AK 47 de la Khyber pass ?

Une quantité importante de Kalashnikov a été fabriquée dans le monde. Les productions sont inégales selon les pays et les fabricants, allant des grandes usines et ingénieurs étatiques produisant des centaines de milliers d’armes aux constructions anecdotiques et unitaires.

Le grand nombre d’armes que doit fabriquer un état pour doter ses unités exige de normaliser son outil de production pour rechercher l’homogénéité du lot et l’interchangeabilité des pièces. A contrario, les fabrications en petite série n’ont pas obligatoirement besoin de cette normalisation car les pièces ne sont pas forcément destinées à être interchangeables rapidement, elles peuvent être ajustées plus ou moins manuellement.

Un hasard de la vie m’a permis d’avoir en main une arme destinée à un musée français. La première question que j’ai eu en la découvrant a été : qui a construit cette arme ?

Je vous présente aujourd’hui cette arme qui m’a interpellé à l’époque.

Une kalashnikov de la Khyber pass ?

Avec le temps, je me pose une autre question : cette arme ne serait elle pas le fruit d’une production locale pakistanaise. Une localité située au nord est du Pakistan, proche de la frontière Afghane, du nom de Darra Adam Khel est un lieu de production d’armes et d’accessoires. Le St Etiènne du Pakistan.

Pour les lecteurs qui ne connaissent pas cet endroit, voici une vidéos trouvées sur le net :

https://www.youtube.com/watch?v=fRte65F_KRk

On voit sur cette vidéo des moyens de production très divers mais éloignés des standards étatiques.

Il semblerait que les temps aient changé, les armuriers revendent leur échoppe suite aux renforcement des contrôles du gouvernement Pakistanais et des mentalités qui changent. Les magasins d’électronique remplacent les échoppes des armuriers.

L’AK 47 en question

L’arme dont je vous parle ici provient d’Afghanistan. J’ignore dans quelle circonstance elle s’est retrouvée à destination d’un musée Français et même comment s’est retrouvée en Afghanistan. Cependant, j’ai souhaité vous parler de cette Kalashnikov car le niveau de finition n’a pas le standard des grandes usines étatiques. Bien que les photos ne “rendent” pas vraiment les défauts, il sera détaillé infra les sous-ensembles qui imposent le plus de commentaires. Je trouve que deux pièces sont particulièrement mal usinées. Il s’agit de la carcasse et du support de culasse.

Le support de culasse

L’ensemble mobile d’une Kalashnikov est composé de la culasse, du support de la culasse avec son piston d’emprunt des gaz. Les deux pièces sont intéressantes à observer car on distingue un niveau de finition différent entre la culasse et son support. En effet, autant le support n’est pas très joli autant la culasse semble avoir une finition convenable.

Kalasnikoff, AK 47, finitions, finish area, bolt handle

Vue de la partie arrière du support de culasse.

Si les parties visibles du support de culasse ont l’air présentables, il n’en est pas de même pour les parties internes donc non visibles de l’extérieur. Voici quelques photos :

Que peut on constater sur les photos ci-dessus ?

Les portions les plus importantes pour le fonctionnement fiable d’une arme sont les parties cachées. En effet, ce sont d’elles que vont dépendre les relations entre les diverses fonctions mécaniques.

Ici les parties internes n’ont pas été soignées, c’est l’extérieur qui a reçu le plus gros effort. On pourrait en déduire que la priorité du fabricant fut l’apparence et moins la fiabilité.

Si l’on regarde l’arrière du support de culasse, on voit que ce dernier a été abimé par les coups successifs du marteau. On verra dans le prochain chapitre l’état du marteau. La matière n’est visiblement pas adapté.

Kalasnikoff, AK 47, bot handle, support de culasse,

Vue de la partie arrière du support de culasse.

La culasse

Des traces d’emploi de burin sont visibles sur la culasse. De nos jours, c’est rare d’employer pour une grande série ce type d’outil. Il nécessite au moins une seconde étape de finition pour diminuer les traces laissées par le burin et obtenir des surfaces plus régulières, plus planes. Ce qui n’est pas le cas ici, le ou les ouvriers ce sont arrêtés à la première étape.

Le logement de la queue de culasse a aussi été négligé , il est brut de perçage. Qu’est ce que cela aurait couté au fabricant de percer un trou plus petit et de passer un alésoir ? Ca n’a pas été fait. La culasse a dans son logement un jeu important. Vous allez me dire que pour une Kalash ce n’est pas étonnant. Ce qui est vrai sans l’être car bien qu’il y ait du jeu dans les équivalents de l’est de l’Europe, ce jeu est bien moins important et les pièces sont parfaitement réalisées.

La culasse ne porte aucun numéro. Il est possible qu’elle ne soit pas d’origine. Comme il est dit supra, cette dernière est mieux finie que son support. Peut être vient elle d’un sous-traitant qui ne fabrique que des culasses et donc maitrise mieux sa fabrication. Ca peut être une hypothèse.

Les irrégularités du logement de “queue” de culasse n’ont pas endommagé la culasse. La surface de verrouillage ne porte pas de trace d’utilisation, de tir. Contrairement à l’arrière de son support, l’arrière de la culasse n’a pas été abimée par le marteau.

La carcasse

Selon la version de Kalashnikov, deux types de carcasse sont possibles :

  • Soit une carcasse fraisée, c’est à dire l’obtention de celle-ci par fraisage, perçage… (donc par enlèvement de matière) depuis un lopin massif d’acier  ;

  • Soit une carcasse estampée obtenue par le pliage d’une tôle de 1 mm sur laquelle viendra se riveter le support de canon (à l’extrémité avant), le support de crosse (à l’extrémité arrière), le rail de l’éjecteur (soudé par point à l’intérieur coté gauche), le rail opposé à l’éjecteur (soudé par point à l’intérieur coté droit).

AK 47 sans son couvre culasse.

AK 47, vue de l’entée de chambre.

La carcasse que nous avons ici est une version fraisée. Les photos ne rendent pas parfaitement l’état des défauts visibles à l’œil nu.

L’immense majorité des pièces sont finies à la lime puis bronzer. Il n’y a pas d’étape de finition intermédiaire et visiblement ce ne sont pas des limes fines.

La gâchette est de travers dans son logement. Il provient d’un jeu excessif entre l’axe et son logement et d’un jeu important entre la gâchette et la queue de détente.

Voici quelques photos :

On peut voir ci-dessus l’état du marteau, il est maté à force d’avoir frappé le support de culasse. Ce n’est pas ce que l’on attend d’une arme de guerre. Surtout vu la dangerosité du théâtre Afghan.

Des usinages sous l’éjecteur me laissent penser que la pointe de l’éjecteur a été soudée sur la carcasse.

L’état de surface de la chambre n’est pas lisse on peut voir des cercles concentriques probablement laissés par la fraise.

La couleur un peu rouge de la carcasse peut nous indiquer une bonne teneur en carbone de l’acier.

Les marquages

Les marquages trouvés sur cette arme laissent à penser qu’il s’agit d’une arme chinoise, une AK 47 type 56. Est ce vrai ? Je ne suis pas un expert de la Kalashnikov en général, ni de sa version chinoise en particulier. Le 56 des inscriptions de l’arme semble avoir été refrappé sur d’anciens chiffres (pas très visible sur la photo).

Marquage AK 47 chinoise. AK 47 chinese

Vue sur les marquages.

Si vous avez des photos de marquage de type 56, n’hésitez pas à me les faire parvenir pour comparaison.

La conclusion

Il ne me semble pas que ce fusil d’assaut soit de fabrication chinoise. J’ai peine à croire qu’un grand pays comme la Chine ne soit pas capable de produire une arme de guerre avec une  finition convenable.

Pour certaines pièces, la qualité des aciers semble bien médiocre. Il y a juste à regarder les déformations du métal pour se rendre compte qu’il est malléable et qu’il n’est pas adapté aux efforts qu’il subit.

Les usinages successifs qui sont mal coordonnés montrent un moyen de production et des procédures mal maitrisés. Comme il est dit dans l’introduction, le fait d’avoir une interchangeabilité des pièces , exigée par les grandes productions de masse,  demande des tolérances très serrées. Pour les obtenir, il vous faut des machines et outillages rigides accompagnés de procédures strictes ce qui permet d’obtenir des états de surfaces très propre et des pièces dans les tolérances, prêtes à être assemblées avec peu d’interventions manuelles.

Les finitions des Kalashnikov des pays d’Europe de l’est sont très bien finies par rapport à la version que nous avons étudiée. L’image populaire qui voudrait que Kalashnikov rime avec mécanique agricole n’est pas juste. Les aciers et leurs traitements sont de bonne qualité.

Je n’ai pas utilisé cette arme et ne peux donc pas démontrer clairement l’implication directe ou indirecte des finitions sur la qualité du tir.

Une arme pour quelle utilisation ?  Une arme mal usinée et mal finie dont l’intérieur et les organes de contrôle de son tir ne sont pas terribles est une arme qui n’est pas faite pour durer. Il semble qu’elle ait été faite plus pour être vendue que pour être utilisée. Cela ne peut donner satisfaction à long terme. Autant se consacrer à la qualité et ne pas perdre son temps avec des fabrications trop sommaires.

Si vous possédez une authentique Kalashnikov type 56 n’hésitez pas à me faire parvenir des photos, elles me permettront de comparer les exemplaires.

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Le mécanisme Manufrance Buffalo

J’aimerais vous faire découvrir ou redécouvrir un mécanisme très intéressant. Il a été décliné dans différents calibres et même dans les versions, “Eureka” et “Mitraille”, tirant respectivement deux et trois coup en même temps. Ce mécanisme est celui de la carabine Manufrance modèle Buffalo. Nous l’étudierons via divers extraits de catalogues et une version didactique.

Le mécanisme Buffalo

De l’assemblage d’une arme autour d’un mécanisme Buffalo, il en résultera une arme très élégante. Lorsque l’on recherche des armes modernes de calibre identique ou de type similaire, on va rencontrer essentiellement des carabines dites de jardin. Or le cachet et la finition de ces équivalents modernes non absolument rien à voir avec la conception, le charme et la finesse de la Buffalo. Les carabines Manuarm ou Gaucher sont des équivalents modernes plus économiques et plus grossières aussi.

Vue normale et en coupe

Distribué autour d’une carcasse massive en acier, le mécanisme Buffalo  est composé de peu de pièces mais des pièces de bonnes dimensions. Il parait peu probable qu’un bris de pièce survienne. Le cas échéant, je pencherais d’avantage vers la casse d’un ressort mais pas celui du percuteur, il est énorme. Bien que ce mécanisme soit d’apparence simple, les formes de ces éléments sont loin de l’être et demandent de nombreuses étapes d’usinage, d’ajustage et de finition. Les formes de l’élément principal de l’ensemble mobile par exemple ne se font plus sur des armes modernes. De nos jours, on recherche principalement des formes géométriques facilement réalisables. Ce qui est quelques part une aberration puisque de nos jours les machines à commande numérique peuvent faire des merveilles. Il apparait alors que nos pairs préféraient d’avantage l’élégance à la rentabilité maximale. Peut être aussi qu’une certaine complexité mécanique était la norme et ne les empêchait pas d’être rentable…à méditer.

Vue du mécanisme en coupe

Mécanisme Buffalo didactique

La carabine Buffalo est une arme à verrou dont le verrouillage se fait directement sur le canon. Le canon porte les tenons, la culasse-obturateur porte leurs logements, en règle générale c’est l’inverse. Les tenons de verrouillage sont massifs, chacun mesure : 15 mm de haut, 5,8 mm de largeur, 1,3 mm d’épaisseur. L’obturation ou l’ouverture se fait en 1/4 de tour, en manipulant le levier d’armement. Cette pièce regroupe plusieurs fonctions tel que : le verrouillage/l’obturation, l’armement du percuteur, une sécurité de percuteur par la non percussion si le levier d’armement n’est pas en position basse.

Le canon est vissé sur la carcasse par un filetage de 28 x 100. Deux petites vis d’arrêt le maintiennent en place de chaque coté du canon. Divers versions et profils ont été fabriqués. En raison de la présence des tenons de verrouillage sur le canon, si l’on souhaitait démonter ce dernier, il faudrait, après avoir ôté les deux petites vis d’arrêt de chaque coté, visser le canon  afin qu’il sorte par l’arrière de la boite de culasse.

Grâce à un pan incliné qui force le percuteur à reculer, le servant arme le percuteur lorsqu’il actionne le levier de la culasse. Le percuteur reste à l’armé sur la gâchette quand l’ensemble mobile est ouvert. La gâchette est portée par l’ensemble mobile.

Le mécanisme de percussion de la carabine Manufrance Buffalo.

Vue de la partie basse de l’ensemble mobile.

En refermant le bloc culasse ou l’ensemble mobile, la gâchette vient de nouveau se placer au dessus de la queue de détente. Une fois le chargement et l’obturation réalisés, le tireur s’il actionne la queue de détente pourra faire feu.

Le canal de percuteur.

Manufrance Buffalo, le percuteur.

L’aspect télescopique de la culasse permet de réduire l’encombrement du mécanisme tout en ayant un vrai accès à la chambre ce qui est très important puisqu’il s’agit d’une arme à chargement manuel. Peu d’armes modernes autorisent un accès aussi important. Culasse fermée, le mécanisme à une longueur de : 148 mm (sans compter la partie qui entre dans le fût).

Vue sur le percuteur et le canal de prcuteur.

Vue de dessus, la culasse est verrouillée, le percuteur est à l’armé.

Les pièces sont toutes parfaitement réalisées, on ne trouve pas de trace d’usinage à la surface de celles-ci. Seul le temps et la corrosion en ont maltraité certaines.

La crosse est vissée sur la carcasse. La vis est accessible sous la plaque de couche. Si vous changez cette vis, faites attention à sa longueur, elle peut agir sur le mécanisme (notamment venir toucher la queue de détente).

Le démontage de l’ensemble mobile

Le démontage utilisateur du mécanisme de la carabine Buffalo consiste en la désolidarisation de l’ensemble mobile de la carcasse puis de l’obturateur et du percuteur.

  • Déverrouiller et ouvrir la culasse ;
  • Pousser la queue de détente vers l’avant ;
  • Tirer l’ensemble mobile vers l’arrière pour le désolidariser de la carcasse ;
  • Récupérer l’extracteur qui va, suite à l’étape précédente, sortir de son logement ;
  • Forcer (raisonnablement) l’ouverture du levier d’armement au delà de sa butée ;
  • Sortir la culasse-obturateur vers l’avant ;
  • Appuyer sur la gâchette pour libérer le percuteur (ne pas se mettre en face) en s’aidant d’une butée en bois.

Le démontage du restant des pièces en place demande de l’outillage.

Si vous possédez un exemplaire de cette arme, ce serait probablement une bonne chose de démonter l’ensemble queue de détente/levier de démontage car il est fort possible que ces pièces et leur logement n’ont pas connues de nettoyage depuis de nombreuses années. Pour ce faire, vous devez chasser les deux goupilles au dessus de la queue de détente. Pour la même raison, poursuivez par le démontage de la gâchette. Nettoyer consciencieusement l’ensemble (pièces, ressorts et logements) puis remonter le tout proprement après un léger graissage. Si vous ne vous sentez pas capable de le faire, ou si vous n’êtes pas capable de le faire proprement (ce qui à mes yeux est pareil), faites le faire par un professionnel. Ne considérez pas que ce soit de l’argent perdu, vu qu’il s’agit d’une arme qui ne peut prendre que de la valeur, c’est un investissement.

Détails de l'ensemble mobile.

Manufrance Buffalo, mécanisme en position ouvert

Des canons particuliers

Comme cité dans l’introduction, le mécanisme s’est décliné dans des versions particulières : la Buffalo Mitraille et Buffalo Eureka.

Gravure carabine Buffalo Mitraille

Buffalo Mitraille

Gravure carabne Buffalo Eureka

Buffalo Eureka

Qui s’amuserait de nos jours, à percer dans un même barreau d’acier deux ou trois âmes ? Probablement pas grand monde. La raison est que cet exercice rassemble plusieurs difficultés majeures, à savoir:

  • Le perçage sans que le forêt ne dévie de sa trajectoire sur une longueur de 45 à 60 cm ;
  • Le rayage de l’âme du canon alors que ce dernier ne se trouve pas au centre du barreau. Il est plus difficile de trouver une surface de référence dans ce cas ;
  • Le résultat en cible doit être groupé à une distance de référence et pas trop se disperser si l’on s’écarte de la distance de référence.

Il est facile de percer un barreau de métal d’un seul trou traversant. Si l’on désire obtenir un canon concentrique, il suffit alors de passer au tour à métaux l’extérieur du barreau et ainsi obtenir l’extérieur en ayant comme référence l’intérieur (usinage entre-pointe). Or ici, c’est bien plus complexe. Comme si la carabine Eureka ne suffisait pas avec ses deux âmes dans un seul barreau, les ingénieurs de Manufrance ont conçu la Buffalo mitraille qui possède 3 âmes.

Puisque ces deux ou trois coups partent en même temps, cela implique un percuteur adapté. Puisque l’on est amené à extraire les trois étuis tirés ensemble, il faut également un extracteur à deux ou trois emplacement. Donc une pièce aussi plus complexe.

Il serait intéressant de connaitre quelles ont été les motivations des ingénieurs de Manufrance ayant menées à la production de la Buffalo Mitraille ou Eureka. Il est bien dommage de ne pouvoir remonter dans le temps et de débattre avec ces hommes et femmes de leurs visions et des moyens de réalisation disponibles à l’époque. C’était un choix audacieux, il a été fait.

Conclusion

Manufrance a une place toute particulière dans mon coeur à plus d’un titre. Cette place est renforcée lorsque l’on étudie en  profondeur les mécanismes provenant de cette entreprise. Sur la durée, on constate une continuité. Il s’agit du coté synthétique des mécanismes des armes de Manufrance. Sous une apparente simplicité se cache des mécanismes terriblement bien conçus, solides, comportant peu de pièces, utilisant des matériaux de grande qualité. On pourrait croire que la simplicité est aisé, ce n’est pas le cas. Le fait d’employer peu de pièces cache des pièces aux multiples fonctions et aux formes complexes. On peut inclure dans cette trame commune : le pistolet Le français, la carabine Buffalo, le fusil Simplex, le fusil Robust, le fusil Idéal…

Ce sont désormais des armes d’une autre époque ou les produits de France et de la vieille Europe devaient s’exporter en tout point du globe (Afrique du nord, Afrique noire, Indochine, Amérique du sud, Océanie, Europe…) et résister à toutes sortes d’agressions pour se transmettre de génération en génération.

J’ai commencé ce métier, après l’obtention de mon diplôme, en travaillant dans une armurerie parisienne. A deux pas de celle-ci, qui existe toujours, se trouve un foyer de travailleurs Maliens. Ces derniers à la recherche du “marfa ciré” (orthographe probablement mauvaise, traduction : bon fusil) achetaient, pour envoyer au Mali, des fusils monocoup Baikal mais le fusil qui avait à leur yeux un véritable intérêt était le fusil Simplex. C’était aux environs des années 1994- 2000 : bien après la fermeture de Manufrance.

Je rends hommage à travers cet article aux ingénieurs, techniciens, armuriers de Manufrance qui ont eu le talent de construire des mécanismes fiables et robustes.

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FEIN 65, démontage du canon.

Certaines informations sont difficiles à trouver car peu documentées. Soit qu’elles  n’aient aucun intérêt ou que personne n’ait pensé à mettre ces informations en forme et  à disposition du grand public. Laissez moi vous présenter une de ces informations peu répandues, à savoir, comment est monté le canon d’un Fein 65 (arme à air comprimé) sur la carcasse ?

Ayant sous la main un exemplaire de cette arme en état moyen, j’en ai profité pour répondre à cette question.

Le démontage du canon

Avant d’essayer une méthode de démontage en particulier, il faut définir ce que l’on estime être la méthode de montage du canon. Les modes de montage  possibles :

  • Vissé ;
  • Inséré en force ;
  • Goupillé ;
  • Collé ;
  • Soudé (peu probable ici) ;
  • Plusieurs des solutions citées ci-dessus ;

Me concernant, n’ayant aucune certitude. J’hésite entre plusieurs choix probables (montage à la presse ou vissage). J’envisage deux options :

  • Passer le canon à la presse et tenter de l’extraire vers l’avant. Si le canon est vissé sur la boite de culasse, je risque d’endommager les pièces en arrachant le filetage ;
  • Usiner la boite de culasse pour supprimer tout ou partie de la tension autour du canon et ainsi voir si le canon est, ou pas, vissé dans la boite de culasse. C’est un moyen destructif.

Je décide de tester la première option. Si elle ne fonctionne pas, de me rabattre sur la seconde. Pour ce faire :

  • j’ai percé une plaque d’acier d’environ 10 mm d’épaisseur avec un forêt de diamètre 13 mm. Elle va me servir de butée de boite de culasse ;
  • Réalisation du logement du canon sur le poussoir de canon (le canon étant conique);

Fein 65, usinage du poussoir à la forme du canon.

  • Présentation du montage sur la presse ;

Fein 65, démontage du canon.

  • Suite à la première mise en pression, il s’avère que le poussoir n’est pas adapté. Le premier poussoir est une vis de culasse de voiture. Cette dernière s’est tordu sous l’ effort de la presse (voir photo ci-dessous). Le second poussoir utilisé est une barre pleine en acier de diamètre 20 mm.

Fein 65, remplacement du premier poussoir par une barre pleine.

  • Avec ce nouveau poussoir, l’effort de la presse s’est pleinement appliqué au canon. Après un claquement, le canon est sorti de son logement. Le claquement est du à la casse de deux circlips en acier.

Fein 65, le canon est démonté. On observera la gorge et un des deux le clips cassé.

  • A la vue de ces circlips, il semblerait que le canon soit monté en le poussant depuis l’intérieur de la boite de culasse. Donc, j’aurais du le démonter en le poussant vers l’intérieur de la boite de culasse. Ce qui n’aurait pas cassé les circlips.
  • Le logement du canon sur la boite de culasse est propre. Le diamètre du logement du canon dans la boite de culasse est 13 mm. Le bris des deux circlips (butée du canon sur la boite de culasse) n’a pas endommagé le logement du canon.

Une suite possible

Quelle pourrait être la suite de cet article ? Il serait tout à fait intéressant :

  • De réaliser un filetage sur la boite de culasse et de remonter divers canons.  On pourrait alors tester un Fein 65 en calibre 5,5 mm ou  6,35 mm, par exemple. Attendu que le logement du canon sur la boite de culasse est : 13 mm. Le filetage retenu pourrait être le 14 x 100 ;
  • De voir si le volume d’air comprimé produit par le mécanisme d’origine est suffisant pour propulser un projectile plus gros et plus lourd que le projectile d’origine ?
  • De réaliser des mesures de vitesse des différents calibres pour différentes longueurs de canon ?
  • De monter des canons plus long pour tester si le volume d’air est suffisant ;
  • Si les essais s’avéraient concluant, il serait alors possible de décliner le Fein 65 dans une version carabine à air comprimé…, voir carabine à air comprimé take down ;
  • D’envisager cette méthode de démontage pour remplacer un canon usé et ainsi reconditionner des Fein 65 de club de tir ;
  • De démonter un second Fein 65 mais cette fois en poussant le canon vers l’intérieur de la boite de culasse pour comparer les deux méthodes ;
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