Le revolver Colt Détective en 38 sp

Je vous propose de continuer notre travail de comparaison par l’étude d’un revolver Colt Détective en Calibre 38 spécial. Cet article est l’écho d’un article précédent sur le revolver Charter Arms, ce sont deux équivalents mais de construction, de culture, d’époque différente. Il y a un grand intérêt à réaliser ce genre de comparaison car cela nous permet, par l’étude de modèles qui ont comptés, de définir le schéma directeur des évolutions techniques et culturelles lié à la conception de l’armement de petit calibre . En l’occurrence ici, ce n’est pas seulement une description du Colt Détective qui est recherchée mais l’incitation à la réflexion sur le schéma directeur de la conception des revolvers.

Le bronzage particulièrement foncé de l’arme limite la perception des petits détails sur les photos, j’espère néanmoins que vous y trouverez tout ce que vous y recherchez.

Le Colt Détective est un emblème de la marque, très présent dans les films américains où policiers et gangsters d’une certaine époque se font face. Cette arme a été fabriquée entre 1927 et 1986 puis de 1993 à 1995. Le modèle à évoluer dans le temps, nous nous limiterons, pour l’instant, à la présente version.

Caractéristiques générales

  • L’épaisseur : 35,6 mm ;
  • La hauteur : 98 mm ;
  • La longueur (diagonale canon / crosse) : 198 mm ;
  • Le calibre : 38 Spécial ;
  • La capacité : 6 cartouches ;
  • Longueur du canon : 54,2 mm ;
  • Poids de l’arme : 649 grammes ;
  • Mécanisme : simple et double action.

La carcasse

La carcasse est en acier forgé puis usiné. La poignée fait partie intégrante de la carcasse ce qui n’est pas le cas de tous les revolvers. La simplification par la division ne s’est pas appliquée à cette pièce.

Un bronzage noir profond est appliqué sur des pièces bien polies.

La carcasse est la pièce maitresse de l’arme sur laquelle se monte tous les autres éléments. Les axes des pièces du mécanisme sont rapportés sur la carcasse. Ils ne sont pas démontable par l’utilisateur. En cas de bris d’un de ces axes, il serait possible d’extraire le morceau restant aisément car les axes sont traversants.

Sous les plaquettes de crosse, on peut voir la trace provenant du matriçage. La poignée est de type square butt. Il existe des modèles de poignée round butt.

Le canal de percussion est une pastille rapportée sertie sur la carcasse. Elle est donc potentiellement remplaçable avec un outillage adapté. Le bronzage de la pastille est présent, l’arme a peu tirée.

Vue du canal de percuteur du Colt Detective.

La photo ci-dessus nous montre également où se trouve l’emplacement du logement de la pièce qui fait tourner le barillet : l’élévateur de barillet. Si l’on se place derrière la crosse et que l’on prenne comme référence le verrou, on peut voir que ce logement est situé à gauche donc le barillet tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. Sur bon nombre de revolver, c’est l’inverse : l’élévateur de barillet se trouve à droite et le barillet tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

La hausse est taillée dans la carcasse, le guidon est taillé dans le canon.

Les plaquettes de crosse sont en bois. Elles sont maintenues ensemble par une vis traversante. En plus de la vis, un pion en acier monté sur la carcasse limite le mouvement des plaquettes de crosse.

Le mécanisme

Le revolver Colt Détective est une arme qui fonctionne en simple et double action.

Vue de la plaque de recouvrement du mécanisme du Colt Detective.

Le mécanisme est “caché” sous la plaque de recouvrement. Pour y accéder (par le coté gauche de l’arme), il faut dévisser les deux vis de plaque de recouvrement puis à l’aide d’un outil, de préférence non métallique, soulever la plaque. Dessous, vous y trouverez cela :

Vue du mécanisme monté sur la carcasse du Colt Detective.

Ci-dessous, vous pourrez voir la position des pièces du mécanisme lorsque le marteau est à l’armé ou au repos.

Les mécanismes des revolvers ayant peu évolués. Globalement vous trouverez dans un revolver moderne : un chien, une queue de détente/gâchette, un élévateur de barillet, un ressort de percussion, un mécanisme de sécurité du percuteur, un mécanisme de verrouillage du barillet.

Sorti de son logement le mécanisme de percussion ressemble à cela :

Les pièces maitresses du mécanisme du Colt Detective.

Le ressort de percussion est en V. C’est un ressort en V moderne, on est loin de celui du revolver Français mle 1892.

A partir du moment ou l’on prend le parti d’ouvrir la plaque de recouvrement, il faut avoir l’œil pour ne rien perdre et se rappeler la place de chaque pièce. Le levier de manœuvre du verrou de barrillet est monté sur la plaque de recouvrement. Cette dernière s”encastre dans la carcasse. Au remontage, il faudra prendre soin de faire correspondre le pion du verrou de barillet et son levier de manœuvre.

Le chien est en acier usiné, il a une forme très intéressante. On ne peux pas franchement dire qu’il a subit une optimisation. Une bielle sert de lien avec le ressort de marteau.

Le percuteur est attelé sur le marteau. Les cotés latérales ont été très bien polie, il en devient difficile de situer l’axe du percuteur. En cas de remplacement, il faudra agir à tâton pour retrouver la place de l’axe et le chasser de son logement.

La queue de détente est en acier usiné et de forme classique.

L‘élévateur de barillet est en acier, je n’ai pas trouvé de traces de micro-fusion. Cette pièce qui est portée par la queue de détente assure la rotation du barillet. Si vous armez le marteau (simple action) ou pressez la queue de détente (double action), c’est l’élévateur de barillet qui fait tourner le barillet (après déverrouillage) et amènera une nouvelle chambre dans l’axe du canon.

Le Colt détective est doté en bonne arme moderne d’une sécurité de percuteur. La queue de détente commande ce système de sécurité de percuteur. Si le servant ne presse pas la queue de détente il ne peut y avoir de percussion.

Le levier de commande pivote autour de son axe et est actionné par le ressort en V de percussion. Il agit sur l’élévateur de barillet (donc la queue de détente) et sur le verrou du barrillet. Je ne parle pas ici du verrou qui empêche le barrillet de basculer mais celui qui empêche le barillet de tourner.

Le barillet a deux verrous, le premier autorise ou non l’ouverture du barillet donc le basculage sur le coté gauche de l’arme.

Le verrou empêchant l’ouverture du barillet.

Le second  empêche le barillet de tourner autour de son axe. Dit autrement, le second verrou de barrillet conserve alignée une des chambres du barillet et l’axe du canon. Ci dessous le second verrou et son ressort.

A la fin du démontage du mécanisme, vous trouverez la carcasse vidée de son contenu.

Le barillet et son pivot

  • Le diamètre du barillet : 35,6 mm ;
  • La longueur du barillet : 39,7 mm ;
  • La capacité du barillet : 6 coups ;
  • L’espace entre le barillet et la face arrière du canon : 0,15 mm ;
  • Diamètre de sortie des chambres : 9,02 mm .

Le barillet et ses pièces.

L’étoile du barillet à pour moi une importance particulière. Pour un revolver, il existe de nombreuses formes d’étoile possibles . Que ce soit la forme de la partie extracteur de l’étoile , la forme de la fonction de rotation du barillet, l’axe central ….

Je pense que les encoches servant à la rotation du barillet en disent long sur les choix des concepteurs et les outils industriels utilisés. Ces encoches sont plus ou moins simple selon le fabriquant et le modèle de revolver. Ici elles sont plutôt simples. On pourra voir au fil des articles sur les revolvers quels sont ces choix et à quelle période ils ont été fait.

Six encoches sont présentes sur la partie cylindrique du barillet. Elles sont les logements du verrou limitant la rotation du barillet. Ce dispositif assure qu’une chambre reste en face du canon. Les encoches ne sont pas sur la génératrice du barillet mais légèrement décentrées ce qui n’est pas très étonnant lorsque l’on voit l’épaisseur de métal restant entre le diamètre extérieur du barillet et l’intérieur de la chambre.

Le verrou de barrillet est porté par la carcasse. Le rôle de ce verrou est d’empêcher  le barillet de basculer sur le coté. Sur le Colt Détective, le barillet s’ouvre sur la gauche. Le verrou pénètre au centre de l’étoile du barillet dans un logement prévu à cet effet.

Le pivot de barillet est en 2 parties, l’axe de rotation sur la carcasse est rapporté sur le “corps” du pivot. On peut voir ci-dessous l’emplacement d’une goupille.

Le canon

Le canon est en acier. Il est taillé dans un seul morceau de métal. Après 1972, la tige de l’éjecteur entre dans un emplacement usiné sous le canon. Il est étonnant que cette protection n’ait pas été conçue à l’origine car une faible torsion de l’éjecteur entrainerait le non emploi de l’arme par la difficulté ou l’impossibilité d’éjecter les étuis des cartouches tirées.

Caractéristiques du canon :

  • Longueur du canon : 54,2 mm ;
  • Longueur de l’épaulement du filetage : 18,2 mm ;
  • Diamètre de l’épaulement avant le filetage : 12,3 mm ;
  • Diamètre du filetage : 14 mm ;
  • Pas du filetage : 32 filets par pouce soit : 0,79 mm ;
  • L’espace entre le barillet et la face arrière du canon : 0,15 mm .

Le canon sorti de son logement :

Il est maintenu en place sur la carcasse par serrage à un certain couple.  Il n’y a pas de goupille ni de trace de frein filet. Je n’ai pas eu le temps de réaliser le montage utile à l’obtention du couple de serrage. Ce montage doit être fait avec un minimum de précaution car il doit englober correctement la fenêtre du barrillet au risque de vriller la carcasse.  Il faut aussi un outil qui enveloppe du mieux possible le pourtour du canon pour ne pas abimer les arrêtes de la pièce.

Le logement du canon sur la carcasse :

Le revolver Détective version aluminium

Il existe une version de cette arme avec carcasse en aluminium. Le poids de l’arme est considérablement diminué. L’arme passe de 649 grammes à 470 grammes, on sent franchement la différence.

La version à carcasse alu que j’ai pu avoir en main n’étant pas en bon état (oxydation des parties métalliques et usure du traitement de surface : anodisation noire), j’ai préféré ne pas faire figurer de photo de celle-ci dans l’article. En revanche, j’ai souhaité vérifier si le diamètre et le pas du filetage du canon était le même que sur la version à carcasse en acier. Attendu la moindre résistance de l’aluminium ou pour d’autres raisons techniques, le constructeur a t’il fait évoluer sa fabrication selon les versions ?

Voici les valeurs relevées :

  • Longueur de l’épaulement du filetage : 18 mm ;
  • Diamètre de l’épaulement avant le filetage : 12,3 mm ;
  • Diamètre du filetage du canon : 14,1 mm ;
  • Pas du filetage : 32 filets par pouce soit : 0,79 mm.

Le canon de la version aluminium du Colt Détective.

Il n’y a pas différence entre les deux versions. Cependant, un détail technique est particulièrement frappant. Le couple de serrage du canon sur la carcasse est très bas. Sur la photo ci-dessous, on peut voir la position de la génératrice supérieure du canon (axe du guidon) par rapport à la génératrice supérieure de la carcasse (axe de la hausse) après serrage à la main. Il reste très peu de rotation à faire faire au canon pour qu’il retrouve sa place d’origine. De plus, pas de frein-filet et aucune goupille ne viennent empêcher le canon de se dévisser.

La position du canon après un serrage à la main.

Un des inconvénient d’une arme de défense (arme destinée à être portée régulièrement) à carcasse en aluminium est l’usure du traitement de surface. Les armuriers ont l’habitude de bronzer des pièces en acier mais l’anodisation est un procédé moins courant.

Conclusion

Comme toutes les armes d’un grand constructeur ayant suivi une longue évolution dans le temps, on ne peux pas reprocher au Colt Détective d’éventuel défaut de finition.

Chacun à ses préférences, en ce qui me concerne, je ne suis pas un grand fan de ce mécanisme. Je pense qu’il n’a pas été optimisé, que certaines pièces ne sont pas facile à ajuster en cas de remplacement de pièce. Cela vient, je pense, de l’historique de l’arme. En effet, la version que nous avons sous les yeux est l’évolution d’un modèle né au environ des années 1920. Il est probable que par choix de conserver l’identité du modèle, il n’y a pas eu de changement profond à part la sécurité de percuteur qui a été ajoutée.

Avec cette série d’articles sur les revolvers, j’espère pouvoir vous apporter les outils nécessaires à  vos propre analyses, aiguiser votre œil critique pour vous permettre de faire vos choix et de ne pas dépendre d’un commercial ou d’un technicien. La série continuera au fil de mes envies et opportunités. Je souhaite avoir l’honneur de vous présenter des équivalents dans les marques suivantes : Smith/Wesson, Taurus, Rossi, Ruger, Manurhin, …

A quel moment de notre trame sera t’il possible de définir quelle est la quintessence du revolver. C’est à dire l’arme qui regroupe tout les avantages de sa catégorie et qui ne possède aucun point faible (indépendamment du prix) ? J’ai bien un petit avis sur la question mais je vous laisse découvrir les prochains articles et vous faire votre opinion.

 

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