Le revolver Colt Détective en 38 sp

Je vous propose de continuer notre travail de comparaison par l’étude d’un revolver Colt Détective en Calibre 38 spécial. Cet article est l’écho d’un article précédent sur le revolver Charter Arms, ce sont deux équivalents mais de construction, de culture, d’époque différente. Il y a un grand intérêt à réaliser ce genre de comparaison car cela nous permet, par l’étude de modèles qui ont comptés, de définir le schéma directeur des évolutions techniques et culturelles lié à la conception de l’armement de petit calibre . En l’occurrence ici, ce n’est pas seulement une description du Colt Détective qui est recherchée mais l’incitation à la réflexion sur le schéma directeur de la conception des revolvers.

Le bronzage particulièrement foncé de l’arme limite la perception des petits détails sur les photos, j’espère néanmoins que vous y trouverez tout ce que vous y recherchez.

Le Colt Détective est un emblème de la marque, très présent dans les films américains où policiers et gangsters d’une certaine époque se font face. Cette arme a été fabriquée entre 1927 et 1986 puis de 1993 à 1995. Le modèle à évoluer dans le temps, nous nous limiterons, pour l’instant, à la présente version.

Caractéristiques générales

  • L’épaisseur : 35,6 mm ;
  • La hauteur : 98 mm ;
  • La longueur (diagonale canon / crosse) : 198 mm ;
  • Le calibre : 38 Spécial ;
  • La capacité : 6 cartouches ;
  • Longueur du canon : 54,2 mm ;
  • Poids de l’arme : 649 grammes ;
  • Mécanisme : simple et double action.

La carcasse

La carcasse est en acier forgé puis usiné. La poignée fait partie intégrante de la carcasse ce qui n’est pas le cas de tous les revolvers. La simplification par la division ne s’est pas appliquée à cette pièce.

Un bronzage noir profond est appliqué sur des pièces bien polies.

La carcasse est la pièce maitresse de l’arme sur laquelle se monte tous les autres éléments. Les axes des pièces du mécanisme sont rapportés sur la carcasse. Ils ne sont pas démontable par l’utilisateur. En cas de bris d’un de ces axes, il serait possible d’extraire le morceau restant aisément car les axes sont traversants.

Sous les plaquettes de crosse, on peut voir la trace provenant du matriçage. La poignée est de type square butt. Il existe des modèles de poignée round butt.

Le canal de percussion est une pastille rapportée sertie sur la carcasse. Elle est donc potentiellement remplaçable avec un outillage adapté. Le bronzage de la pastille est présent, l’arme a peu tirée.

Vue du canal de percuteur du Colt Detective.

La photo ci-dessus nous montre également où se trouve l’emplacement du logement de la pièce qui fait tourner le barillet : l’élévateur de barillet. Si l’on se place derrière la crosse et que l’on prenne comme référence le verrou, on peut voir que ce logement est situé à gauche donc le barillet tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. Sur bon nombre de revolver, c’est l’inverse : l’élévateur de barillet se trouve à droite et le barillet tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

La hausse est taillée dans la carcasse, le guidon est taillé dans le canon.

Les plaquettes de crosse sont en bois. Elles sont maintenues ensemble par une vis traversante. En plus de la vis, un pion en acier monté sur la carcasse limite le mouvement des plaquettes de crosse.

Le mécanisme

Le revolver Colt Détective est une arme qui fonctionne en simple et double action.

Vue de la plaque de recouvrement du mécanisme du Colt Detective.

Le mécanisme est “caché” sous la plaque de recouvrement. Pour y accéder (par le coté gauche de l’arme), il faut dévisser les deux vis de plaque de recouvrement puis à l’aide d’un outil, de préférence non métallique, soulever la plaque. Dessous, vous y trouverez cela :

Vue du mécanisme monté sur la carcasse du Colt Detective.

Ci-dessous, vous pourrez voir la position des pièces du mécanisme lorsque le marteau est à l’armé ou au repos.

Les mécanismes des revolvers ayant peu évolués. Globalement vous trouverez dans un revolver moderne : un chien, une queue de détente/gâchette, un élévateur de barillet, un ressort de percussion, un mécanisme de sécurité du percuteur, un mécanisme de verrouillage du barillet.

Sorti de son logement le mécanisme de percussion ressemble à cela :

Les pièces maitresses du mécanisme du Colt Detective.

Le ressort de percussion est en V. C’est un ressort en V moderne, on est loin de celui du revolver Français mle 1892.

A partir du moment ou l’on prend le parti d’ouvrir la plaque de recouvrement, il faut avoir l’œil pour ne rien perdre et se rappeler la place de chaque pièce. Le levier de manœuvre du verrou de barrillet est monté sur la plaque de recouvrement. Cette dernière s”encastre dans la carcasse. Au remontage, il faudra prendre soin de faire correspondre le pion du verrou de barillet et son levier de manœuvre.

Le chien est en acier usiné, il a une forme très intéressante. On ne peux pas franchement dire qu’il a subit une optimisation. Une bielle sert de lien avec le ressort de marteau.

Le percuteur est attelé sur le marteau. Les cotés latérales ont été très bien polie, il en devient difficile de situer l’axe du percuteur. En cas de remplacement, il faudra agir à tâton pour retrouver la place de l’axe et le chasser de son logement.

La queue de détente est en acier usiné et de forme classique.

L‘élévateur de barillet est en acier, je n’ai pas trouvé de traces de micro-fusion. Cette pièce qui est portée par la queue de détente assure la rotation du barillet. Si vous armez le marteau (simple action) ou pressez la queue de détente (double action), c’est l’élévateur de barillet qui fait tourner le barillet (après déverrouillage) et amènera une nouvelle chambre dans l’axe du canon.

Le Colt détective est doté en bonne arme moderne d’une sécurité de percuteur. La queue de détente commande ce système de sécurité de percuteur. Si le servant ne presse pas la queue de détente il ne peut y avoir de percussion.

Le levier de commande pivote autour de son axe et est actionné par le ressort en V de percussion. Il agit sur l’élévateur de barillet (donc la queue de détente) et sur le verrou du barrillet. Je ne parle pas ici du verrou qui empêche le barrillet de basculer mais celui qui empêche le barillet de tourner.

Le barillet a deux verrous, le premier autorise ou non l’ouverture du barillet donc le basculage sur le coté gauche de l’arme.

Le verrou empêchant l’ouverture du barillet.

Le second  empêche le barillet de tourner autour de son axe. Dit autrement, le second verrou de barrillet conserve alignée une des chambres du barillet et l’axe du canon. Ci dessous le second verrou et son ressort.

A la fin du démontage du mécanisme, vous trouverez la carcasse vidée de son contenu.

Le barillet et son pivot

  • Le diamètre du barillet : 35,6 mm ;
  • La longueur du barillet : 39,7 mm ;
  • La capacité du barillet : 6 coups ;
  • L’espace entre le barillet et la face arrière du canon : 0,15 mm ;
  • Diamètre de sortie des chambres : 9,02 mm .

Le barillet et ses pièces.

L’étoile du barillet à pour moi une importance particulière. Pour un revolver, il existe de nombreuses formes d’étoile possibles . Que ce soit la forme de la partie extracteur de l’étoile , la forme de la fonction de rotation du barillet, l’axe central ….

Je pense que les encoches servant à la rotation du barillet en disent long sur les choix des concepteurs et les outils industriels utilisés. Ces encoches sont plus ou moins simple selon le fabriquant et le modèle de revolver. Ici elles sont plutôt simples. On pourra voir au fil des articles sur les revolvers quels sont ces choix et à quelle période ils ont été fait.

Six encoches sont présentes sur la partie cylindrique du barillet. Elles sont les logements du verrou limitant la rotation du barillet. Ce dispositif assure qu’une chambre reste en face du canon. Les encoches ne sont pas sur la génératrice du barillet mais légèrement décentrées ce qui n’est pas très étonnant lorsque l’on voit l’épaisseur de métal restant entre le diamètre extérieur du barillet et l’intérieur de la chambre.

Le verrou de barrillet est porté par la carcasse. Le rôle de ce verrou est d’empêcher  le barillet de basculer sur le coté. Sur le Colt Détective, le barillet s’ouvre sur la gauche. Le verrou pénètre au centre de l’étoile du barillet dans un logement prévu à cet effet.

Le pivot de barillet est en 2 parties, l’axe de rotation sur la carcasse est rapporté sur le “corps” du pivot. On peut voir ci-dessous l’emplacement d’une goupille.

Le canon

Le canon est en acier. Il est taillé dans un seul morceau de métal. Après 1972, la tige de l’éjecteur entre dans un emplacement usiné sous le canon. Il est étonnant que cette protection n’ait pas été conçue à l’origine car une faible torsion de l’éjecteur entrainerait le non emploi de l’arme par la difficulté ou l’impossibilité d’éjecter les étuis des cartouches tirées.

Caractéristiques du canon :

  • Longueur du canon : 54,2 mm ;
  • Longueur de l’épaulement du filetage : 18,2 mm ;
  • Diamètre de l’épaulement avant le filetage : 12,3 mm ;
  • Diamètre du filetage : 14 mm ;
  • Pas du filetage : 32 filets par pouce soit : 0,79 mm ;
  • L’espace entre le barillet et la face arrière du canon : 0,15 mm .

Le canon sorti de son logement :

Il est maintenu en place sur la carcasse par serrage à un certain couple.  Il n’y a pas de goupille ni de trace de frein filet. Je n’ai pas eu le temps de réaliser le montage utile à l’obtention du couple de serrage. Ce montage doit être fait avec un minimum de précaution car il doit englober correctement la fenêtre du barrillet au risque de vriller la carcasse.  Il faut aussi un outil qui enveloppe du mieux possible le pourtour du canon pour ne pas abimer les arrêtes de la pièce.

Le logement du canon sur la carcasse :

Le revolver Détective version aluminium

Il existe une version de cette arme avec carcasse en aluminium. Le poids de l’arme est considérablement diminué. L’arme passe de 649 grammes à 470 grammes, on sent franchement la différence.

La version à carcasse alu que j’ai pu avoir en main n’étant pas en bon état (oxydation des parties métalliques et usure du traitement de surface : anodisation noire), j’ai préféré ne pas faire figurer de photo de celle-ci dans l’article. En revanche, j’ai souhaité vérifier si le diamètre et le pas du filetage du canon était le même que sur la version à carcasse en acier. Attendu la moindre résistance de l’aluminium ou pour d’autres raisons techniques, le constructeur a t’il fait évoluer sa fabrication selon les versions ?

Voici les valeurs relevées :

  • Longueur de l’épaulement du filetage : 18 mm ;
  • Diamètre de l’épaulement avant le filetage : 12,3 mm ;
  • Diamètre du filetage du canon : 14,1 mm ;
  • Pas du filetage : 32 filets par pouce soit : 0,79 mm.

Le canon de la version aluminium du Colt Détective.

Il n’y a pas différence entre les deux versions. Cependant, un détail technique est particulièrement frappant. Le couple de serrage du canon sur la carcasse est très bas. Sur la photo ci-dessous, on peut voir la position de la génératrice supérieure du canon (axe du guidon) par rapport à la génératrice supérieure de la carcasse (axe de la hausse) après serrage à la main. Il reste très peu de rotation à faire faire au canon pour qu’il retrouve sa place d’origine. De plus, pas de frein-filet et aucune goupille ne viennent empêcher le canon de se dévisser.

La position du canon après un serrage à la main.

Un des inconvénient d’une arme de défense (arme destinée à être portée régulièrement) à carcasse en aluminium est l’usure du traitement de surface. Les armuriers ont l’habitude de bronzer des pièces en acier mais l’anodisation est un procédé moins courant.

Conclusion

Comme toutes les armes d’un grand constructeur ayant suivi une longue évolution dans le temps, on ne peux pas reprocher au Colt Détective d’éventuel défaut de finition.

Chacun à ses préférences, en ce qui me concerne, je ne suis pas un grand fan de ce mécanisme. Je pense qu’il n’a pas été optimisé, que certaines pièces ne sont pas facile à ajuster en cas de remplacement de pièce. Cela vient, je pense, de l’historique de l’arme. En effet, la version que nous avons sous les yeux est l’évolution d’un modèle né au environ des années 1920. Il est probable que par choix de conserver l’identité du modèle, il n’y a pas eu de changement profond à part la sécurité de percuteur qui a été ajoutée.

Avec cette série d’articles sur les revolvers, j’espère pouvoir vous apporter les outils nécessaires à  vos propre analyses, aiguiser votre œil critique pour vous permettre de faire vos choix et de ne pas dépendre d’un commercial ou d’un technicien. La série continuera au fil de mes envies et opportunités. Je souhaite avoir l’honneur de vous présenter des équivalents dans les marques suivantes : Smith/Wesson, Taurus, Rossi, Ruger, Manurhin, …

A quel moment de notre trame sera t’il possible de définir quelle est la quintessence du revolver. C’est à dire l’arme qui regroupe tout les avantages de sa catégorie et qui ne possède aucun point faible (indépendamment du prix) ? J’ai bien un petit avis sur la question mais je vous laisse découvrir les prochains articles et vous faire votre opinion.

 

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Le fusil à pompe Squire Bingham calibre 12

Le fusil à pompe Squire Bingham est un des rares fusils de ce type à avoir un canon vissé sur la carcasse. A travers cet article, nous aborderons les points suivants :

  • Présentation des pièces : carcasse, canon, culasse, tube magasin.
  • Le constructeur à rendu le canon et la carcasse solidaires. Est il nécessaire de démonter le canon ? Si oui, pourquoi et comment faire ? Comment remonter le canon après démontage ?
  • Comment est usinée la carcasse du fusil à pompe Squire Bingham ? Pour quelle raison l’emplacement du logement du verrou de culasse est il sur la carcasse ?

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Présentation des pièces

La boite de culasse

La boite de culasse du fusil à pompe Squire Bingham est en acier. C’est une pièce massive, elle pèse : 858 grammes.

Elle entre dans un bloc capable de dimensions : 188,5 mm x 63,1 mm x 34,6 mm.

A titre de comparaison, voici les dimensions du bloc capable d’une carcasse de Remington 870 : 199 mm x 59 mm x 34,1 mm.

L’intérieur de la boite de culasse :

Les deux modèles qui ont été démontés pour la rédaction de cet article sont différents. Je ne l’avais pas vu au premier abord mais l’un possède une tringle de liaison tandis que l’autre en possède deux. On le voit sur la photo ci-dessous.

Vision des faces avant de deux carcasses de fusil à pompe Squire Bingham.

Les faces avant de deux carcasse de fusil à pompe Squire Bingham.

Lors de l’analyse de l’arme, j’ai remarqué que l’arrière de la boite de culasse est une pièce rapportée. Une chose m’avait mis la puce à l’oreille : les usinages en angle vif de l’intérieur de la carcasse. Ce type d’usinage ne peut exister qu’avec des moyens de production particuliers hors je doute que ceux-ci soient appliqués à un fusil de cette marque à faible coût. Sur la face arrière de la boite de culasse, on aperçoit des traces de soudure en forme de rectangle. Je dirais de la brasure à l’argent ou un procédé proche.

La face arrière d’une carcasse de fusil à pompe Squire Bingham.

Vous trouverez ci-dessous des photos de l’arrière de la carcasse avec et sans  la pièce rapportée. C’est une chance de pouvoir faire cette comparaison car ce ne sont pas des prises de vues rependues.

Sur le Remington 870, le constructeur n’a pas fait ce choix. La carcasse est en une seule pièce. Il serait intéressant de réaliser une synthèse (réel ou numérique) entre le Squire Bingham et le 870. A savoir, un fusil à pompe ayant une carcasse en une seule pièce en acier et un canon fixe. Il y aurait probablement des avantages et des inconvénients. A voir… c’est un autre sujet.

Le logement du verrou de culasse est taillé dans la boite de culasse. Ce pourrait être un problème si le canon était démontable par le servant. Il faudrait alors surveiller que la pièce soit convenablement montée pour que la feuillure ne soit pas hors côtes. Le problème est résolu ici par le fait d’avoir un canon solidaire de la carcasse.

La culasse

La culasse et le verrou ne font qu’un. Le verrou est la petite excroissance inclinée qui se trouve à l’arrière, sur le dessus, de la culasse. En fin de mouvement avant, l’arrière de la culasse se relève et entre dans son logement (dans la carcasse).

Le canon

Le canon en acier est cylindrique. Il ne comporte pas de logement pour le verrouillage de la culasse ni de pièce rapportée qui le relie au tube magasin. Il est simplement vissé sur la boite de culasse (pas de colle, pas de goupille, pas de contre-vis).

Vue de la face arrière du canon du fusil à pompe Squire Bingham

L’entrée de chambre du canon.

Le diamètre extérieur au niveau de la chambre est : 30,5 mm. Les normes CIP donnent pour le calibre 12 un diamètre de chambre mini de : 20,65 mm / 20,30 mm . Ce qui donne une épaisseur de parois d’environ : 5 mm.

Un méplat existe  sur la génératrice inférieure du canon. C’est très bien, il va nous servir pour immobiliser fermement le canon sur un point rigide lors du démontage.

Le diamètre du filetage est : 27,8 mm.

Le pas du filetage est : 24 filets / pouce soit 1,058 mm.

La longueur de l’épaulement du filetage est : 16,8 mm.

Photo du filetage du canon d'un fusil à pompe Squire Bingham.

Gros plan sur le filetage du canon.

Le tube magasin

Le tube magasin est vissé sur la carcasse. Pour extraire la pompe, il faut desserrer le tube magasin de la carcasse. Ceci est du à la présence d’une bague et d’un ressort sur le corps, à l’extérieur du tube magasin. Ces derniers empêchent le démontage de la pompe par l’avant. Elle doit sortir par l’arrière du tube magasin donc si vous souhaitez nettoyer correctement votre arme de temps en temps : il faut démonter le tube magasin.

Vue des pièces du tube magasin qui empèchent le démontage par l'avant de la pompe du fusil à pompe Squire Bingham.

Le tube magasin, sa bague, son ressort.

Quatre trous à l’avant du tube magasin (dont deux servent au vis du bouchon avant de tube magasin) peuvent être utilisées à cette occasion. Cela se fait sans effort particulier à l’aide d’un chasse goupille ou d’un tourne-vis. Le tube n’est pas collé sur la carcasse.

A l’achat d’une arme d’occasion ou dans le cadre d’un entretien périodique, ça ne peut pas lui faire de mal d’être désolidarisé, nettoyé, graissé.

Le démontage du canon

Le démontage utilisateur n’inclus pas le démontage du canon. C’est un choix du constructeur. Pour quelles raisons devrions nous aller au delà de la volonté du constructeur ? Si l’arme est neuve, très bien entretenue ou si elle est toujours sous garantie, je pense qu’il n’est pas souhaitable de désolidariser les deux pièces. En revanche, si l’arme demande une révision profonde, en cas de bronzage, de présence de forte oxydation, de polissage de l’âme du canon, sablage, passage de la chambre en magnum… dans ces cas, il sera nécessaire de le démonter.

Pour ne pas risquer d’endommager les pièces et pour se créer la place nécessaire, avant le démontage du canon, démonter les organes inutiles :

  • La crosse ;
  • Le huit du tube magasin/canon ;
  • Le bouchon de tube magasin (il tient par deux vis) ;
  • La sous garde ;
  • La culasse ;
  • Le tube magasin ;
  • La pompe.

Les outils nécessaires :

  • L’interface (coté carcasse) ;
  • Un point fixe (coté canon) ;
  • Une clé dynamométrique.

Le montage sur la boite de culasse :

Vision de l'ensemble carcasse / canon prêt pour le démontage.

L’ensemble carcasse / canon sur son point fixe prêt à être démonté.

La méthode :

Le premier canon a été desserré à 220 N/m. Sur le second, un couple inférieur à 190 N/m a été suffisant.

Le remontage du canon

On va s’aider de deux marquages présents sur l’arme et crées à cet effet. Le premier est sur la carcasse, le second sur le canon. Comme vous l’aurez peut être deviné, en utilisant l’outillage cité ci-dessus il faut aligner les deux marquages.

Avant serrage, il y a un travail préparatoire à réaliser (nettoyer les pièces, supprimer les bavures, graisser les pièces, premier serrage à la main jusqu’à la butée sur la boite de culasse, observation…).

Conclusion

Le démontage et le remontage sont aisés. Il ne faut donc pas se priver et se donner les moyens d’offrir une bonne cure de jouvence à des armes qui en auraient besoin. Si vous ne souhaitez pas le faire vous même, faites le faire par un professionnel.

L’emplacement du verrou est porté par la boite de culasse. Cela est rendu possible par le canon non démontable par le servant. Dans le cas inverse, il faudrait surveiller la feuillure pour rester dans intervalle défini par les normes CIP. Ou alors rendre solidaire le logement du verrou et le canon. Comme c’est le cas sur de nombreux fusil à pompe ou fusil semi automatique

La platine est classique. Je n’ai pas souhaité développer ce sujet ici. L’ occasion me sera peut être donnée ultérieurement.

Le fusil à pompe Squire Bingham est une arme massive et rustique. C’est une arme qui est faite pour durer. Encore faut il qu’elle soit correctement entretenue et remise en état si nécessaire.

Un technicien doit rechercher des détails techniques dans chaque chose et à chaque instant. Même si vous ne possédez pas de fusil à pompe Squire Bingham, j’espère avoir stimulé, à travers cet article, votre sens de la curiosité.

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Le pistolet CANIK TP9 SF

Le pistolet CANIK semble avoir bon nombre de fans et de chroniques favorables. Les reportages sur lui se ressemblent. Que trouve t’on sous sa belle esthétique ?A quoi ressemble un pistolet CANIK TP9 SF de l’intérieur ?

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Présentation de l’arme

Caractéristiques de l’arme :

  • Calibre : 9 X19 ;
  • Longueur de l’arme : 230 mm ;
  • Hauteur de l’arme (avec chargeur) : 147 mm ;
  • Hauteur de l’arme (sans chargeur) : 138 mm ;
  • Epaisseur de l’arme :  33,5 mm ;
  • Poids de l’arme (avec chargeur vide) : 809 grammes ;
  • Capacité du chargeur : 18 coups ;
  • Matière : plastique, acier ;
  • Arme à culasse calée.
  • Lien vers le site web Canikarms : TP9 SF
  • Lien vers le manuel utilisateur

La carcasse

La carcasse reçoit les sous-ensembles suivants :

  • La queue de détente/barrette ;
  • Le bloc de support de canon ;
  • Le levier de démontage ;
  • L’arrêtoir de culasse ;
  • L’arrêtoir de chargeur ;
  • Le bloc arrière ;
  • Le dos de poignée.

La carcasse nue (dépouillée de tous ces éléments) pèse : 104 grammes. matière : plastique avec 4 inserts de guidage en acier.

A ce jour, il ne m’est pas possible de définir quel type de matière pastique est employé.

C’est une pièce joliment réalisée. Vous pourrez voir sur les prochaines photos, les emplacements des sous-ensembles sur la carcasse.

La queue de détente est en plastique. En son milieu, il y a un petit levier de sûreté. Lorsque le tireur presse la queue de détente, il efface la sureté.  La barrette séparatrice est classique, il s’agit d’une pièce en acier goupillée sur la queue de détente. Le ressort de rappel de queue de détente relie la barrette séparatrice et le bloc de détente à l’arrière de la poignée.

Désolidariser cet ensemble de la carcasse est compliqué. Pour ce faire, il faut extraire le levier de démontage puis le bloc de support de canon.

L’intérieur de la carcasse sans le bloc de détente.

Le bloc support de canon est une pièce en acier. Elle est issue de micro-fusion. Cette pièce commande le verrouillage ou le déverrouillage du canon lorsque l’on manipule la culasse. C’est une partie majeure de l’arme, elle absorbe de nombreux chocs et vibrations. Sur les pistolets Glock, cette pièce se fissure. Il est fort probable qu’il en soit ainsi sur cette arme également. La vitesse de recul de la culasse, l’usure du ressort récupérateur, le chargement des munitions sont directement liés à cet effet.

Le canon en position haute sur le bloc support de canon.

Pour démonter cette pièce, il faut au préalable démonter le levier de démontage. Ce qui n’est pas simple, on le verra plus loin. Le support de canon est maintenu dans son logement par deux goupilles dont une est l’axe de la queue de détente et d’arrêtoir de culasse.

Certaines parois de la pièce me paraissent fines. A combien de tir résisterait t’elle avant de se fissurer. Un torture test pourrait nous donner des indications sur le sujet. Je ne suis pas en mesure de faire ces tests à ce jour.

Pour désolidariser l’ensemble culasse/canon de l’arme, il faut abaisser le levier de démontage. Cela se fait via un petit axe transversal, il maintien le canon. L’effacer c’est libérer le canon, libérer le canon c’est démonter la culasse.

Ce sous-ensemble est particulièrement difficile à extraire de la carcasse. Je pense qu’il aurait pu bénéficier d’une meilleur conception, une goupille d’environ 1,5 mm a du mal à sortir de son logement. A chaque coup de marteau, le ressort de levier de démontage amorti l’effet du marteau.

L’arrêtoir de chargeur est un rectangle en acier. C’est une pièce de micro-fusion. Le ressort de cette pièce est un fil d’acier de bon diamètre. L’arrêtoir de chargeur est ambidextre. Si l’on souhaite échanger le poussoir de côté, il faut retirer le ressort d’arrêtoir de chargeur par le dessus du puit de chargeur pour inverser l’arrêtoir. C’est bien de pouvoir fournir cette fonctionnalité à ces clients mais sur le CANIK TP9 SF, il n’est pas aisé de remettre le ressort en place après changement de côté.

L’arrêtoir de culasse est une tôle d’acier matricée. Bien que complexe, cette pièce est très bien réalisée. L’axe de queue de détente est l’axe de l’arrêtoir de culasse. Son ressort est maintenu en place entre la carcasse plastique et le support de canon. Pour extraire le ressort de son logement, il faut commencer par démonter le bloc support de canon.

Le dos de poignée est en plastique. Il est amovible et échangeable. Il est maintenu en place par une goupille. Selon la morphologie du tireur, il est possible de  faire évoluer le volume de la poignée. Depuis plusieurs années cette fonctionnalité est très courante.

Le puit de chargeur possède deux sur-épaisseurs de chaque coté, droit et gauche, pour diminuer les frottements et limiter les effets de corps étrangers.

Le puit de chargeur.

Le mécanisme de détente

Le bloc de détente est une pièce massive en acier. L’éjecteur est inclus au bloc. C’est une pièce de micro-fusion. Il serait impossible de fabriquer cette pièce par fraisage.  Ce dernier contient :

  • La gâchette et son ressort ;
  • Le levier de gâchette et son ressort ;
  • Le ressort de rappel de queue de détente.

Il est maintenu sur la carcasse par une goupille.

La gâchette est une pièce de micro-fusion. C’est sur cette pièce que vient s’arrêter le percuteur au retour de la culasse.

Le levier de gâchette est une pièce de micro-fusion. Cette pièce empêche la gâchette de s’abaisser. Lorsque le tireur presse la queue de détente, c’est sur cette pièce que la barrette séparateur agit  pour libérer la gâchette.

Le ressort de queue de détente est relié d’un côté au bloc de détente, de l’autre à l’arrière de la barrette séparatrice.

Le canon

Le canon est en acier. Il mesure : 113,6 mm de longueur total. Il a une forme classique pour un canon de pistolet automatique en 9 mm. Il s’agit d’un système Colt sans biellette mais avec utilisation de pans inclinés. La surface de verrouillage semble avoir moins de surface que sur un Glock (notamment en hauteur).

Il entre dans un bloc capable de : 113,6 mm x 15,54 mm x 22,4 mm.

La longueur du bloc rectangulaire est :

Dimension de l’arrière du canon et de la fenêtre d’éjection.

La partie cylindrique a un diamètre extérieur de : 14 mm.

Les normes CIP donne pour ce calibre les dimensions d’âme minimum suivantes :

  • Sommet des rayures : 8,82 mm ;
  • Creux des rayures : 9,02 mm ;
  • Pas des rayures : Selon le constructeur : 1 tour sur 16 pouces  (soit 406 mm), selon les normes CIP : 250 mm ;
  • Nombre de rayures : Il y a 6 rayures sur la gauche.

La rampe d’alimentation est très propre, elle semble chromée. L’âme du canon aussi.

Le verrouillage du canon

La ou les biellettes du verrouillage type Colt ont été remplacées par des pans inclinés. Le principe reste le même. Selon la position du canon par rapport à une surface de référence, il se trouve en position haute (verrouillé) ou basse (déverrouillé). On peut voir sur les photos ci-dessous, la position du canon par rapport à la surface de référence qui est le bloc support de canon.

La culasse

La culasse est une pièce massive en acier très bien usinée. Elle entre dans un bloc capable de 191 mm x 28 mm x 33,8 mm. Son poids nu (avec la hausse et le guidon) : 352 grammes.

Les marquages :

  • Sur le coté droit : TP9SF , CENTURY ARMS INC GEORGIA, VT
  • Sur le coté gauche : CANIK , 9×19

Une peinture couleur sable recouvre cette pièce. Celle-ci ne semble pas très résistante.

La culasse est guidée par les 4 petits inserts de la carcasse (deux de chaque cotés). Le logement des inserts sur la carcasse est de dimensions : la hauteur du logement des inserts sur la culasse est de 1,7 mm de haut et 25,2 mm de large (de bord à bord).

De manière générale, le démontage de la culasse est un régal et permet un démontage rapide avec très peu d’outils. Je n’ai pas tenté de désolidariser les organes de visée.

La course de la culasse (de sa butée avant à sa butée arrière) : 37,5 mm.

La culasse nue

L’indicateur de chargement est une petite pièce qui trouve sa place sur le dessus de la culasse. L’axe de l’indicateur a un diamètre de 2 mm de diamètre. Il s’agit d’une goupille “élastique” (feuille d’acier roulée). En se relevant sous la présence d’une cartouche, elle laisse apparaitre un petit point rouge de chaque coté.

Les éléments de visée sont amovibles, ils sont montés par queue d’aronde. Le guidon mesure 3,8 mm de large.

La tige-guide et son ressort ne font qu’une seule pièce. La tige guide est en acier de bon diamètre, elle a un certain poids.

Le logement de l’extracteur est complexe, j’espère que les photos rendront cette complexité.

L’extracteur est une pièce en acier de micro-fusion. Il a une largeur de 4,92 mm. Une des choses intéressantes sur cette arme est l’axe d’extracteur. En effet, pas besoin de chasser un axe pour démonter l’extracteur et nettoyer son logement. L’axe est en fait un poussoir actionné par un ressort. Pour démonter l’extracteur, il faut enfoncer ce poussoir/axe dans la culasse. L’extracteur peut s’extraire lorsque l’on a enfoncé suffisamment le poussoir.

L’arme est dotée d’une sécurité de percuteur. C’est une pièce de micro-fusion en acier. Elle agit sur l’extrémité avant du percuteur d’où la forme de ce dernier.

Le système de percussion ressemble beaucoup à celui du PA Golck.

Le tube support du percuteur est une pièce en acier. il mesure : 33,6 mm. Son logement a un diamètre de 9 mm. Je pense qu’il s’agit d’une pièce de micro-fusion (ce n’est pas flagrant) car une très légère peau d’orange existe à l’intérieur. Sur le Glock, ce tube est en plastique.

Le percuteur est une pièce de micro-fusion en acier, il a une longueur de 65,4 mm.

Le ressort de percussion a un diamètre de 6,8 mm, une longueur sans charge de : 71,5 mm. Pour un diamètre de fil de 0,7 mm.

Le ressort de rebondissement du percuteur a un diamètre de : 6 mm, une longueur sans charge de : 11 mm, un diamètre de fil de : 0,4 mm. Le Glock n’a pas de ressort de rebondissement. Sur la photo ci-dessous, le ressort est autour du percuteur.

Deux petits demi-cylindre en plastique d’une longueur de 13,6 mm. Maintiennent le tout en place sur le tube support de percuteur. Diamètre ext de 5 mm et int de : 3,7 mm.

La plaque arrière est en plastique avec un insert en acier. Cette pièce se démonte très bien ce qui n’est pas le cas du pistolet Glock.

Le chargeur

Caractéristiques :

  • Dimensions du chargeur :  122,2 mm x 41,5 mm x  28,4 mm ;
  • Dimensions de la section du chargeur : 32 mm x 20,5 mm ;
  • Hauteur du chargeur : 122,2 mm ;
  • La contenance du chargeur : 18 cartouches ;
  • Nombre de pièces : 5 ;

L’arrière du chargeur.

Le chargeur est fabriqué par MEC GAR. Il est très bien fini. Le corps est en acier. La planchette élévatrice est en plastique, le verrou de fond de chargeur et le fond de chargeur sont en plastique. Il se démonte très bien.

Le chargeur démonté.

Conclusion

Sous des apparences modernes et robustes, on découvre un mécanisme de percussion  non pas de Glock mais un dérivé de MAB, Browning 1910 … Il semble difficile de trouver des mécanismes innovants.

Comme on l’a vu ci-dessus de nombreuses pièces sont réalisées par le procédé de la micro-fusion. Il sera intéressant de voir dans le temps comment vieillissent les nombreuses pièces de faible volume produites par ce procédé, notamment le support de canon.

Si le démontage est aisé pour la culasse et ses sous-ensembles, je suis déçu par le démontage du levier de démontage. Cela peut poser des problèmes si l’on souhaite remplacer certains accessoires.

J’espère avoir à travers cet articles vous avoir fourni des éléments peu courants qui complèteront les vidéos trouvées sur Youtube.

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Publié dans Armes de poing | 6 commentaires