La simplification par la division et le pistolet Jager

On l’a vu lors d’articles passés sur le revolver Charter Arms et le pistolet AMT Back up II, certains concepteurs utilisent le principe de la simplification par la division pour créer un produit.

La société AMT utilise la simplification par la division sur la culasse du pistolet Back up II alors que la société Charter Arms l’applique sur la carcasse de son revolver. Cela amène quelques questions :

  • Est il possible de généraliser ce procédé à l’intégralité des pièces maitresses ?
  • Existe t’il une arme qui réunisse sur une grande partie de ses pièces et surtout sur ses pièces maitresses ce principe ?

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Une vidéo Youtube sur le pistolet Jager est venue répondre à mes questions. Je n’ai conservé, de cette dernière, que la partie qui me semble la plus intéressante. C’est à dire le remontage de  l’arme. C’est la partie qui pour un technicien est la plus importante car elle montre en gros plan la forme des pièces.

On remarquera que le calibre (probablement le 7,65 Browning) ne demande pas de verrouillage. C’est ce qui permet d’alléger d’avantage la mécanique.

Comme vous pourrez le voir par vous même, la simplification par la division a fortement marqué cette arme. On pourrait presque dire que son emploi s’est fait à outrance sur celle-ci. En guise de carcasse, ce pistolet possède deux flasques : une droite et une gauche…Je n’en dirai pas plus, il faut voir la vidéo.

Voici la retranscription de la vidéo :

De nos jours encore, cette conception n’est pas rependue. Quelle serait la valeur d’une telle arme aujourd’hui ? Pourrait on voir un jour un Jager moderne réapparaitre ? Combien de coups tirés peut elle supporter ?

Si vous souhaitez voir la vidéo originale, vous pourrez la retrouver grâce à ses coordonnées ci-dessous.

Source :

  • Chaine Youtube : Forgotten Weapons
  • Titre original : The Jager pistol and its complex reassembly
  • Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Lcr-KEQT0iM&t=6s
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Le pistolet MAC 35 A

Très souvent, on ne trouve que des photos très générales d’arme à feu (face droite et gauche). Ce qui est dommage car cela occulte de nombreux détails techniques. Je pense qu’il faut dénicher les détails cachés dans chaque petit recoin pour mieux appréhender les mode de fabrication , la culture de l’entreprise. J’espère que les photos ci-dessous vous serviront à approfondir certains points techniques recherchés par les uns ou feront simplement plaisir à d’autres.

J’aimerais apporter à la connaissance de la communauté des amoureux des armes réglementaires françaises les images ci-dessous.

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Vue générale

La carcasse

La culasse

Le canon

La tige-guide

La platine

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Le successeur du PA SIG PRO 2022

Cet article est la suite logique de l’article nommé : Le schéma directeur des avancées techniques du pistolet réglementaire français.

Sachant qu’il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. On commencera par se pencher sur l’arme à remplacer et voir ou elle se situe par rapport à ses prédécesseurs. Puis, nous tenteront de nous projeter et de lister les atouts que pourraient avoir la prochaine arme réglementaire française. Et enfin nous aborderons le protocole de remplacement.

Le PA SIG PRO 2022

Avec l’adoption du PA SIG PRO 2022, le schéma directeur des avancées techniques du PA règlementaire français a fait un petit bon en avant. Voici ses atouts :

  • une mallette solide portant le numéro de l’arme ;
  • une puce électronique insérée dans la carcasse ;
  • un rail picatinny pour accessoire ;
  • un indicateur de chambre vide ;
  • une carcasse en plastique ;
  • une platine amovible (avec l’aide d’outils) ;
  • un pontet carré ;
  • un levier de désarmement du marteau ;
  • une sécurité de percuteur ;
  • un extracteur massif ;
  • un canon en une seule pièce ;
  • une poignée pistolet amovible qui donne accès au mécanisme ;
  • une hausse et un guidon amovible ;
  • un arrêtoir de chargeur ambidextre ;
  • un traitement anti corrosion sur la culasse.

Les principes de fonctionnement de son successeur

Il y a peu de chance que l’on réinvente la roue à l’occasion du remplacement du PA SIG PRO 2022.

En se basant sur ce postulat et le précédent article, quelles sortes de mécanisme peuvent équiper le prochain pistolet automatique de dotation français. A mes yeux, deux types de mécanisme de percussion et deux types de verrouillage sont probables. Quels sont ils ?

Les mécanismes de percussion :

  • percussion à marteau (apparent ou pas) en simple et/ou double action (exemple : MAS GI/G1S, SIG PRO 2022 et autres) ;

  • percussion “axiale” (exemple : Manufrance Le Français, Glock et autres).

Les types de verrouillage :

  • canon fixe et emprunt de gaz (exemple : type HK P7) ;

  • verrouillage type colt sans biellette (exemple : SIG PRO2022).

Cela nous donne 4 combinaisons possibles :

  • une percussion à marteau et canon fixe (exemple : Steyr GB 80) ;
  • une percussion à marteau et système Colt à pans inclinés (exemple : CZ 75 ) ;
  • une percussion axiale et canon fixe (exemple : HK P7) ;
  • une percussion axiale et système Colt à pans inclinés (exemple : Glock).

Les spécifications de son successeur

Il va désormais être difficile d’effacer de la mémoire collective certaines évolutions et usages. On aura du mal à imaginer un retour en arrière par l’adoption d’une arme de dotation ayant une capacité de 8 cartouches, n’ayant pas de sécurité de percuteur et tirant en simple action. Idéalement, quelles spécifications devons nous réclamer, espérer de la nouvelle arme ?

Les plus d’un pistolet réglementaire :

  • une arme simple et solide ;
  • de calibre 9 mm ou plus ;
  • un minimum de pièces ;
  • un minimum de ressorts ;
  • port en sécurité d’une cartouche chambrée ;
  • un faible volume (pour servir aux unités traditionnelles et de recherches) ;
  • l’emploi de matériaux résistants ;
  • une arme basse sur la main ;
  • un démontage utilisateur aisé ;
  • la possibilité de nettoyer la platine par l’utilisateur ;
  • chargeur de grande capacité ;

La culasse

  • des éléments de visée amovibles et en acier ;
  • des éléments de visée disponibles en diverses tailles ;
  • pas de levier de sureté ;
  • une sécurité de percuteur ;
  • un traitement thermique soigné au niveau du verrouillage (si il y a un verrouillage) ;
  • des empreintes de préhension profondes  (pour tirer la culasse en arrière) ;
  • des empreintes de préhension à l’arrière et à l’avant de la culasse ;
  • un revêtement anti-corrosion efficace ;
  • une culasse arrière inférieur tronquée (pour protéger les rails de guidage) ;
  • un extracteur massif et servant d’indicateur de chargement ;
  • un axe d’extracteur qui est un bouton poussoir (pas de goupille) ;
  • un percuteur ou mécanisme de percussion qui n’est pas retenu par une goupille ;
  • un trou d’évent des gaz ;
  • démontage du percuteur et extracteur aisé (avec un minimum d’outils) ;

La carcasse

  • une carcasse en plastique, teintée dans la masse, résistante aux solvants ;
  • des rails de guidage de la culasse longs et usinés ;
  • une poignée évolutive disponible en diverses tailles ;
  • un pontet carré ;
  • un rail picatinny ou autre sous la carcasse ;
  • un arrêtoir de chargeur ambidextre, de bonne taille, en acier ;
  • une poignée pistolet amovible facilement démontable par le servant ;
  • un emplacement solide pour une dragonne ;
  • une capacité de chargeur de 17 ou 18 cartouches (que ce soit  pour augmenter la dotation en munitions/personnel ou pour soulager les ressorts avec une dotation de 15 cartouches par chargeur) ;
  • pas de montage d’axe à l’aide de presse ou de joints toriques (SIG PRO 2022) ;
  • elle reçoit la platine acier qui supporte le mécanisme de percussion ou de détente ;
  • un berceau métallique pour le canon ;
  • une puce de localisation ;

Le canon

  • doit être en une seule pièce ;
  • sa longueur donne le degrés de compacité de l’arme ;
  • une rampe d’alimentation faisant partie du canon ;
  • soit un système de verrouillage type Colt sans biellette mais par pans inclinés (type Glock, SIG PRO 2022, CZ 75) ;
  • soit un canon fixe, maintenu sur la carcasse plastique par l’intermédiaire d’un berceau métal qui inclus aussi les rails de guidage ;

Le mécanisme de percussion

Percussion à marteau :

  • un mécanisme de percussion avec marteau (type MAS GI/G1S, SIG PRO 2022 et dérivés) qui est inclus dans une platine amovible démontable par le servant et portée par la carcasse plastique ;
  • cette platine est tenu par une goupille sur la carcasse plastique ;
  • pas de cran d’armé qui s’émousse donc un marteau et une gâchette en acier correcte ;
  • des goupilles qui tiennent en place sans la poignée pistolet ;
  • un départ dur pour éviter les départs intempestifs ;
  • une platine accessible par le servant ;

Percussion axiale :

  • un mécanisme de percussion qui est inclus à la culasse (type Glock et dérivés) ;
  • des goupilles qui tiennent en place ;
  • un départ dur pour éviter les départs intempestifs ;
  • une arme autorisant le tir direct sans armer le percuteur ;
  • une platine accessible par le servant ;

Le mécanisme de détente

  • une queue de détente et une barrette séparatrice ;
  • une queue de détente large ;
  • un levier de sureté inclus à la détente (éventuellement) ;

Les accessoires :

  • un assembleur de stockage ;
  • un témoin de chambre vide solide ;
  • une mallette solide (charnière et fermeture) à code ;
  • une baguette de nettoyage en 1 seule pièce incluant filetage pour écouvillon et tire chiffon ;
  • des écouvillons métalliques, nylon, feutre ;
  • une chargette ;
  • 2 ou 3 chargeurs voire des chargeurs de plus grande capacité ;
  • des chargeurs protégés de la corrosion, des conditions difficiles et d’entretien facile (un corps en plastique ou recouvert de plastique) ;
  • une aide à la visée au dessus de l’arme pour les unités spécialisées ;

La maintenance :

  • un jeu de jauges de feuillure go, no go ;
  • emploi du minimum d’outillage ;
  • si possible, pas d’emploi d’outillage propriétaire couteux, lourd et rarement employé ;
  • un manuel armurier complet ;
  • un manuel des vues éclatées par sous ensemble ;
  • formation des armuriers ;

Les procédures :

  • un carnet de tir électronique en ligne pour comptabiliser le nombre de coups tirés. Il serait visible à l’échelon central déclenchant des actes de maintenance et envoi de pièces aux armureries ;
  • la formation des utilisateurs ;

Le processus d’adoption

La rédaction du cahier des charges :

C’est couvert d’un certain idéalisme que l’on a vu quels pourraient être les principes de fonctionnement et les spécifications de la nouvelle arme. On peut les nuancer et les combiner.

Dans un premier temps, les choix entre les diverses spécifications  seront conditionnées par le fait d’avoir soit un marteau, soit une percussion “axiale”. Dans un second temps, le principe de fermeture peut constituer un autre arbitrage. J’ai pris le parti de citer deux types de fermeture. Ils sont à mes yeux les plus probables et les plus fiables pour une arme réglementaire. Il est à noter que le canon fixe permet d’avoir une arme très basse sur la main donc une arme compacte. Ces deux choix faits, le cahier des charges sera quasiment défini.

Notre idéalisme du début va se heurter au mur des réalités :

  • les modèles présentés par les industriels seront ils représentatifs de notre idéal ?
  • plus il y aura de participant et plus le choix sera varié. Combien de manufacturiers participeront à l’appel d’offre ?
  • on peut imaginer qu’un producteur convoité, car distribuant une arme fiable correspondant au cahier des charges, ne souhaite pas concourir pour diverses raisons (restructuration de son outil industriel non souhaitée, volume à fabriquer trop important, …).
  • est ce que tout les producteurs européens seront motivés pour participer à ce marché ?
  • quel industriel peut fournir environ 250 000 armes ? Sur quelle période ?

Le protocole de test et de validation est une aventure à lui seul :

  • comment définir des tests qui soient représentatifs des épreuves que l’arme traversera pendant son temps en service ?
  • combien de cartouches tirer ?
  • quel modèle de cartouche adopter ?
  • quel test de précision ? A quelle distance ?
  • combien d’épreuve de manipulation ? de montage, de démontage ?
  • périodicité des séances de nettoyage pendant les tests ?
  • comment éviter les recours des participants non sélectionnés ?
  • selon quels critères rejeter une arme ?
  • quel panel d’utilisateurs choisir ?
  • quel panel d’armuriers et spécialistes choisir ?
  • sur combien de semaines ? sur quelle emprise ?
  • ou loger les participants ?
  • ou les faire manger ?

Une aventure se termine mais une autre apparait : la réception, la distribution, la formation, la surveillance technique :

  • il faut définir le protocole de réception et de validation des premières livraisons, selon quels critères accepter ou refuser ces dernières ?
  • planifier les livraisons dans les centres logistiques puis l’acheminement au plus près des utilisateurs ;
  • premières livraisons dans les écoles pour former très vite les premiers personnels vierge de tout savoir en la matière ;
  • la surveillance technique des premières livraisons et plus particulièrement dans les écoles ou les armes tireront le plus ;
  • habilitation des fonctionnaires par l’obtention du certificat de base ;
  • livraison des premiers lot d’outillage et formation des armuriers ;
  • être à même de palier aux problèmes techniques de grande ampleur ;
  • mise en place des lots de pièces détachées ;

Si le remplacement du PA SIG PRO 2022 a bien lieu en 2022, les groupes de travail ne devraient pas tarder d’être constitués car cela demande une implication importante.

Conclusion

Le pistolet SIG PRO 2022 sera t’il remplacé en 2022 ? La décision reviendra probablement en grande partie au nerf de la guerre : les finances de l’état.

Dans un contexte social et sécuritaire troublé, ce n’est pas le moment d’adopter une arme peu fiable ou non adaptée.

La conservation sur le sol national d’un savoir faire et d’un appareil industriel en état éviterait d’avoir à  se trouver dans une relation de dépendance avec un des rares fournisseurs européen pouvant livrer des centaines de milliers d’armes. Mais voilà, un tel outil à un coût.

Comme on peut l’imaginer, les choix seront lourds de conséquences. La future arme ne sera pas idéale probablement mais il faudra réduire la part d’imperfection à son minimum.

En 100 ans, le schéma directeur des avancées techniques du pistolet automatique français n’est pas linéaire. Les évolutions ont eu lieu par à coup, au fil de l’adoption de ces 5 armes. Qu’en sera t’il à l’avenir ? Vers quelles avancées allons nous ?  Quelle arme va remplacer le SIG PRO 2022 ? Vers quel héritage esthétique et technique allons nous nous diriger ?

Pour comparer les données techniques entre pays équivalents, il faudrait retracer et étudier les schémas directeurs de chacun de ces pays. On pourrait obtenir par exemple : la durée de dotation moyen par modèle et par pays, à quelle période chacun des pays s’est doté du calibre 9 mm x 19 mm, quand s’est fait l’adoption du premier pistolet automatique par pays …

En guise de conclusion, j’invite le lecteur à se souvenir de tout ou partie de cet article, à attendre la prochaine adoption de pistolet automatique en France ce qui lui permettra de poursuivre l’analyse commencée ici et d’en tirer des leçons le cas échéant.

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