Le pistolet Lepage Mle 1924 en 7,65 mm Browning.

Dans ce nouvel article, on verra une arme peu documentée : le Lepage mle 1924 en 7,65 Browning.

Dans le passé, j’ai eu la possibilité d’avoir entre les mains un pistolet de ce modèle. N’ayant plus l’arme à ma disposition, je ne pourrais donner plus de renseignement que les éléments relevés et retranscrit ici. Je vous communique les photos que j’avais pris à l’époque.

En plus de fournir des vues peu courantes, le présent article va permettre de compléter la trame tissée par les deux articles précédents :

  • le revolver Charter Arms, une autre voie vers la simplification (l’article) ;
  • le pistolet AMT Backup II en 380 acp (l’article) .

et nous permettre d’observer une autre voie de la simplification par la division appliquée aux armes de poing. On a vu, lors de l’article sur le pistolet AMT Backup II que la simplification s’applique à cette arme sur la culasse. Sur le Lepage mle 1924, elle s’applique à la carcasse.

Le pistolet Lepage 1924

On peut lire dans un article de la gazette des armes numéro 196 de janvier 1990 (trouvable ici) : ” Les pistolets Lepage sont d’excellente qualité mais leur coût, trop élevé, ne leur permit pas de trouver des débouchés suffisants, c’est ce qui explique que ces armes soient si rares”.

Caractéristiques données dans l’article :

  • longueur totale : 146 mm ;
  • longueur du canon : 80 mm ;
  • poids : 665 g ;
  • capacité : 8 ;
  • nationalité : Belge Bayard 1923 ;
  • concepteur : Bernard Meyer.
Pistolet Lepage 1924, les marquages.

Le pistolet Lepage 1924, les marquages.

Je suis étonné de lire cela car l’arme que nous avons sous les yeux ne comporte pas de difficulté particulière, au contraire. Je ne vois pas ou peuvent se cacher les surcoût de production (une main d’œuvre plus cher que dans certains pays voisins ?… peut être !). On verra dans la conclusion ce qui me semble être la raison d’une moindre diffusion.

Caractéristiques réelles de l’arme photographiée :

  • poids de l’arme sans chargeur : 613 grs ;
  • longueur du canon : 96,5 mm.
Le pistolet Lepage 1924, le marteau à l'armé.

Le pistolet Lepage 1924, le marteau à l’armé.

La culasse est guidée à l’avant par le canon et la carcasse. Et à l’arrière par deux tenons qui sont portés par le support de mécanisme et non par la carcasse.

Le démontage utilisateur

A travers les quelques photos jointes, on peut voir que le démontage est plutôt simple.

Après avoir désolidarisée la clavette qui lie la carcasse et la platine support de mécanisme, cette dernière pivote autour d’un axe qui se trouve en bas de la poignée pistolet. La culasse n’est plus guidée, elle se démonte par le haut.

La carcasse

La carcasse entre dans un bloc capable de dimensions : 124 mm x  96 mm x 14,8 mm.

Voilà l’ensemble qui nous intéresse le plus car c’est lui qui bénéficie de la division par la simplification. Avoir une platine amovible peut permettre, selon l’option choisie, d’alléger l’usinage du puit de chargeur. Cet usinage est généralement une opération compliquée qui peu demander un outillage spécifique (en cas de brochage par exemple). Mais, si l’on se sert de deux pièces, c’est le cas sur cette arme, on crée une ouverture à l’arrière de la poignée pistolet qui autorise l’emploi de fraise standard. Une platine amovible permet aussi de redonner la possibilité à l’utilisateur d’entretenir son arme plus correctement.

L’éjecteur fait parti de la carcasse. Une partie de la flasque gauche est tordue vers l’intérieur : c’est l’éjecteur.

L’épaisseur des flasques de chaque coté est : 2,1 mm et 1,8 mm. Il y a donc un petit décentrage du puit de chargeur par rapport à l’axe de la carcasse.

Il n’existe pas de barrette/séparateur qui relie la détente à la gâchette comme c’est le cas sur bon nombre de pistolet automatique. L’arme ici présentée est incomplète, elle m’avait été laissée sans chargeur. Cependant, il semblerait que ce soit le chargeur qui transmette le mouvement de la détente à la gâchette. En effet, en pressant la queue de détente, le tireur agit sur le chargeur qui est poussé vers l’arrière, il vient toucher la gâchette qui finalement libère le marteau.

Il existe néanmoins une fonction de séparation, elle est commandée par un usinage en creux au dessous de la culasse.

La queue de détente est bleuie.

La platine

Comme on l’a vu lors d’un article sur le revolver réglementaire français modèle 1892 ce dernier est démontable en quasi totalité rapidement par l’utilisateur. Avec le pistolet Star, Ruby et autres armes même plus prestigieuses, cette possibilité d’entretien du mécanisme par le servant est un rêve. Hors cela redevient possible avec le Lepage 1924 sans pour autant risquer un mauvais remontage. La platine se présente sous la forme d’un bloc comportant peu de pièces et facilement démontable de la carcasse comme on l’a vu supra.

Le pistolet Lepage 1924 est il le précurseur en matière de platine amovible ? Je ne sais pas. Cependant ce principe sera repris sous des formes différentes mais proches sur les armes réglementaires françaises (MAC 35 A, MAC 35S, MAC 50).

La largeur de la platine est : 11,2 mm. C’est également la largeur du puit de chargeur.

Les vis qui maintiennent la platine en place sont jaunies.

La culasse

La culasse entre dans un bloc capable de : 144,5 mm x  22,25 mm x ? (dimension non relevée à l’époque).

Le poids de la culasse est : 193 grammes.

Le logement de l’extracteur est placé sur le dessus de la culasse.

La culasse est en acier. Cette dernière est très simple et massive. Elle est en une seule partie, pas de simplification par la division pour elle.

Le pistolet Lepage 1924, vue de la cuvette de tir.

Le pistolet Lepage 1924, vue de la cuvette de tir.

La face de la cuvette de tir est lisse. La cartouche doit entrer entièrement dans le canon. C’est un détail qui a son importance car : sachant que certaine carcasse de pistolet automatique sont communes entre leur version en 7,65 mm et 9 mm court, sachant que le canon du Lepage se démonte rapidement, sachant que le canon a un diamètre compatible avec les deux calibres et est très facile à produire (car il s’agit d’une pièce cylindrique) alors on se rendra compte que le seul remplacement du canon est nécessaire pour changer de calibre et cela peu se faire à moindre coût.

Il n’y a pas de sécurité de percuteur. Peu d’arme de cette époque en ont une.

Puisque la cuvette de tir est lisse, l’extracteur lui, doit ressortir de la cuvette de tir. Il doit être suffisamment long pour “aller chercher” la gorge de l’étui qui est entièrement entré dans la chambre.

Le canon

Le canon est un simple barreau cylindrique fileté sur lequel a été ajouté un guidon. Le diamètre extérieur est : 15 mm.

Le canon est maintenu en place dans son logement par un filetage mais également par une goupille transversale. La goupille a été extraite facilement, le canon aussi (sans outils spécifiques, en le serrant dans un étau avec des mors en V en aluminium et en faisant tourner la carcasse à la main).

L’encoche de l’extracteur est située sur la génératrice supérieure du canon.

Le canon est fileté au pas anglo-saxon de 30 filets par pouce soit : 0,846 mm. La partie filetée mesure : 23,2 mm de long. Le diamètre externe du filetage : 12,7 mm soit 1/2 pouce. Cela reste cohérent avec le pas en pouce également.

Sachant que le diamètre du corps d’un étui en 7,65 browning est : 8,5 mm. L’épaisseur des parois du canon au niveau de la chambre est : 2,1 mm environ.

Conclusion

Si j’ai pu, à travers la mise en ligne de ces photos, apporter des prises de vues rares et aider des amateurs à compléter leurs connaissances, j’en suis ravi. C’est le but de ce site.

Il est probable que cette arme arrive un peu tard, plusieurs décennies après le Browning 1900 ou 1910. Elle n’amène rien de plus tout en étant plus volumineuse et massive.

Le choix du principe de transmission de la course de détente à la gâchette par le chargeur est peu courant. C’est un choix qui peu amener quelques problèmes et qui peut s’avérer moins fiable. Cela à pu jouer un rôle pour une moindre propagation de l’arme.

Selon l’article de magazine cité ci-dessus, le pistolet Lepage 1924 semble ne pas être répandu à cause de son coût de fabrication. C’est étonnant car c’est une arme très simple si l’on la compare avec ses concurrents.

Certains pistolets ont, pour les deux versions 7,65 Browning et 9 mm court, une carcasse identique. Il aurait été intéressant de comparer cette version avec celle en 9 mm court.  Voir même de réaliser un canon en 9 mm court et de faire des tests de compatibilité (dans le respect de la législation !).

Le concepteur de cette arme, Mr Bernard Meyer semble t’il, a appliqué la simplification par la division à la carcasse. L’article sur le pistolet AMT Backup II a mis en exergue ce principe mis en œuvre sur la culasse. Les questions qui se posent alors sont :

  • existe t’il un concepteur qui a réuni les deux simplifications  (carcasse et culasse) sur une même arme ?

  • existe t’il une arme qui pousse à l’extrême le principe de la simplification par la division ?

Nous clôturons momentanément la trame tissée lors des derniers articles. Cela aura permis de la circonscrire pour un certain temps. Le prochain article ne tournera pas autour de ce sujet cependant nous y reviendrons lorsque le temps sera venu et lorsque de nouveaux éléments seront présents. Je tenterai alors de répondre aux deux questions posées et  d’affuter votre réflexion.

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La Fonderie à la cire perdue appliquée à la fabrication des pièces d’armes

La fonderie à la cire perdue est un procédé industriel que l’on a déjà abordé dans deux articles. Appliqué au monde de l’armement ou autre, ce procédé permet d’ébaucher des pièces et de diminuer les temps de fabrication.

Vous pourrez retrouver ces articles en cliquant sur les liens ci-dessous :

Vu l’emploi courant de la micro-fusion dans le monde de l’armement, il est important de voir de plus près en quoi consiste exactement ce procédé et les étapes menant de la pièce en cire à la pièce finie. “Pièce finie” (entre guillemet), car une pièce finie de micro-fusion est une ébauche qui sera livrée au fabricant d’arme en vu d’y appliquer différents traitements pour obtenir des pièces prêtes à l’emploi.

Voici une vidéo en français pour vous expliquer les principes de base de la fonderie à la cire perdue. Sources  Youtube : Génie Civil (Art & Techniques).

A travers un second extrait, vous verrez qu’elles sont les étapes de la fabrication d’une ébauche de carcasse de pistolet type Colt 1911 (chez le fabricant Maximus Arms) au moyen de la fonderie à la cire perdue.

Bien que le film soit en anglais, on peut parfaitement comprendre quelles sont les phases successives. La compréhension sera renforcée si vous avez regardé la première vidéo auparavant.

L’usinage qui suit l’ébauche est, lui, resté secret.

Pour voir la vidéo d’origine :

Sources : How a Maximus Arms 1911 is made / Chaine Youtube : Talking Lead

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=XEGOw0YlQ-g

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Le pistolet AMT Backup 2 en 380 acp

Par le précédent article, nous avons vu un revolver de défense de micro-fusion. Dans ce nouvel article, nous verrons un pistolet de défense : le pistolet AMT Backup 2. Il est fabriqué en grande partie avec le même procédé. Il s’agit de deux armes équivalentes sur certains points : même capacité, puissance similaire mais avec pour chacun une identité propre et donc des avantages et inconvénients propres.

Une nouvelle fois ce qui va animer cet article, c’est la volonté de pointer du doigt les choix des concepteurs et de les comparer avec ceux du revolver Charter Arms.

L’arme présente sur les photos est “dans son jus”. Elle a été succinctement nettoyée mais sans plus. Ce sera l’occasion d’un développement en conclusion.

Présentation de l’arme

Le Backup II est un petit pistolet de défense qui a été produit de 1993 à 1998 par  le fabricant AMT. L’entreprise a été fondée en 1977. Arcadia Machine and Tool (AMT) était un fabricant d’armes à feu d’Irwindale en Californie. La production d’arme par AMT semble s’étaler de 1982 à 1995. Depuis cette date, l’entreprise a été rachetée à plusieurs reprises pour finalement l’être par High Standard (du moins à l’heure ou je rédige ces lignes). En regardant le site internet de cette dernière entreprise, ici, on ne peut pas dire que les produits AMT soient fortement représentés.

Vous retrouverez ici plus en détail les modèles proposés à l’origine par AMT. L’entreprise a construit ses armes autour de procédés rapides d’obtention de pièces, je pense à la micro-fusion. Il est impressionnant de voir que sur la totalité des pièces, un fort pourcentage de celles-ci sont réalisées à partir d’une ébauche obtenue par ce procédé.

AMT Backup II, vue de dessus.

Caractéristiques de l’arme :

  • calibre : 380 auto, 9 mm Browning court,  9 x 17 mm ;
  • longueur de l’arme : 149 mm ;
  • hauteur de l’arme (avec chargeur) : 94 mm ;
  • hauteur de l’arme (sans chargeur) : 101 mm ;
  • épaisseur de l’arme : 23,5 mm ;
  • poids de l’arme (avec chargeur vide) : 462 grammes ;
  • poids de l’arme (avec chargeur garni de 5 cartouches) : 507 grammes ;
  • capacité du chargeur : 5 coups ;
  • matière : acier inox, plastique, aluminium.

Ce pistolet est une arme à culasse non calée, dit autrement, il n’y a pas de verrouillage.  La pression n’est pas suffisante pour devoir maintenir la culasse liée au canon avant la sortie de la balle du canon et donc avant la retombée de la pression. L’inertie de la culasse, la force du ressort récupérateur, l’armement du marteau sont des forces, entre autres, qui retardent l’ouverture de la culasse. Le mécanisme est plus simple, les pièces moins compliquées à construire et à assembler. On ne peut pas utiliser ce type de mécanisme avec tous les calibres.

Selon les normes CIP pour le calibre 9 mm court ( 9 x 17 mm , 380 auto) :

  • la pression maximale moyenne : 1500 bar ;
  • la pression moyenne d’épreuve : 1950 bar.

Cartouches 380 ACP, 9 x 17 mm, 9 mm court.

Le 380 auto est un excellent calibre. Concomitamment au fait d’avoir de faibles pressions (comme on l’a vu ci-dessus : il en résulte des armes simples car sans verrouillage), la vitesse de la balle est subsonique donc l’emploi d’un modérateur de son doit être terriblement efficace. Et cela avec un poids de balle supérieur au 7,65 mm Browning. Donc une énergie à l’impact supérieure mais une flèche supérieure aussi. Gardez cela dans un coin de votre esprit et testez le quand vous en aurez l’opportunité.

La carcasse

Caractéristiques de la carcasse :

  • la carcasse (sans le canon) entre dans un bloc capable de dimensions : 120 mm x 73 mm x 16 mm (la hauteur passe à 88,5 mm si on inclus le canon) ;
  • matière : acier inoxydable ;
  • les dimensions du logement de chargeur : 28 mm x 11,66 mm ;
  • nombre de pièces : 12.

La carcasse d’un pistolet est comme celle d’un revolver, c’est une pièce maitresse qui réunit les emplacements des fonctions majeures : logement du mécanisme de détente, logement du mécanisme de gâchette, logement du marteau, logement du ressort de marteau, logement du chargeur, logement du canon, les rails de guidage de la culasse… Donc beaucoup d’usinage important sur une seule pièce qui est finalement un carrefour ou pour reprendre un mot à la mode dans le monde de l’armement contemporain : une plateforme.

AMT Backup II, vue du logement du mécanisme de percussion.

Certaines de ces fonctions dépendent l’une de l’autre. Chacune d’elle est le maillon d’une chaine ou les tolérances de fabrication des pièces influent sur la longueur de la chaine. L’armurier est là pour harmoniser le tout.

Il n’y a pas de sécurité de percuteur, une pédale de sûreté (pièce de micro-fusion) au dos de la poignée limite la course de la gâchette lorsque la main du tireur ne presse pas entièrement la poignée.

L’usinage du logement de queue de détente est souvent un ensemble d’usinages complexes sur le Backup II, ce n’est pas le cas. Deux usinage simples … et cela fonctionne.

Les plaquettes de crosse sont en plastique noir.

Le canon

Il existe plusieurs façons de maintenir un canon à sa place. Ici, le canon est soudé sur la carcasse. Ce n’est pas un choix très courant. Un canon fixe améliore la précision. Nous étudions ici une arme de défense, la précision n’est pas forcément ce qu’on lui demande le plus. Ce n’est donc pas pour des raisons de précision que le canon est fixe mais probablement pour certaines facilités de fabrication. Des traces d’usinages existent au niveau de la soudure qui démontre qu’une étape est organisée après soudure pour réduire d’éventuelle surépaisseur.

Le canon mesure : 67 mm (chambre incluse).

AMT Backup II, l’entrée de chambre.

Les parois du canon sont fines. Le diamètre extérieur est : 12,8 mm. Les normes CIP donne pour ce calibre les dimensions d’âme suivantes :

  • sommet des rayures : 8,84 mm ;
  • creux des rayures : 9,04 mm ;
  • pas des rayures : selon le constructeur : 1 tour sur 16 pouces  (soit 406 mm), selon les normes CIP : 1 tour sur 250 mm.

Le diamètre intérieur de la chambre est : 9,62 mm. Soit une épaisseur de parois au niveau de la chambre de : 1,59 mm.

Le logement de l’extracteur est sur la génératrice supérieure du canon.

Le mécanisme de détente et de percussion

Le mécanisme est assez simple, il ne fonctionne qu’en simple action. Il est composé d’une détente, une barrette séparatrice, une gâchette, un marteau. Le tout est animé par quelques ressorts.

AMT Backupup II, les pièces constituant le mécanisme.

Deux sûretés existent sur cette arme :

  • une pédale de sûreté intervenant sur la gâchette. Si le servant ne presse pas complètement la pédale, la gâchette ne peut pivoter autour de son axe ;

  • un levier de sûreté coté gauche qui lui aussi agit sur le déplacement de la gâchette.

AMT Backup II, la détente.

La détente est produite par micro-fusion. Le ressort de la détente se place en son centre. Quelques points d’oxydation sont présents.

AMT Backup II, la barrette séparatrice.

La barrette séparatrice est en deux morceaux. L’épaisseur de cette pièce est : 1 mm. Cette pièce parait fine…mais bon ça fonctionne. Un petit cylindre est serti dessus.

AMT Backup II, la gâchette.

La gâchette est une pièce de micro-fusion. Elle a une excroissance de chaque coté. A gauche pour limiter les mouvements par la sûreté manuelle, à droite pour la pédale de sûreté arrière et la barrette séparateur. La gâchette de l’arme que l’on voit ici est oxydée comme plusieurs pièces du mécanisme.

AMT Backup II, vue du marteau et de ses 2 crans.

Le marteau est une pièce de micro-fusion. Il est fendu en son centre pour recevoir l’éjecteur. Deux crans ont été taillés à sa base (un cran demi armé et un cran armé).

AMT Backup II, vue sur l’éjecteur qui se trouve au centre du marteau.

L’éjecteur se trouve au milieu du marteau. Il s’agit d’une tôle découpée visiblement par emboutissage.

AMT Backup II, l’arrêtoir de chargeur.

Le verrou de chargeur est une pièce aux formes complexes. Il aurait été particulièrement long et couteux de le réaliser autrement qu’en micro-fusion. L’arrêtoir de chargeur se trouve à la base de la poignée. Il faut déchausser l’arme pour extraire le chargeur.  Dans une action d’urgence, il y a moins de chance de perdre le chargeur qu’en pressant un poussoir qui se trouverait près du pouce… A voir selon les goûts.

AMT Backup II, la pédale de sûreté.

AMT Backup II, la pédale de sûreté.

La pédale de sûreté est aussi une pièce de micro-fusion. Tout comme la barrette séparateur, les parois de la pédale sont très fines. Cela démontre la finesse de ce procédé.

La culasse et la simplification par la division

La chose importante du point de vue de la conception et qui relie cet article au précédent, c’est la culasse. Seule la culasse a suivi la voie de la simplification par la division. Celle-ci est en deux parties. Je  les appellerais le corps de la culasse et la tête de culasse. (voir photos ci-dessous).

La culasse entre dans un bloc capable de : 124,5 mm x 31,5 mm x 20,3 mm. Elle en acier. Je pense que l’ébauche de la pièce provient de micro-fusion. Je dis “je pense” car ce n’est pas flagrant. Ce qui me fait dire cela est la forme de l’emplacement du marteau. Le  marteau n’étant pas apparent, il faut lui aménager un emplacement interne (comme sur le pistolet Ruby). Ce logement, sur le pistolet Backup II, ne peut être obtenu par un usinage classique (fraisage), il n’a pas de trace de fraise (rayon de la fraise, ici les angles sont vifs). La micro-fusion est très fine.

Le ressort récupérateur et sa tige guide se logent sous le canon.

La culasse est en deux partie, ce qui divise la difficulté de fabrication. On crée ainsi des accès là ou on il n’y en avait pas. On limite le nombre de rebus possible après des usinages complexes. Le choix d’avoir une cuvette de tir amovible est très utile aussi si l’on fabrique un même modèle d’arme en plusieurs calibres. Si le corps de culasse est identique pour différents calibres, il suffit alors de changer la “tête de culasse” selon la version. Le pistolet Backup II n’existe qu’en 380 auto.

La tête de culasse est amovible. Elle entre dans un bloc capable de : 35,3 mm x 14,8 mm x 14 mm. Elle est maintenue sur le corps de la culasse par une goupille élastique type mécanindus (diamètre : 3 mm). L’effort produit par les gaz de combustion ne s’applique pas sur la goupille. Dit autrement, la pièce secondaire n’est pas seulement maintenue en place par une goupille élastique. Mais le concepteur a aménagé des surfaces d’appui de la pièce secondaire sur le corps de la culasse. Au départ du coup la pression appliquée par l’intermédiaire de l’étui vient plaquer la tête de culasse sur ses butées arrières, dans le corps de la culasse.

La tête de culasse se démonte par le dessus du corps de la culasse, après extraction de la goupille. Il faut prendre soin de rentrer le percuteur dans son logement avec un tournevis fin ou en utilisant l’extracteur (voir plus loin dans cette article) sinon vous ne pourrez pas désolidariser les deux pièces car le percuteur butte à l’intérieur du corps de la culasse.

La culasse n’est pas dotée d’une sécurité de percuteur.

Le poids de la culasse complète est : 178 grammes. Le poids du corps de la culasse est : 145 grammes. Le poids de la tête de la culasse est : 32 grammes. Le poids de la goupille d’assemblage est : 1 gramme. Ces données sont importantes à des fin de comparaison entre arme de même catégorie, calibre.

La culasse est guidée à l’avant par le canon, à l’arrière par deux petits tenons à droite et à gauche de la carcasse. Le canon dépasse de 1,8 mm de la culasse. La course de la culasse  : 34,35 mm (de sa butée avant à sa butée arrière).

La longueur maxi de la cartouche (selon les normes CIP) : 25 mm. La longueur maxi de l’étui : 17,33 mm.

Une excroissance du dessous de l’extracteur maintien le percuteur dans son logement. Finalement une seule goupille (celle de l’extracteur, ou plus exactement un axe) donne la cohésion à l’ensemble.

L’excroissance de l’extracteur qui maintien le percuteur est utile pour la désolidarisation de la tête de culasse du corps de culasse. En effet, l’arrière du percuteur bute dans l’intérieur de la culasse lors du démontage. Hors en relevant l’extracteur, vers le dessus, cela a pour but d’enfoncer le percuteur dans son logement donc l’arrière du percuteur ne bute plus à l’intérieur de la culasse.

Le chargeur

Caractéristiques :

  • dimensions du chargeur : 85 mm x 40,2 mm x 16 mm ;
  • dimensions de la section du chargeur : 27 mm x 11,4 mm ;
  • la contenance du chargeur : 5 cartouches ;
  • nombre de pièces : 5.

La planchette élévatrice et le verrou de fond de chargeur sont en plastique. Le fond de chargeur est en aluminium, il possède une forte excroissance qui est très importante pour la prise en main de l’arme. Sans celle-ci, le tireur aurait la place pour un doigt et demi… voir un seul selon sa morphologie.

Le fond de chargeur en alu qui fait office de repose doigt.

Conclusion

Si l’on compare le pistolet Backup II et le revolver de Charter arms, ces deux armes ont des similitudes. Mais alors …lequel choisir pour sa défense ? Est il plus intéressant de prendre un revolver ? Un pistolet ? Doit on privilégier un mécanisme de revolver en simple et double action ou un pistolet chambré, marteau à l’armé et doté d’une pédale de sûreté ? Est ce que l’on pourrait porter un revolver chargé, marteau à l’armé sous prétexte que l’arme est doté d”une sécurité de percuteur ? Est on certain que 5 cartouches suffiront à régler le problème auquel on doit faire face ? Dans le cas inverse, quel mode de rechargement est le plus efficient ? Ces questions ont pour but de provoquer la réflexion du lecteur sur les divers choix possibles.

Les revolvers sont, je pense, comme les fusils à pompe. Bien que les fusils automatiques en calibre 12 existent, les fusil à pompe ne seront probablement jamais détrônés et bien que l’on perde en rapidité de tir et temps d’alimentation on gagne en fiabilité et en rusticité. Le revolver fait parti de l’éventail des choix possibles d’un collectionneur et d’un usagé.

L’arme que nous avons vu ici est dans son jus. Elle n’a été que très succinctement nettoyée pour la rédaction de cet article. Elle est sensée être en acier inoxydable or on a vu sur les photos qu’une légère fleur de rouille est présente par endroit. Il aurait été aisé de sabler l’arme pour retirer cette fleur de rouille (même dans les plus petits recoins) et de lui redonner un air de jeunesse. Tout ça pour dire qu’un démontage intégrale est de temps en temps utile même si les armes sont vendues comme étant en acier inoxydable, certain de ces aciers s’oxydent. Une visite périodique en profondeur évite aussi les mauvaises surprises après l’achat ou la récupération d’une arme d’occasion.

Lorsque autant de pièces d’une même arme sont fabriquées par ce procédé, l’économie de temps doit être conséquente. Encore faut il que les pièces soient correctement finies. Deux écoles pourraient être en compétition. La première serait de limiter au stricte minimum les interventions après ébauche (on accepterait alors des imperfections d’état de surface et un rendu un peu brut), la seconde serait de réaliser des ébauches avec suffisamment de matière pour réusiner toute les surfaces et avoir dans ce cas une pièce esthétiquement parfaite aux tolérances plus fines. Dans ce dernier cas, on ne bénéficie pas entièrement des économies offertes par la micro-fusion.

La réputation des armes AMT n’a pas toujours été fantastique : problèmes de construction, de conception, de finition, d’alimentation. C’est selon certaines sources internet la raison de la revente de l’entreprise. Que vaut une entreprise dont les produits ne sont pas fantastiques ? Pourquoi acheter une entreprise si les fruits de celle-ci ne sont viables et souffrent d’une mauvaise réputation? C’est une question dont il serait intéressant d’avoir les dessous pour les armuriers qui seraient tentés d’investir dans une marque ou d’en créer une.

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