.
L’ensemble récupérateur
L’ensemble récupérateur est assemblé en une seule pièce. La partie arrière de la tige guide est métallique alors que le corps est en plastique.
Le chargeur
La contenance du chargeur est de 17 cartouches. Bien que les armes soient facilement comparables, les chargeurs eux sont plutôt similaires.
Celui-ci comporte deux pièces métalliques : le corps de chargeur et le ressort. Le restant des pièces sont en plastique.
La planchette élévatrice est en plastique. Le verrou et le fond de chargeur aussi.
L’angle de l’arrière du corps de chargeur par rapport aux lèvres du chargeur est d’environ 108 degrés.
Le verrouillage des pièces maitresses
Trois pièces interviennent lors du verrouillage du canon sur la culasse. Les pièces qui rentrent en action sont : le canon qui porte le verrou, la culasse qui possède l’emplacement du verrou, le berceau du canon qui commande le verrouillage.
Sur cette arme, il est relativement facile d’étudier le verrouillage car le berceau coulisse dans les rails de guidage de la culasse donc on peut simuler le verrouillage sans la poignée pistolet et donc avoir un plus grand champ de vision.
L’espace qui sépare l’avant du berceau et l’arrière de la culasse : 48 mm.
Fin de la course de garde à : 44,7 mm. La course de garde est : 2,3 mm.
Début du déverrouillage à : 44,7 mm. Fin de déverrouillage à 41 mm. Ouverture du canon à partir de 41 mm.
Les surfaces de verrouillage du canon sur le berceau :
Conclusion
La marque Ruger occupe une place particulière car elle est une des premières et peut être la première à utiliser massivement un procédé de fabrication rapide : la micro-fusion. La micro-fusion est un moyen de fabrication fétiche chez Ruger.
A une époque, une arme obtenue par micro-fusion était qualifiée de moins fiable, moins solide. Pour compenser cela, les fabricants ont fait des pièces plus massives d’où la réputation de la marque Ruger d’être fiable et robuste. Le pistolet présenté dans cette article en fait partie, la culasse, le canon, le berceau du canon sont des pièces massives et donc robustes. Ruger est fidèle à sa réputation.
Bien que j’aime la marque Ruger pour les raisons citées ci-dessus. Je ne suis pas un grand fan du modèle que nous avons détaillé dans cet article. Il n’est pas, pour moi, un modèle noble. C’est une arme qui me semble avoir été crée pour concourir sur un certain segment : les armes de type Glock.
Contrairement au Canik TP9 SF (voir l’article ici), le Ruger SR9 est un vrai dérivé du Glock. En effet, sa détente, sans être identique est très proche de celle du Glock. Le Ruger SR9 me semble plus robuste que le Canik TP9 SF.
La conception de l’arme est intéressante car peu courante. Réaliser des ébauches en acier de micro-fusion et n’usiner que les parties importantes n’est pas courant surtout à ce degré. La culasse, le berceau du canon, le canon sont réalisés dans cet esprit. A ce titre, je donnerais une place particulière au Ruger SR9 dans le schéma directeur des avancées techniques des pistolets automatiques.
Glock a mis haut la barre et bien que l’on souhaite faire du Glock, on arrive pas toujours à l’égaler ou le dépasser. Personnellement, je n’échangerais pas un Glock 19 (c’est mon préféré !) contre un SR9 alors que je suis un fan de la marque Ruger.