Dans ce nouvel article, on verra une arme peu documentée : le Lepage mle 1924 en 7,65 Browning.
Dans le passé, j’ai eu la possibilité d’avoir entre les mains un pistolet de ce modèle. N’ayant plus l’arme à ma disposition, je ne pourrais donner plus de renseignement que les éléments relevés et retranscrit ici. Je vous communique les photos que j’avais pris à l’époque.
En plus de fournir des vues peu courantes, le présent article va permettre de compléter la trame tissée par les deux articles précédents :
- le revolver Charter Arms, une autre voie vers la simplification (l’article) ;
- le pistolet AMT Backup II en 380 acp (l’article) .
et nous permettre d’observer une autre voie de la simplification par la division appliquée aux armes de poing. On a vu, lors de l’article sur le pistolet AMT Backup II que la simplification s’applique à cette arme sur la culasse. Sur le Lepage mle 1924, elle s’applique à la carcasse.
- Le pistolet Lepage mle 1924.
- Le pistolet Lepage mle 1924.
Le pistolet Lepage 1924
On peut lire dans un article de la gazette des armes numéro 196 de janvier 1990 (trouvable ici) : ” Les pistolets Lepage sont d’excellente qualité mais leur coût, trop élevé, ne leur permit pas de trouver des débouchés suffisants, c’est ce qui explique que ces armes soient si rares”.
Caractéristiques données dans l’article :
- longueur totale : 146 mm ;
- longueur du canon : 80 mm ;
- poids : 665 g ;
- capacité : 8 ;
- nationalité : Belge Bayard 1923 ;
- concepteur : Bernard Meyer.

Le pistolet Lepage 1924, les marquages.
Je suis étonné de lire cela car l’arme que nous avons sous les yeux ne comporte pas de difficulté particulière, au contraire. Je ne vois pas ou peuvent se cacher les surcoût de production (une main d’œuvre plus cher que dans certains pays voisins ?… peut être !). On verra dans la conclusion ce qui me semble être la raison d’une moindre diffusion.
Caractéristiques réelles de l’arme photographiée :
- poids de l’arme sans chargeur : 613 grs ;
- longueur du canon : 96,5 mm.

Le pistolet Lepage 1924, le marteau à l’armé.
La culasse est guidée à l’avant par le canon et la carcasse. Et à l’arrière par deux tenons qui sont portés par le support de mécanisme et non par la carcasse.
Le démontage utilisateur
A travers les quelques photos jointes, on peut voir que le démontage est plutôt simple.
Après avoir désolidarisée la clavette qui lie la carcasse et la platine support de mécanisme, cette dernière pivote autour d’un axe qui se trouve en bas de la poignée pistolet. La culasse n’est plus guidée, elle se démonte par le haut.
La carcasse
La carcasse entre dans un bloc capable de dimensions : 124 mm x 96 mm x 14,8 mm.
Voilà l’ensemble qui nous intéresse le plus car c’est lui qui bénéficie de la division par la simplification. Avoir une platine amovible peut permettre, selon l’option choisie, d’alléger l’usinage du puit de chargeur. Cet usinage est généralement une opération compliquée qui peu demander un outillage spécifique (en cas de brochage par exemple). Mais, si l’on se sert de deux pièces, c’est le cas sur cette arme, on crée une ouverture à l’arrière de la poignée pistolet qui autorise l’emploi de fraise standard. Une platine amovible permet aussi de redonner la possibilité à l’utilisateur d’entretenir son arme plus correctement.
L’éjecteur fait parti de la carcasse. Une partie de la flasque gauche est tordue vers l’intérieur : c’est l’éjecteur.
L’épaisseur des flasques de chaque coté est : 2,1 mm et 1,8 mm. Il y a donc un petit décentrage du puit de chargeur par rapport à l’axe de la carcasse.
Il n’existe pas de barrette/séparateur qui relie la détente à la gâchette comme c’est le cas sur bon nombre de pistolet automatique. L’arme ici présentée est incomplète, elle m’avait été laissée sans chargeur. Cependant, il semblerait que ce soit le chargeur qui transmette le mouvement de la détente à la gâchette. En effet, en pressant la queue de détente, le tireur agit sur le chargeur qui est poussé vers l’arrière, il vient toucher la gâchette qui finalement libère le marteau.
Il existe néanmoins une fonction de séparation, elle est commandée par un usinage en creux au dessous de la culasse.
La queue de détente est bleuie.
La platine
Comme on l’a vu lors d’un article sur le revolver réglementaire français modèle 1892 ce dernier est démontable en quasi totalité rapidement par l’utilisateur. Avec le pistolet Star, Ruby et autres armes même plus prestigieuses, cette possibilité d’entretien du mécanisme par le servant est un rêve. Hors cela redevient possible avec le Lepage 1924 sans pour autant risquer un mauvais remontage. La platine se présente sous la forme d’un bloc comportant peu de pièces et facilement démontable de la carcasse comme on l’a vu supra.
Le pistolet Lepage 1924 est il le précurseur en matière de platine amovible ? Je ne sais pas. Cependant ce principe sera repris sous des formes différentes mais proches sur les armes réglementaires françaises (MAC 35 A, MAC 35S, MAC 50).
La largeur de la platine est : 11,2 mm. C’est également la largeur du puit de chargeur.
Les vis qui maintiennent la platine en place sont jaunies.
La culasse
La culasse entre dans un bloc capable de : 144,5 mm x 22,25 mm x ? (dimension non relevée à l’époque).
Le poids de la culasse est : 193 grammes.
Le logement de l’extracteur est placé sur le dessus de la culasse.
La culasse est en acier. Cette dernière est très simple et massive. Elle est en une seule partie, pas de simplification par la division pour elle.

Le pistolet Lepage 1924, vue de la cuvette de tir.
La face de la cuvette de tir est lisse. La cartouche doit entrer entièrement dans le canon. C’est un détail qui a son importance car : sachant que certaine carcasse de pistolet automatique sont communes entre leur version en 7,65 mm et 9 mm court, sachant que le canon du Lepage se démonte rapidement, sachant que le canon a un diamètre compatible avec les deux calibres et est très facile à produire (car il s’agit d’une pièce cylindrique) alors on se rendra compte que le seul remplacement du canon est nécessaire pour changer de calibre et cela peu se faire à moindre coût.
Il n’y a pas de sécurité de percuteur. Peu d’arme de cette époque en ont une.
Puisque la cuvette de tir est lisse, l’extracteur lui, doit ressortir de la cuvette de tir. Il doit être suffisamment long pour “aller chercher” la gorge de l’étui qui est entièrement entré dans la chambre.
Le canon
Le canon est un simple barreau cylindrique fileté sur lequel a été ajouté un guidon. Le diamètre extérieur est : 15 mm.
Le canon est maintenu en place dans son logement par un filetage mais également par une goupille transversale. La goupille a été extraite facilement, le canon aussi (sans outils spécifiques, en le serrant dans un étau avec des mors en V en aluminium et en faisant tourner la carcasse à la main).
L’encoche de l’extracteur est située sur la génératrice supérieure du canon.
Le canon est fileté au pas anglo-saxon de 30 filets par pouce soit : 0,846 mm. La partie filetée mesure : 23,2 mm de long. Le diamètre externe du filetage : 12,7 mm soit 1/2 pouce. Cela reste cohérent avec le pas en pouce également.
Sachant que le diamètre du corps d’un étui en 7,65 browning est : 8,5 mm. L’épaisseur des parois du canon au niveau de la chambre est : 2,1 mm environ.
Conclusion
Si j’ai pu, à travers la mise en ligne de ces photos, apporter des prises de vues rares et aider des amateurs à compléter leurs connaissances, j’en suis ravi. C’est le but de ce site.
Il est probable que cette arme arrive un peu tard, plusieurs décennies après le Browning 1900 ou 1910. Elle n’amène rien de plus tout en étant plus volumineuse et massive.
Le choix du principe de transmission de la course de détente à la gâchette par le chargeur est peu courant. C’est un choix qui peu amener quelques problèmes et qui peut s’avérer moins fiable. Cela à pu jouer un rôle pour une moindre propagation de l’arme.
Selon l’article de magazine cité ci-dessus, le pistolet Lepage 1924 semble ne pas être répandu à cause de son coût de fabrication. C’est étonnant car c’est une arme très simple si l’on la compare avec ses concurrents.
Certains pistolets ont, pour les deux versions 7,65 Browning et 9 mm court, une carcasse identique. Il aurait été intéressant de comparer cette version avec celle en 9 mm court. Voir même de réaliser un canon en 9 mm court et de faire des tests de compatibilité (dans le respect de la législation !).
Le concepteur de cette arme, Mr Bernard Meyer semble t’il, a appliqué la simplification par la division à la carcasse. L’article sur le pistolet AMT Backup II a mis en exergue ce principe mis en œuvre sur la culasse. Les questions qui se posent alors sont :
-
existe t’il un concepteur qui a réuni les deux simplifications (carcasse et culasse) sur une même arme ?
-
existe t’il une arme qui pousse à l’extrême le principe de la simplification par la division ?
Nous clôturons momentanément la trame tissée lors des derniers articles. Cela aura permis de la circonscrire pour un certain temps. Le prochain article ne tournera pas autour de ce sujet cependant nous y reviendrons lorsque le temps sera venu et lorsque de nouveaux éléments seront présents. Je tenterai alors de répondre aux deux questions posées et d’affuter votre réflexion.